A Radio-Lausanne, soldats, vous ne comptez que des amis.
L'Heure du soldat
Dès octobre 1939, Radio-Lausanne met en ondes une émission demandée par l'état-major général à destination des soldats mobilisés aux frontières helvétiques en ce temps de guerre. Créée par le journaliste et producteur Fernand-Louis Blanc et le pasteur Maurice Mayor-de Rham, cette émission passe le dimanche après-midi. Elle met à profit les talents de l'écrivain Paul Budry, du comédien Albert Itten et de bien d'autres contributeurs encore. Une série de rubriques proposent des informations utiles aux soldats, ainsi que du divertissement et de l'humour. Des créations originales seront diffusées à cette enseigne, permettant de dépasser la censure de l'époque pour distiller quelques vérités grinçantes.
Chroniques de la Situation internationale
Durant la Seconde guerre mondiale alors qu'une chape de plomb pèse sur l'information dans les pays environnant la Suisse, le journaliste, rédacteur en chef du Journal de Genève dès juin 1933, René Payot lance une chronique politique à Radio-Genève qui informera sur la situation internationale.
Entre 1941 et 1944, chaque vendredi soir à 19h25, la voix du journaliste, porteuse d'un discours mesuré, factuel et qui se veut objectif, devient la voix de l'espérance écoutée clandestinement en France et en Belgique. Cette chronique considérée comme bien informée grâce aux nombreux contacts que l'éditorialiste entretient avec les milieux politiques, diplomatiques et militaires, positive et pleine d'intuition, vaudra à son auteur une reconnaissance internationale.
Malheureusement seules une ou deux chroniques nous sont restées.
En 1965, à l'occasion de la célébration du 40e anniversaire de Radio-Genève, René Payot rappelle les circonstances dans lesquelles est née sa rubrique.
A la Libération, René Payot se verra récompensé de la Légion d'honneur en 1946 et de nombreuses rues et places seront baptisées à son nom en Suisse, en France et en Belgique. En 1980, dans une émission d'hommage au journaliste marquant les 10 ans de sa mort, les auditeurs clandestins de René Payot disent l'importance de ses chroniques:
Il apparaîtra dans les années 90 que René Payot n'a pas été un résistant de la première heure. Sa position ultra-conservatrice, ses sympathies pour Franco et Mussolini issues d'un anticommunisme fondamental, son soutien au Maréchal Pétain avant 1942 sont mis en évidence par l'historien Michel Caillat. Ces affirmations se basent sur l'analyse des éditoriaux que Payot a signés dans le Journal de Genève. Malgré ces positions politiques, la valeur de ses chroniques radiophoniques de guerre demeure pourtant indéniable.
Le Quart d'heure vaudois
La Seconde guerre mondiale se prolonge et en 1941, une nouvelle émission de divertissement voit le jour à Radio-Lausanne.
Sur le modèle des Propos du caviste de Paul Budry, elle offre aux auditeurs un programme léger jouant avec les bons mots d'un trio vaudois constitué de l'instituteur, du syndic et du caviste. L'objectif déclaré de cette émission? Amuser avec intelligence, et la plume des deux auteurs vaudois Paul Budry et Samuel Chevallier, empruntant des thèmes d'actualité y réussit fort bien.
Fort d'un grand succès populaire, Le Quart d'heure vaudois se prolongera bien après la fin des hostilités, jusqu'en 1969.
La recette d'Ali Babali
La Radio diffuse également des émissions de conseil aux auditeurs: on rappellera ces recommandations culinaires en temps de disette distillées de manière hebdomadaire par Constant Bourquin entre 1940 et 1944 à Radio-Genève sous le titre La recette d'Ali Babali. Une minute pour le bien manger malgré les restrictions alimentaires.
Votre poème favori
En octobre 1943, les programmes de radiodiffusion signalent une nouvelle production de Radio-Genève intitulée Votre poème favori: comme le titre l'indique, l'auditeur peut demander d'entendre des poésies aimées qui seront recherchées et interprétées sur les ondes. A la rentrée 1944, la reprise de l'émission est attendue par les Romands.
Ainsi, fidèles à leur vocation, Radio-Genève aussi bien que Radio-Lausanne embrassent les différents rôles qu'on leur a confiés et font un effort particulier pour rythmer et alléger la vie anxieuse de la population sous le joug de la guerre.
Marielle Rezzonico pour les archives de la RTS