La catastrophe
Ce 14 octobre 2000, en une minute, les 130 habitants de ce village frontière situé sur le versant italien du Simplon voient leurs proches disparaître sous les décombres de leurs maisons détruites.
Le Téléjournal montre les premières images de cette catastrophe qui marquera les Suisses et suscitera un immense élan de générosité.
Le cataclysme est tel que l'on se demande alors si le village parviendra à se remettre de cette tragédie.
Une histoire mouvementée
Les éboulements sont monnaie courante sur la route du Simplon conduisant en Italie, le village de Gondo est régulièrement coupé du reste du Valais par des chutes de pierre ou des avalanches. En 1993, l'artère reste ainsi fermée plusieurs semaines, un air d'abandon règne alors dans les localités de Simplon-village, Gabi et Gondo.
Lieu de passage sur un axe international, c'est sa situation à la frontière italienne qui fait vivre Gondo et l'a parfois même enrichi. Le trafic routier, la vente quotidienne d'essence, les achats des automobilistes qui s'y arrêtent pour une pause et surtout la présence du corps des gardes-frontières qui contrôlent la douane sont d'une importance capitale pour les finances de cette localité de la commune de Zwischbergen.
Le village a été florissant jusqu'en 1973 grâce successivement au commerce, aux mines d'or découvertes dans ses pans de montagnes puis à la contrebande avec son voisin italien à travers la vallée du Zwischbergen. Quand une activité s'étiole, une nouvelle opportunité redonne un élan au village. Tel le phénix, Gondo semble ainsi renaître après chaque crise.
Revenant sur les fortunes diverses du village au fil du temps, une émission diffusée dans Temps présent en 2001 retrace l'histoire mouvementée de la petite bourgade.
Un attachement sans faille
L'ampleur du glissement de terrain d'octobre 2000 et les risques qui pèsent sur la localité font craindre aux villageois de ne pas être autorisés à se réinstaller sur place.
Ça me décroche le coeur. Tous les morts, tous ces parents, ces amis qu'on a perdus... Moi, je veux retourner à Gondo.
Quelques jours après l'éboulement, les habitants de Gondo peuvent se rendre brièvement dans leur village pour récupérer quelques affaires. Ils prennent la mesure des dégâts. Certains d'entre eux ont tout perdu. Mais le drame n'a pas brisé leur attachement à ce lieu soumis aux aléas de la nature: vivre à Gondo, c'est - davantage qu'ailleurs - vivre dans l'incertitude.
Le 20 octobre 2000, la décision tombe: le géologue cantonal valaisan annonce que le danger est écarté et que la localité pourra être réintégrée par ses habitants. Pour sa part, la Chaîne du Bonheur a recueilli des dons importants pour venir en aide aux victimes des intempéries.
Gondo renaît
2002, Gondo est encore défiguré par la cicatrice du drame. Pour imaginer vivre sereinement dans le village, d'importants travaux de sécurisation ont été entrepris. Une digue et un écoulement doivent préserver la population à la fois de la montagne et de l'eau. Les experts détaille le dispositif.
Malgré la reconstruction, le village a perdu en 2011 la moitié de sa population depuis la catastrophe naturelle. Désormais, la bourgade haut-valaisanne vit du tourisme et compte sur la main-d'oeuvre pendulaire venant de Brigue ou Glis pour occuper les emplois vacants dans la commune. Le maître mot à Gondo: la solidarité.
Mais une fois encore Gondo trouvera des ressources surprenantes pour surmonter les difficultés. La localité se lance dans la fabrication de cryptomonnaie grâce à son électricité la moins chère de Suisse. En 2018, le magazine économique Toutes taxes comprises pénètre dans ces mines 2.0 de blockchain.
Marielle Rezzonico pour les archives de la RTS