Le 13 février 1951, Fribourg est en deuil. Les obsèques du compositeur Joseph Bovet, enfant du pays, ont lieu en la cathédrale Saint-Nicolas. Le Ciné-Journal suisse est présent pour assister à la cérémonie que préside Monseigneur Charrière, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. A l'extérieur, une foule nombreuse est rassemblée pour un dernier hommage au barde fribourgeois et entonne en son honneur "Le vieux chalet".
L'abbé chantant
Né dans le village gruérien de Sâles en 1879, Joseph Bovet est ordonné prêtre en 1905. Il enseigne le chant à l’école normale d’instituteurs, puis au grand séminaire. En 1923, il devient maître de chapelle à la cathédrale de Fribourg et est nommé chanoine sept ans plus tard. Directeur de différentes chorales, dont les Petits Pinsons de Saint-Nicolas, il est avant tout connu comme compositeur. S’il a écrit des pièces religieuses, la majorité de sa production est profane : chansons évoquant la vie campagnarde et montagnarde, ou encore « Festspiel » ou « festivals », grandes compositions réalisées à l'occasion d'un événement spécial ou d'une commémoration.
Le Cantorama de Bellegarde, en Gruyère, est un lieu dédié à la musique, et notamment la musique populaire. En 1998, l'émission De si de là, se rend dans cette ancienne église, où une exposition est consacrée à Joseph Bovet. L'occasion de revenir sur la vie du chanoine, notamment à travers les rares images filmées conservées de lui, que l'on doit au Ciné-Journal suisse.
Le vieux chalet
Dans un document sonore de Radio Lausanne, Joseph Bovet évoque sa chanson la plus populaire : "Le vieux chalet". Le compositeur n'avait pas imaginé que cette pièce allait faire le tour du monde et même être traduite en japonais. La simplicité apparente du chant pourrait-elle être à l'origine de ce succès ?
Le maximum d'art consiste à paraître n'en pas avoir
Liens à d'autres chants de Joseph Bovet :
Chant religieux en patois dédié à Notre-Dames des Marches "Nouthra Dona di Maortsè
Le ranz des vaches, harmonisé par Joseph Bovet et interprété par Bernard Romanens
La Gruyère célèbre son barde
Le village de Sâles, qui a vu naître Joseph Bovet, célèbre en 1971 le 20e anniversaire de la mort du compositeur. Une équipe de la TSR assiste à l’événement. Elle se rend à l’école pour une petite enquête : que pensent les enfants de la musique de l’abbé Bovet ? Si leur cœur balance plutôt du côté des Poppies, les adultes, eux, sont restés attachés à la musique populaire du Fribourgeois. En fin de cet extrait, le neveu de Joseph Bovet, Bernard Bovet, armailli fromager, évoque quelques souvenirs émouvants.
Héritage
On a parfois dit que l’abbé Bovet a perpétué des traditions populaires. A travers ses chansons célébrant la vie simple des paysans, mais également le recours au patois, langue longtemps combattue par les instances officielles, il en fut le stimulateur, mais créa également tout un imaginaire folklorique. Si son talent de mélodiste est largement reconnu, on lui a reproché un certain simplisme dans les harmonies et des textes à la sentimentalité parfois naïve. En 1971, Pierre Kaelin, successeur de Joseph Bovet comme maître de chapelle de la cathédrale Saint-Nicolas, lui rend un hommage raisonné.
Comme dans toute production de compositeur, il y a du moins bon et du meilleur
Ce qui est certain, c’est que l'abbé Bovet stimula de façon déterminante l'essor du chant choral dans le canton de Fribourg. Il fut un exemple et une source d'inspiration pour des compositeurs et des chefs de choeur. Son oeuvre constitua et constitue toujours un répertoire apprécié des chanteurs et du public.
Sophie Meyer pour Les archives de la RTS