Dans les années 90, les couples gays et lesbiens ne sont toujours pas des couples comme les autres. Ils réclament la fin des discriminations à leur encontre et rêvent désormais d'un certain droit l'indifférence: s'engage alors un vrai débat de société.
Premier mariage
En 1995, le pasteur protestant Klaus Baümlin célèbre dans sa paroisse bernoise le mariage d'un couple homosexuel: il s'agit d'une première en Suisse. Cette union de deux hommes, symbolique et sans valeur légale, suscite pourtant une majorité de réactions positives. L'objectif de ce coup d'éclat? Faire avancer la cause des couples gays ou lesbiens dans notre pays.
Un partenariat enregistré
Les questions qui se posent aux personnes de même sexe vivant maritalement sont d'ordre civil, fiscal, successoral. En France déjà, l'idée d'un Pacte civil de solidarité agite l'Assemblée nationale. A Berne, le conseiller national libéral genevois Jean-Michel Gros lance en 1998 une initiative en faveur d'un partenariat enregistré, pour les couples homosexuels prioritairement: il s'en explique dans le Télé Journal.
Le débat s'annonce vif sur ce sujet sensible: la question de l'adoption pour les couples homosexuels que l'on pressent en filigrane constitue une pierre d'achoppement dans les dicussions. Pourtant les projets déposés ne contiennent pas cette revendication du droit à l'adoption. Les partisans du PACS, à l'image d'Yves De Matteis de l'association homosexuelle Pink Cross, tentent de rassurer:
L’adoption et le partenariat sont deux choses radicalement différentes. Le droit de vivre avec la personne de son choix est un droit de l’homme. Par contre l’adoption ce n’est pas un droit de la personne.
La controverse va durer. En 2001, alors que l'on attend toujours une loi fédérale octroyant un statut juridique aux partenaires de même sexe, Genève fait oeuvre de pionnier et célèbre son premier Partenariat cantonal PACS.
Une menace contre les institutions
La Loi fédérale sur le partenariat enregistré entre personnes du même sexe est finalement adoptée par l'Assemblée fédérale le 18 juin 2004. Au grand dam de l'Union démocratique fédérale (UDF). Ce parti conservateur considère ce "PACS" fédéral comme une menace pour la famille et l'institution du mariage et lance un référendum. Le Comité référendaire présente ses arguments.
Infrarouge convie opposants et partisans à débattre du partenariat civil pour couples homosexuels. L'homoparentalité est au coeur du débat car "aujourd'hui le mariage, demain l'adoption" constitue la crainte et l'un des arguments martelés par les opposants.
Le mariage pour tous
Le PACS l'emporte nettement dans les urnes avec 58% de oui le 5 juin 2005. Il n'en reste pas moins que le partenariat consacre des inégalités et demeure en quelque sorte une loi d'exception destinée à une population particulière. Et contrairement au mariage, il interdit la procréation médicalement assistée aux couples homosexuels. Aussi, lorsque nos voisins français célébrent la première union de deux hommes par mariage en 2013, la militante lesbienne genevoise Catherine Gaillard s'exprime ainsi sur le plateau de Mise au Point.
Ce qui fait rêver, c'est l'égalité des droits.
Un mariage civil ouvert aux couples de même sexe qui permet le recours à l'adoption conjointe et aux dons de sperme pour les lesbiennes, qui offre la naturalisation facilitée pour le conjoint, c'est l'objet qui est soumis au peuple suisse le 26 septembre 2021.
Marielle Rezzonico pour les archives de la RTS