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Vivre ensemble aux Grottes

Joueur d'accordéon [RTS]
Joueur d'accordéon - [RTS]
Coupé du centre-ville par la frontière ferroviaire de la gare Cornavin, le quartier genevois des Grottes a grandi dans une marginalité physique et sociale. Sa population était composée de retraités, de travailleurs étrangers, d'artisans ou d'artistes. En 1975, un projet d’aménagement veut tout démolir pour construire une cité nouvelle. Mais c’est sans compter sur ses habitants qui se mobilisent pour sauver leur quartier. Car, il fait bon vivre ensemble aux Grottes.

Une longue histoire

Le quartier des Grottes doit son nom insolite à une rivière qui, au Moyen-Age, s'appelait le Nant des Crottes, car elle transportait de la boue au pied des fortifications de la ville. Le lieu-dit aux Crottes devient aux Grottes. Dès 1850, les fortifications sont abattues et Genève s'étend et se modernise. En janvier 1983, Temps présent s'invite aux Grottes et retrace son histoire.

Un très vieux quartier
Un très vieux quartier / Temps présent / 4 min. / le 27 janvier 1983

Les Grottes : un village dans la ville

Au-delà de la barrière de la gare de Cornavin se cache une autre Genève. En marge de la prospérité, le quartier des Grottes n'a pas changé depuis de nombreuses années. Petit village aux ruelles bordées de maisons basses, avec ses recoins, ses ateliers d'artisans, ses jardins et ses immeubles vétustes, il est resté un quartier à l’échelle humaine.

Jardin dans le quartier des Grottes [RTS]
Quartier en marge / Affaires publiques / 4 min. / le 9 juin 1972

La Fondation pour l'Aménagement des Grottes (FAG)

Bureau de la FAG aux Grottes
Bureau de la FAG aux Grottes

Durant son histoire, le quartier des Grottes sera l'objet de plusieurs projets de réaménagements, finalement tous abandonnés. Dès les années 30, les autorités genevoises interdisent toute rénovation et achètent plusieurs parcelles dans le but de tout détruire pour construire une cité nouvelle. Cette politique d'asphyxie entraîne une lente dégradation. On compare le quartier des Grottes à Naples. Au début des années 70, une fondation est créée pour mener à bien ce projet d'urbanisme : la Fondation pour l'aménagement des Grottes (FAG).

Le règne du béton

Dès sa création en 1971, la Fondation pour l'Aménagement des Gottes (FAG) voit grand. Elle propose, tout d'abord, de raser entièrement le quartier et de le recouvrir d'une gigantesque plateforme de béton sur laquelle construire un centre de communications et d'habitats avec ses buildings et ses administrations. La population locale serait multipliée par quatre, soit la plus grande densité de Genève. Sous la houlette de la FAG, plusieurs bureaux d'architectes travaillent à imaginer l'avenir des Grottes. Le constructeur de la grande tour du Lignon propose par exemple un complexe d'immeubles formant un grand carré de béton.

Le règne du béton
Le règne du béton / Temps présent / 2 min. / le 27 janvier 1983

Un village d'irréductibles habitants

Le 11 mars 1975, la Fondation pour l'Aménagement des Grottes (FAG) présente son projet d'urbanisme pour le quartier des Grottes. Il provoque l'indignation des habitants. La résistance s'organise. Ce sont les débuts de l'Action populaire aux Grottes (APAG) qui lance une pétition et initie un combat contre les autorités. La situation économique, consécutive à la crise pétrolière, et bien sûr la forte pression des membres de l'APAG provoquent l'abandon de ce projet fin 1977.

Il y a des projets concrets, et ces projets ne correspondent pas aux désirs de la population.

itw d'un habitant du quartier des Grottes, 1975
La lutte s'organise
La lutte s'organise / Temps présent / 4 min. / le 27 janvier 1983

Non à la démolition

La FAG change donc de cap au début de 1978, mais juge toujours nécessaire la démolition d'un certain nombre de vieux immeubles totalement délabrés. Les militants de l’APAG s'y opposent et font appel à des squatteurs pour empêcher la destruction intégrale des bâtiments. Pendant plusieurs années, occupations et évacuations, avec tracts et policiers, se succèdent.

Non à la démolition
Non à la démolition / Temps présent / 3 min. / le 27 janvier 1983

Ça nous paraît un urbanisme, toujours le même, autoritaire et pas du tout un urbanisme qui fasse participer la population aux décisions.

Rémy Pagani, membre du comité de l’APAG, 1978
Les Schtroumpfs dans le quartier des Grottes [RTS]
Les Schtroumpfs dans le quartier des Grottes [RTS]

Au final, même si des immeubles seront finalement détruits dans le haut du quartier des Grottes, ils laisseront la place, dès 1982, à la construction d'un complexe très original d’habitations, aux murs incurvés et aux couleurs surprenantes. Cet ensemble, à caractère communautaire, sera surnommé Les Schtroumpfs par ses habitants.

Une rénovation douce

Ce qui ressemblait au combat entre David et Goliath s'achève avec la victoire de l'APAG et des habitants du quartier des Grottes. Les autorités communales et cantonales se décident pour une transformation légère de la plupart des bâtiments. Une rénovation douce, c'est l'assurance de maintenir des loyers raisonnables, de conserver des petits commerces ou des ateliers d'artisans, loin de la richesse et du luxe. Le quartier des Grottes restera ce petit village populaire et convivial, intégré dans la grande ville, où il fait bon vivre.

Quartier des Grottes [RTS]
Une rénovation douce / Temps présent / 1 min. / le 27 janvier 1983

Charlotte Floris, une figure de l'APAG

Phénomène unique dans l'histoire de la ville de Genève, la lutte menée par les membres de l'Action populaire aux Grottes (APAG) durant les années 70 fait l'objet de reportages diffusés dans l'édition du Journal du mois d'août 2009. C'est l'occasion de rencontrer Charlotte Floris, une des figures du mouvement, qui vit toujours dans son quartier.

Charlotte Floris [RTS]
Une figure des Grottes / Le Journal / 2 min. / le 21 août 2009

Un petit tour au marché

Le marché du jeudi soir sur la place des Grottes rencontre un beau succès auprès de la population, comme en témoigne le vigneron Willy Cretegny. Rencontre avec ces amateurs éclairés, de Genève ou d'ailleurs, qui fréquentent ce marché en plein air convivial et populaire. Un marché à l'image de l'âme de ce quartier des Grottes, où il fait bon partager une assiette de fromages et un verre de vin.

Le marché du jeudi soir
Le marché du jeudi soir / Couleurs d'été / 3 min. / le 12 août 2019

Martine Cameroni pour Les archives de la RTS

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