Il y a 50 ans, en 1972, un premier cri d'alarme résonnait: la prise de conscience du futur faisait alors irruption dans la société des Trente Glorieuses en pleine croissance. La course au rendement et au profit faisait oublier qu'il n'y a qu'une Terre, qu'elle est petite et que ses ressources sont limitées. L'heure était donc à la préservation de la planète et à l'action urgente. Rapports, expertises et mises en garde scientifiques, conférences internationales et protocoles se sont alors succédés, sans vraiment entamer la passivité des nations et de la population.
On est mal partis...
Halte à la croissance
Cri d'alarme du Club de Rome
Le 6 avril 1968 marque la création d'un cercle réunissant des chercheurs, des scientifiques, des économistes et des industriels soucieux des crises qui s'annoncent et menacent la planète. Initié par l'entrepreneur italien Aurelio Peccei et le chimiste britannique Alexander King, le Club de Rome naît de la vision d'un monde interdépendant qui doit s'unir pour régler les problèmes à venir.
Le Club de Rome commande au Massachusetts Institute of Technology et publie en 1972 le "rapport Meadows" intitulé en français Les limites à la croissance. Ce best-seller, tiré à plus de 10 millions d'exemplaires et paru en une trentaine de langues, est un premier cri d'alarme. Comment faire face aux défis liés à l'épuisement des ressources de la terre?
Si nous ne changeons pas quelque chose de fondamental maintenant dans notre comportement, (...) nous allons tomber d'une crise à l'autre.
Une seule Terre
Le Sommet de la Terre à Stockholm
Première réunion mondiale consacrée à l'environnement tenue sous l'égide de l'ONU, la conférence de Stockholm qui se déroule du 5 au 16 juin 1972 a pour slogan "Une seule terre".
Des travaux préparatoires ont été réalisés par des scientifiques venus de 27 pays qui ont planché sur les défis posés par le tout nouveau problème de la pollution, revers de la croissance à tous crins.
Ainsi au début des années 70, l'environnement devient déjà un enjeu mondial majeur: la réunion de Stockholm figure dans les annales comme le premier Sommet de la Terre.
Un enjeu d'importance
La conférence de Stockholm débouche sur la création du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE).
Une urgence
Les "savants" quant à eux soulignent l'interconnexion des problèmes. Il s'agit désormais de "penser global et d'agir local" selon les mots de l'agronome et biologiste René Dubos.
> Par la suite Chaque décennie aura désormais son sommet. En 1982, la Conférence de Nairobi résonne comme un échec. Au Sommet de Rio 1992, les perspectives paraissent plus encourageantes avec l'établissement de nouvelles priorités et de l'Agenda 21. Johannesbourg en 2002 est placé sous le signe du développement durable. 2012 voit la Conférence intitulée Rio +20 se préoccuper d'économie verte. Restent que les résultats concrets de ces grandes réunions internationales paraissent peu significatifs.
Au chevet du climat
La Conférence de Genève de 1979
Nouvelle conférence internationale en février 1979 à Genève, la première dédiée spécifiquement au climat. L'effet de serre, le trou de la couche d'ozone et le risque de réchauffement climatique y sont déjà évoqués mais toute conclusion est alors encore prématurée. Pourtant l'échéance des problèmes soulevés est brève, il faut raisonner à quelques dizaines d'années.
A l'issue de la réunion, la Déclaration de la Conférence mondiale sur le climat lance un appel aux nations pour les inciter à prévoir et prévenir les changements climatiques et leurs incidences sur l'humanité.
+1,5° C en 2031
Rapports et mesures
Les années 80 et 90 se donnent des instruments de travail pour cerner les enjeux de la question climatique: l'Organisation météorologique mondiale (OMM) met en place le Programme mondial de recherche sur le climat en 1980. Le rapport Brundtland définit en 1987 la notion de développement durable. Et enfin, on crée le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) en 1988.
Le diagnostic du GIEC
Nous faisons face à un réchauffement de la planète dû aux gaz à effet de serre: c'est la conclusion du premier rapport du GIEC paru en 1990. Elle servira de base à la 2e Conférence sur le climat qui se tient à Genève la même année.
> Par la suite Les expertises successives du GIEC se font de plus en plus alarmantes. Jusqu'en 2021 où le 6e rapport constitue un brûlant avertissement: il pointe un dérèglement climatique généralisé causé par l'activité humaine dont l'ampleur est sans précédent et qui s'accélère. Tous les scénarios établissent le seuil de réchauffement mondial de +1,5 ° C entre 2021 et 2040 et les plus pessimistes tablent sur +5° C d'ici à 2100.
Le Protocole de Kyoto
Suite au Sommet de la Terre de Rio de 1992, les efforts de la communauté internationale se renforcent avec la mise sur pied de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP). Cette COP siège pour la première fois en 1995 et se réunira dès lors annuellement pour surveiller l'application des mesures édictées.
C'est lors de la COP3 en 1997 qu'est signé le Protocole de Kyoto. Contraignant, il impose une diminution des émissions de 5% des gaz à effet de serre par rapport à 1990 et constitue d'abord un sérieux espoir. Il n'entre en vigueur qu'en 2005 et sera un échec.
> Par la suite En raison des clivages intervenus entre ses membres, les COP se voient contraintes d'adopter la politique des petits pas. La COP21 en 2015 débouchera pourtant sur l'Accord de Paris. Ce traité international constitue pour certains la plus sérieuse avancée à ce jour en matière d'efforts internationaux dans la lutte contre le réchauffement climatique mais ses effets demeurent insuffisants.
Climat, chaud devant!
Les médias sonnent le tocsin
Les expertises scientifiques trouvent des relais dans les médias qui
eux aussi s'alarment du changement climatique. A la Télévision suisse romande par exemple, dès 1972, reportages, magazines et débats sur les atteintes au climat et leurs conséquences se multiplient. Leurs titres SOS Ozone, Climat : chauffera, chauffera pas,Chaud devant, ou encore Le beau temps menace...font assaut d'inventivité et reflètent l'évolution des connaissances scientifiques. Elles cherchent à alerter l'opinion publique et les décideurs.
On a mis une génération à faire en sorte que le monde soit convaincu que la question climatique est un réel problème (…) environnemental, économique et de société.
Ainsi donc depuis 50 ans, avertissements, mises en garde, alertes et cris d'alarme n'ont pas cessé. Pourtant l'objectif fixé par l'Accord de Paris de 2015 de limiter le réchauffement de la planète en deçà de +2 °C depuis l'ère pré-industrielle ne sera pas atteint.
Pourquoi la population et les politiques font-ils preuve d'une telle passivité?