Les Soeurs Hospitalières
Dans un reportage consacré à la vie de la Congrégation religieuse des Soeurs Hospitalières de Valère à Sion au début des années 60, l'émission Présence catholique filme la prise en charge d'un skieur, victime d'une fracture de la jambe, dès sa descente d'hélicoptère. En effet, faisant partie d'un ordre non cloîtrée, ces religieuses travaillent dans le domaine médical et sont aptes à donner les premiers soins, y compris de radiographier un membre fracturé.
Une patience d'ange
En 1968, dans un hôpital romand, le journaliste Pierre-Henri Zoller interviewe un chirurgien peu avant son entrée en salle d'opération. Il évoque les compétences attendues de la part des jeunes infirmières dans une salle d'opération et plus largement dans les différents services hospitaliers. Et bien sûr, on retiendra que son rôle est avant tout de rassurer le chirurgien grâce à son calme et à sa patience.
Et ensuite, j’apprécie surtout sa gentillesse, sa bonne humeur, sa façon de répondre agréable, sa façon de ne pas rétorquer.
Les stéréotypes ont la vie dure. Car depuis plusieurs décennies déjà, celles qui le souhaitent peuvent suivre une formation professionnelle d'infimière à l'Ecole genevoise Le Bon Secours durant un cursus de 3 années. Voyez plutôt : dans cet extrait de l'émission Vie et métier en 1968, elles s'initient à l'art délicat du bandage de la cheville et de la pose du goutte-à-goutte. Pour y parvenir, elles ont besoin de s'entraîner et n'hésitent pas à piquer leurs camarades de classe.
L'Ecole de la Source et Le Bon Secours
La Suisse Romande dispose de deux écoles d'infirmières réputées. C'est même à Lausanne que la première école laïque de soins infirmiers au monde,
La Source
,
a été fondée par l'écrivaine et comtesse Valérie de Gasparin en 1859. Elle se montre pionnière en faisant évoluer les soins infirmiers, de bonnes oeuvres à un véritable métier. A Genève, c'est Marguerite Champendal qui fonde l’école d’infirmières
Le Bon Secours
en 1905. Personnalité forte et singulière, elle fut à la fois une féministe et une croyante profondément attachée aux valeurs du protestantisme.
Les raisons de la pénurie
Infirmière, c’était jadis une occupation faite avant tout de dévouement et de sacrifice, exercée principalement par des religieuses. Et si cette origine conditionne souvent la perception du rôle de l'infirmière, son métier est au final un métier comme les autres, au bénéfice d'une solide formation, mais où sévit la pénurie. En 1974, état des lieux avec Affaires publiques sur les raisons de cet état de fait, dans une profession trop souvent défavorisée.
Revaloriser l'image de l'infirmière
Dans le milieu des années 1980 à 1990, le manque de personnel qualifié dans les hôpitaux s'aggrave encore. Le métier d’infirmière ne fait plus recette. Les cantons romands lancent une campagne de sensibilisation pour le public sur les professions de la santé. En 1992, pour l'émission Table ouverte, la journaliste Eliane Ballif s'entretient avec une des membres du comité de la campagne. L'objectif est de rajeunir l'image du métier d'infirmière et de la rendre plus gaie.
Les professions de la santé ont un peu une image de la vieille infirmière, vocation et tout...
Les HES, université des métiers
Face à cette pénurie chronique, les autorités suisses vont mettre l'accent sur la formation pour inciter les jeunes à s'engager dans le domaine de la santé. La formation d'infirmières et d'infirmiers est intégrée dans les Hautes Écoles spécialisées (HES), un cursus universitaire créé en 2002 pour se mettre au diapason de l'Union Européenne. Cette formation répond à l'évolution des soins qui deviennent de plus en plus techniques. Reportage en 2003 sur le terrain avec la journaliste Nathalie Randin.
Une nouvelle image de la profession
Depuis la création de la filière HES Santé, la formation universitaire d’infirmières et d'infirmiers est véritablement devenue plus attractive, avec une augmentation constante du nombre d'inscriptions. En Suisse Romande, il existe six écoles de soins infirmiers dans lesquelles on peut obtenir un bachelor, un master ou un doctorat. A l'Institut et Haute Ecole de la Santé La Source à Lausanne, on propose par exemple aux étudiants infirmiers des casques de réalité virtuelle pour exercer les protocoles de soins.
Initiative pour des soins infirmiers forts
Mais si la pénurie recule, cela ne suffit toujours pas à compenser les nombreux arrêts de carrière. Selon une étude de l'Observatoire de la Santé, 40% de professionnels quittent le métier prématurément après quelques années d'activités. La surcharge de travail, le stress ou encore des horaires incompatibles avec une vie de famille sont les raisons les plus souvent évoquées. Inquiète pour son avenir, l'Association suisse des infirmiers et des infirmières (ASI) a lancé, en 2017 déjà, une initiative "Pour des soins infirmiers forts".
Le dernier mot appartient à la population suisse qui votera sur cet objet le 28 novembre 2021.
Martine Cameroni pour Les archives de la RTS
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