Les premières dispositions régissant l’avortement sont contenues dans le Code pénal suisse et datent de 1942. Après une trentaine d’années sans grosses discussions, le débat sur la libéralisation de l’avortement s’ouvre dès les années 1970 sous l’impulsion des mouvements féministes.
1970
23 avril 1970 Article de Anne-Marie Rey dans le Bund demandant la libéralisation de l’avortement.
Scandale des avortements illégaux dans le canton de Neuchâtel (Affaire de la clinique des Bluets).
1971
19 juin 1971 Lancement de l’initiative populaire pour une décriminalisation de l’avortement qui aboutit et est déposée le 1 décembre.
1972
13 septembre 1972 Dépôt par les milieux chrétiens conservateurs d’une pétition « Oui à la vie, non à l’avortement » signée par 180 000 personnes.
1973
3 février 1973 Fondation de l’Union suisse pour décriminaliser l’avortement (USPDA) avec les membres du comité d’initiative de 1971.
7 juin 1973 La Commission d’expert.e.s, présidée par Hans Schultz en charge de la révision du Code pénal, transmet ses résultats au Conseil fédéral. Aucun compromis n’a été trouvé, mais trois solutions sont ressorties des discussions : solution sans indication sociale, solution avec indication sociale, solution du délai. Le Conseil fédéral montre sa préférence pour la plus restrictive. Une procédure de consultation est lancée auprès des cantons, partis et organismes concernés en juillet.
1974
Juin-juillet 1974 Procès de l’affaire de la clinique des Bluets. Trois gynécologues sont condamnés à un an de prison avec sursis et à une amende de plusieurs milliers de francs. Le verdict pour le directeur et la secrétaire de la clinique est de trois mois de prison avec sursis.
30 septembre 1974 Le Conseil fédéral rejette l’initiative populaire pour la décriminalisation de l’avortement et propose le projet de la « loi fédérale sur la protection de la grossesse et sur le caractère non punissable de son interruption », réglementation qui prévoit des indications sociales strictes et l’institution de centres de consultation pour les femmes enceintes.
Octobre 1974Le MLF-Genève manifeste à la Maternité de Genève, car une femme, s’est fait refuser un avortement sous anesthésie locale alors qu’elle était munie d’un avis conforme. Au bout d’une journée d’attente, la direction de la Maternité revient sur sa décision.
1975
Janvier 1975 Congrès des femmes à Berne à l’occasion de l’Année internationale de la femme » décrétée par l’ONU. Les MLF de Suisse organisent un Anti-Congrès qui traite des sujets écartés de la manifestation, dont l’avortement et l’homosexualité.
6 Mars 1975 Le Conseil national rejette l’initiative populaire pour la décriminalisation de l’avortement (141 voix contre 2) ainsi que la proposition en faveur de la solution du délai (90 voix contre 12 et 12 abstentions).
Juin 1975 L’Union suisse pour décriminaliser l’avortement (USPDA) décide le lancement d’une initiative pour la solution du délai.
Septembre-Octobre 1975 Le MLF de Zürich perturbe le congrès de « Oui à la vie », et, quelques semaines plus tard, manifeste lors d’une séance du Conseil national qui se rallie à la solution restrictive du Conseil fédéral. Les militantes expriment leurs revendications et jettent des couches usagées sur les parlementaires. Le lendemain, le MLF-Genève occupe les locaux du PDC.
1976
22 janvier 1976 Aboutissement de l’initiative « pour la solution du délai » déposée par l’USPDA avec 68 000 signatures.
Décembre 1976 Des militantes féministes manifestent à nouveau à la Maternité de Genève. Le directeur refuse de pratiquer des avortements au-delà de 12 semaines même si les femmes ont obtenu une autorisation des expert.e.s du canton.
1977
25 septembre 1977 Rejet par le peuple et les cantons de l’initiative pour la solution du délai (par 51,7 % des voix contre 48,3 %).
1978
28 mai 1978 Rejet par referendum de la loi fédérale sur la protection de la grossesse et le caractère non punissable de son interruption. La loi est rejetée par 69 % des voix.
1980
30 juillet 1980Dépôt de l’initiative « Pour le droit à la vie » avec 227 000 signatures.
1985
9 juin 1985 Rejet par votation populaire de l’initiative pour le droit à la vie (69 % de non, seuls 7 cantons l’approuvent).
1988
Dernière condamnation d’une femme pour avortement.
1991
14 juin 1991 Grève des femmes.
1993
29 avril 1993 Dépôt d’une initiative parlementaire de la conseillère nationale socialiste Barbara Haering Binder. L’initiative demande que l’interruption de grossesse ne soit pas punissable pendant les premiers mois de la grossesse (régime du délai).
1995
3 février 1995 Le Conseil national décide d’entrer en matière sur l’initiative Haering Binder.
1997
Au printemps, le Conseil fédéral met en consultation le projet de la Commission du Conseil national sur le régime du délai.
23 août 1977 Pour la première fois, le Parti Démocrate-Chrétien (PDC) se prononce en faveur du régime du délai mais demande un entretien obligatoire en plus de la consultation médicale.
1998
2 juin 1998 Lancement de l’initiative populaire « Pour la mère et l’enfant » par les opposants à toute libéralisation de l’avortement.
5 octobre 1998 le Conseil national approuve le régime du délai par 98 voix contre 73 et 9 abstentions (délai de 14 semaines). La proposition du PDC d’instaurer un entretien de conseil obligatoire est rejetée.
1999
Octobre 1999 Autorisation de la vente en Suisse de la pilule abortive RU486.
Novembre 1999 Dépôt de l’initiative « Pour la mère et l’enfant ».
2000
21 septembre 2000 Le Conseil des États approuve le régime du délai par 21 voix contre 18 avec plusieurs modifications par rapport à la décision du Conseil national : le délai est notamment ramené à 12 semaines et la femme doit invoquer une situation de détresse.
Octobre 2000 Procès de l’affaire des colleurs d’affiches anti-avortement en Valais.
7 décembre 2000 Vote au Conseil national qui approuve le projet de régime du délai par 116 voix contre 40 et refuse le modèle du PDC qui propose un entretien forcé
2001
23 mars 2001 Approbation définitive du régime du délai par les 2 Chambres (107 voix contre 69 au Conseil national, 22 voix contre 20 au Conseil des États).
12 juillet 2001 Dépôt du referendum contre le régime du délai par des groupements fondamentalistes anti-avortement soutenus par le PDC.
2002
2 juin 2002 La solution du délai est finalement acceptée par référendum avec 72 % des voix. La loi entre en vigueur en octobre de la même année. 82% des votant.e.s rejette l’initiative « Pour la mère et l’enfant ».
2011-2020
4 juillet 2011 Dépôt de l’initiative « Financer l’avortement est une affaire privée — Alléger l’assurance-maladie en radiant les coûts de l’interruption de grossesse de l’assurance de base »
9 février 2014 L’initiative est rejetée par une large majorité des votant.e.s (69,8 %) et des cantons (seul Appenzell RI l’accepte).
14 juin 2019 Grève des femmes, l’avortement libre et gratuit est inscrit dans le manifeste féministe.
24 septembre 2020 Le conseiller national Mathias Reynard (PS) dépose une motion encourageant à ôter la « situation de détresse » que doit invoquer une femme enceinte pour avorter légalement durant les douze premières semaines de la grossesse.