En avril 1968, La Suisse est belle s'invite à Carouge. L'émission nous emmène visiter d'anciens quartiers, de nouveaux faubourgs ainsi que les abords de la ville. Des berges de l'Arve à la zone industrielle de la Praille, présentation d'un lieu plein de cachet.
La cité sarde
Poste avancé du royaume de Sardaigne sous l'Ancien Régime, la ville, ennemie politique de Genève, s'est développée à la fin du 18e siècle. Rues perpendiculaires, maisons au rez-de-chaussée en arcades dépassant rarement deux étages, riche arborisation des espaces urbains : tant par son plan que par son style, Carouge est un lieu à part dont la singularité a été forgée par l'histoire. L'historien de l'architecture et de l'urbanisme André Corboz lui consacre une étude passionnante intitulée L'invention de Carouge et en parle dans l'émission Dimensions.
L'architecture de Carouge a constitué une solution d'urbanisme assez exceptionnelle dans le 18e siècle.
La Maison de Piémont aura envoyé successivement pas moins de six architectes pour développer le chef-lieu de sa province. Le plan définitif de la cité sarde sera celui dessiné par le comte et bâtisseur Filippo Nicoli di Robilant mandé à Carouge par le roi Victor-Amédée III. Tenant compte du bâti existant et des esquisses établies par ses prédécesseurs, il propose des perspectives d'urbanisme presque révolutionnaires. Gianni Vianna achèvera de déployer ce projet après la mort de Robilant qui avait une fois, encore avant son trépas, modifié ses plans.
Quelques siècles plus tard, les Carougeois ne sont toujours pas comme les autres... On habite Genève et l'on vient se dépayser à Carouge car la bourgade a conservé de ses origines italiennes ce charme méridional et cette atmosphère paisible de grand village. Une forte population italienne et catholique vit d'ailleurs ici et dans les quartiers tout proches. La rue Saint-Joseph dans les années 60 et 70, c'est l'Italie!
Une ville menacée?
Mais l'originalité urbanistique et architecturale de Carouge est-elle mise en danger par l'évolution, la rénovation des édifices et la construction de nouveaux ensembles? Oui et non. Au centre de la ville, les interventions des architectes sur les bâtiments perpétrées dans les années 70 ne respectent pas les plans d'origine par bien des détails qui enlaidissent la cité. Mais un quartier nouveau comme celui des tours de Carouge construit entre 1958 et 1973, selon une architecture audacieuse inspirée de Le Corbusier, s'intégre parfaitement dans le plan original et l'axe de la place de Sardaigne.
De la vie partout
Antidote au rigorisme de Calvin, cité ouverte et tolérante dès sa fondation, le Vieux-Carouge dans les années 70 demeure une ville baroque à l'ambiance joyeuse et solidaire qui a su conserver jalousement son art de vivre au quotidien. Les cafés et les nombreuses sociétés locales assurent l'intégration sociale.
Alors que la ville se transforme peu à peu, quelques petites épiceries ou ateliers subsistent, vestiges du passé. Madame Bocion, peintre à ses heures, tient un petit magasin et est l'une des témoins privilégiés de cette métamorphose de l'agglomération.
L'esprit de Carouge
N'est pas Carougeois qui veut, l'habitant du lieu aime à se différencier par sa grogne et sa trogne...
Avant tout râleur, le citoyen du bord de l'Arve a pour trait marqué son attachement à la vie sociale et notamment au théâtre. Sa troupe a fait la réputation du Théâtre de Carouge à travers l'Europe entière et elle a su fidéliser son public avec des propositions culturelles de qualité et populaires. Ainsi une véritable rencontre s'est produite entre les Carougeois et "leurs" comédiens. A l'occasion de l'inauguration du nouveau théâtre de la ville en 1972, évocation de ce lien particulier.
La ville des années 2000
Cette petite cité esquissée à travers les archives des années 70 a-t-elle changé de visage et pris des rides avec le temps? Pour Passe-moi les jumelles, la journaliste Raphaëlle Aellig revisite Carouge et confronte la ville d'aujourd'hui à la cité d'hier.
Marielle Rezzonico pour les archives de la RTS