Le fossoyeur
Automne 1960 à Château-d’Oex. Les arbres ont perdu leurs feuilles et le froid commence à se faire mordant. Au cimetière du village, le fossoyeur s’active. En hiver, quand le sol sera gelé, il sera impossible de creuser la terre. Il faut donc maintenant préparer les tombes qui accueilleront les défunts des mois prochains.
On fait ces tombes, on ne sait pas qui c'est qui y viendra. Et il vaut mieux ne pas le savoir.
Le conducteur de convois funèbres
En 1964, Naples possède les plus beaux carrosses funéraires d'Italie. Fleuris, agrémentés de flamboyantes décorations baroques, ils sont conduits par des hommes en chapeau haut-de-forme et tirés parfois par six chevaux. Si les dignitaires et les nantis de la ville peuvent facilement financer de tels convois, les familles pauvres n’hésitent pas à se saigner aux quatre veines pour offrir à leur défunt un dernier voyage en première classe.
L'embaumeur
Quarante ans avant le feuilleton «Six feet under», qui met en scène une famille de croque-morts américains, Continents sans visa enquête sur les pompes funèbres aux Etats-Unis. Dans ce domaine aussi, les Américains sont capables de démesure, payant une fortune des cercueils sur mesure et le soin des morts. Parce qu'ils doivent présenter bien jusque dans la tombe, 90% des morts sont embaumés aux USA.
Un corps mal embaumé dans un beau cercueil est aussi incongru qu’une femme en robe du soir avec des bigoudis.
Le fabricant de cercueils
En 1971, la journaliste Marie-Madeleine Brumagne part à la rencontre des professionnels genevois de la mort. Dans sa galerie de personnages figure un entrepreneur spécialisé dans la fabrication des cercueils. Tous les mois, il en livre 170 à la ville de Genève. Le bois de chênes vient de France, le sapin est suisse. Avec bonhomie, il énumère les différents modèles disponibles, en fonction de leur prix, de leur usage et de leurs destinataires. L’homme avoue pourtant : lui-même ne souhaite pas être enterré, car il souffre de claustrophobie.
Les fleuristes
Dans le même reportage, Marie-Madeleine Brumagne s'entretient avec deux fleuristes travaillant pour les pompes funèbres. Présentes sous forme de couronnes, les fleurs accompagnent jusqu'à la tombe le défunt, que l'on revêtira d'une chemise au col de dentelles et que l'on couvrira d'un suaire brodé.
On les a gâtés toute leur vie, on veut encore les gâter jusqu’à la fin.
La vie au milieu des morts
Lui a a travaillé toute sa vie dans les cimetières de Genève. Interrogé en 1971, alors qu'il est à retraite, il raconte une anecdote qui fera frémir les plus sensibles.
Mort cachée, mort escamotée... Le thème est déjà présent dans les années soixante et septante. Le franc-parler de certains professionnels peut choquer, mais on peut arguer qu'il témoigne d'une relation au final assez saine avec la finitude humaine.
Sophie Meyer pour Les archives de la RTS