Né le 7 juillet 1936, Joseph Siffert, dit Jo, est issu d'une famille modeste. Gamin des faubourgs, il grandit dans la Basse-Ville de Fribourg et n’aime pas trop l’école. Un jour, son père l'emmène au Grand Prix automobile de Berne. C'est la révélation : Jo veut devenir pilote. Il entame alors un apprentissage de carrossier dans un garage de la ville. Après quelques essais sur deux roues et un passage par le side-car, il obtient en 1960 sa licence de pilote de monoplace. Sa carrière est lancée.
Jo Siffert, une vie à 200 à l'heure
Grand Format Archives
Introduction
Le 24 octobre 1971, il y a 50 ans, Jo Siffert disparaissait dans un tragique accident de Formule 1 sur le circuit de Brands Hatch en Grande-Bretagne. Pour beaucoup, le pilote automobile fribourgeois demeure un modèle. Parti de rien, n’ayant pour lui que son talent et sa persévérance, il aura su s’imposer dans le milieu élitiste du sport automobile. A la fois modeste et charismatique, Jo Siffert a marqué l'histoire du sport suisse.
Chapitre 1 Jo Siffert
Chapitre 2 Les débuts
En 1961, alors qu'il est champion d'Europe en Formule junior, Jo Siffert est engagé dans la Scuderia Filipinetti, fondée par le Genevois Georges Filipinetti. Objectif de cette écurie : développer le sport automobile en Suisse. A l’occasion de la première année de compétition, Georges Filipinetti présente les coureurs qui vont piloter ses bolides.
La lune de miel entre ces deux hommes au caractère bien trempé va être de courte durée. En 1963, Jo Siffert et Georges Filipinetti se séparent. Le pilote suisse se retrouve sans écurie. Il décide alors de monter sa propre équipe: la Siffert Racing Team. Les fonds sont limités et le pilote fribourgeois doit travailler pour gagner l'argent nécessaire aux courses. Il évoque son nouveau pari et ses difficultés au micro de la TSR en 1963.
Chapitre 3 Le succès
En 1963, c'est la première victoire en Formule 1 sur le circuit de Syracuse. Au volant de sa Lotus, le pilote suisse est au coude à coude durant toute la course avec le champion du monde Jim Clark mais il finit par l'emporter, dépassant ce dernier d'à peine trois mètres sur la ligne d'arrivée.
En 1964, il gagne le Grand Prix de la Méditerranée devant le même Jim Clark et raconte son exploit au volant de sa voiture de ville, devant les locaux de la télévision à Genève.
Une année plus tard, Jo Siffert remporte encore deux victoire sur Jim Clark, à nouveau au Grand Prix de la Méditerranée et lors de la course de côte St-Ursanne-Les Rangiers. 1965 marque aussi un grand changement pour Siffert qui passe de pilote privé à pilote d'usine au sein du Rob Walker Racing Team.
L'Ecossais Jim Clark, le Suisse Joachim Bonnier et Jo Siffert. Les trois pilotes sont réunis pour une interview exceptionnelle.
Jo Siffert s'entraîne à Lignières dans le canton de Neuchâtel, le seul et unique circuit de course automobile permanent en Suisse.
Chapitre 4 Des Grands Prix à toute vitesse
Grand Prix de Monaco 1966. Jo Siffert est sur la ligne de départ. Le pilote suisse abandonne au 37e tour en raison d'un problème d'embrayage. Quelques jours plus tôt, il était descendu en voiture à Monaco en compagnie du journaliste sportif Boris Acquadro.
L'année suivante, Jo Siffert est de retour dans la Principauté de Monaco pour le Grand Prix. C'est à nouveau au volant de sa voiture privée et en compagnie de Boris Acquadro que le pilote suisse explique les subtilités de cette course qui se déroule en pleine ville.
Toujours en 1967, Siffert participe aux 24 Heures du Mans qu'il courra avec une Porsche d'usine. Il finira cinquième du classement général. Quelques heures plut tôt, il évoque ses objectifs pour cette course mythique.
Chapitre 5 Les risques du métier
Pas de glissières, pas de dégagement, des arbres, les accidents sont légion en course automobile dans les années 60. La sécurité était un terme inconnu. Les accidents causaient des blessures graves ou des morts.
En 1965 Jo Siffert est victime d'un accident sur un circuit en Grande-Bretagne, il est interrogé par l'équipe de Carrefour sur son lit d'hôpital. Il a un pied cassé et la colonne vertébrale fissurée.
Mais une vie à 200 à l'heure présente d'autres risques. Une jambe dans le plâtre à cause d'un bête accident de karting, le pilote fait le bilan de sa saison 1969.
Touche-à-tout, Joseph Siffert conduit sur circuit mais également sur glace. En 1965, une équipe de Carrefour filme le grand champion dérapant sur un lac gelé.
Au volant de sa voiture, mais pas seulement. A Villars, le pilote suisse ainsi qu'une belle brochette de coureurs automobiles s'essaient à l'art du skibob.
Chapitre 6 L'instant tragique
La mort viendra prématurément mettre un terme au parcours de Jo Siffert. Le 24 octobre 1971, le pilote, qui a rejoint en début d'année British Racing Motors, participe à une course organisée sur le circuit de Brands Hatch, en Grande-Bretagne. Au seizième tour, sa BRM fait une sortie de route, heurte un remblai de protection, est projetée en l'air, s'écrase et prend feu.
Au lendemain du drame, le journaliste sportif Jacques Deschenaux, qui a suivi la carrière du pilote depuis ses débuts, revient sur les circonstances du terrible accident qui a coûté la vie au pilote âgé de 35 ans.
Si le journaliste rend compte avec professionnalisme du décès du pilote, l'homme ne peut masquer son émotion quand il évoque celui qui a été son ami. Un ami dont il a appris la mort à l'armée, lors d'un cours de répétition.
Pilote éclectique, Jo Siffert aura disputé plusieurs saisons de Formule 2 et gagné les plus prestigieuses épreuves. Avec 14 victoires en 41 courses, il a été le pilote le plus titré durant la période 1968-1971. Aux côtés de Clay Regazzoni et d'Emmanuel de Graffenried, il est l'un des trois pilotes suisses à avoir remporté une victoire en Formule 1. Au cours de sa carrière dans la discipline-reine, Jo Siffert a inscrit un total de 68 points, obtenu deux victoires ainsi que trois succès dans des épreuves hors-championnat, six podiums, deux pole positions et quatre meilleurs tours en course.
Cinq jours après l'accident tragique de Brands Hatch, près de 50'000 personnes sont présentes à Fribourg pour rendre un dernier hommage à ce champion hors-normes.
Là où il y a le risque, il y a la mort. Mais là où il n’y a pas de risque, il n’y a pas de vie
Chapitre 7 Hommages
Dix ans après sa mort de Joseph Siffert, le sculpteur fribourgeois Jean Tinguely évoque sa relation privilégiée avec le pilote. Les deux hommes partagent la même passion pour les machines et la vitesse.
En 1984, la Fontaine Jo Siffert est inaugurée, un hommage de Jean Tinguely à son ami. Ils sont nombreux à assister à l'événement. C'est l'artiste en personne qui dévoile son oeuvre, les pieds dans l'eau.
Depuis la mort de Joseph Siffert, de nombreux autres hommages lui ont été rendus : expositions de photographies, de voitures de courses, un film documentaire "Jo Siffert : Live Fast Die Young" ainsi qu'une bande dessinée. Tous soulignent l'incroyable parcours de ce grand champion: sur les circuits et dans la vie, Siffert a marqué les esprits.