Nul n'a le droit d'exterminer ce qu'il n'a pas créé
Cette règle élémentaire semble bien avoir été oubliée par l'homme : c'est le propos de l'émission réalisée par Roger Bimpage et commentée par le journaliste Christian Defaye. Au fil des épisodes, elle énumère toutes les menaces qui pèsent sur l'homme et son environnement.
Le paradis perdu
L'être humain endommage irrémédiablement la Terre dont il se sent propriétaire. Aussi ces images idylliques de la nature, des paysages et de nos traditions, de celles qui ont renforcé l'identité nationale suisse et qui introduisent le premier épisode de la série, sont les reflets d'un univers bientôt perdu, menacé par l'industrialisation galopante, la motorisation grandissante, l'urbanisation dévorante. La fable débute ainsi: il était une fois le paradis...
Les dégradations de l'environnement
Mais bien vite l'enchaînement des atteintes à la nature se fait inéluctable. Urbanisation, démographie et nécessité de productivité se conjuguent pour représenter une menace contre l'environnement. Exemple avec l'agriculture qui doit devenir plus performante et qui a recours de manière intensive aux pesticides, ce qui fait peser - pour le moins - une hypothèque sur l'avenir.
La carte postale helvétique est également menacée par le tourisme de masse. Les montagnes immaculées, les vertes prairies et les charmes folkloriques qui attirent les touristes dans notre pays sont galvaudés par ceux-là même qui viennent en nombre les admirer.
Conditionnés et sans égards
L'humain lui même devient la victime de cette évolution. Un raz-de-marée de constructions liées à la révolution industrielle grignote la campagne. Ce nouveau contexte induit des mécanismes de pensées et des réflexes conditionnés qui régissent désormais la vie en commun dans la cité anonyme.
La rhétorique se fait parfois violente dans cet extrait, le commentaire décrit une véritable déshumanisation en même temps qu'un comportement moutonnier. On notera les choix musicaux d'Eric Miche qui étayent le propos.
Les espaces de nature constituent une échappatoire dans cette vie citadine. Mais les images saisies sur les alpages et autres lieux de pique-nique du dimanche sont sans appel: le manque d'égards des promeneurs face à la nature est flagrant.
Chacun est alors invité à un examen de conscience:
Que deviendrait la forêt si chacun s'y comportait comme je l'ai fait?
Malgré le fait que la nature semble à l'agonie et l'être humain menacé par son propre comportement, il n'en demeure pas moins que rien n'est plus beau que la terre et le dernier épisode de cette série choisit une note d'optimisme.
Le parc national créé dans les Grisons a su offrir un espace préservé à la faune et la flore. Un territoire redevenu celui de la nature où l'homme doit trouver sa vraie place, se contenter d'un rôle d'observateur discret et se comporter en invité respectueux.
On reprochera peut-être à cette série didactique des raccourcis trop rapides, une dramatisation parfois un peu extrême, quelques clichés et un ton moralisateur. Reste que l'émission Rien n'est plus beau que la terre a le mérite d'alerter en 1971 sur les enjeux de la protection de la nature pour la survie même de l'homme. Elle a remporté L'Epi de bronze dans la catégorie environnement lors du Festival du film agricole, alimentaire et de l'environnement de Berlin en 1972.
Vous trouverez en lien les intégrales des épisodes de cette série.
Marielle Rezzonico pour les archives de la RTS