Le choc pétrolier de 1973 sonne le glas des Trente Glorieuses initiées après la Seconde Guerre mondiale et marque la fin du "tout pétrole". Les pays occidentaux découvrent que l'énergie a un coût, celui de l'or noir dont le prix prend l'ascenseur et dont ils sont très largement dépendants. Dans les années 70, le pétrole fournit en effet 76% de l'énergie consommée en Suisse. Une grave crise énergétique touche alors la consommation quotidienne et les développements de l'industrie.
L'énergie, c'est vous
En 1977, les Suisses consomment trois fois plus de pétrole mais aussi d'électricité, de gaz et de charbon qu'en 1952. Avec la crise, notre société doit revoir son modèle de croissance et/ou se tourner vers de nouvelles sources d'énergie. Temps présent s'attache aux conditions de cet indispensable tournant énergétique.
La crise de l'énergie, c'est le résultat de notre insouciance. Chacun d'entre nous a sa part de responsabilité...
De son côté, A Bon Entendeur, émission qui s'adresse directement au consommateur, consacre une édition au quotidien énergivore de chaque citoyen. Depuis les années 50, leur niveau de vie a donc augmenté avec à la clé une forte dépense énergétique: il suffit pour s'en convaincre de mentionner l'explosion du nombre de voitures, le chauffage coûteux de grands immeubles de verre et d'acier et les innovations techniques gourmandes en énergie.
N'hésitant pas à le culpabiliser, ABE pousse le téléspectateur à se livrer à un vrai examen de conscience. Combien de kilowatts/heure son train de vie quotidien dévore-t-il? Suivons le citoyen dans une de ses journées.
Echec au gaspillage !
Si d'un côté la demande en énergie ne cesse d'augmenter, d'autre part il faut aussi noter que son utilisation se montre loin d'être optimale, voire même irréfléchie.
On reconnaît volontiers que la moitié de l’énergie qu’on utilise actuellement est gaspillée.
Aussi, la Suisse s'apprête-t-elle à lancer une campagne nationale en faveur de l'économie d'énergie: elle appellera à prendre des mesures pour améliorer l'isolation des bâtiments, l'utilisation de la chaleur résiduelle et le rendement énergétique ainsi qu'à diminuer le gaspillage des ressources, notamment dans les ménages. Protection de l'environnement mais surtout raréfaction des sources d'énergie exigent l'effort de tous les Helvètes. C'est l'allocution du conseiller fédéral Willi Ritschard qui lance cette action en octobre 1977.
Des gestes quotidiens
Le slogan de la campagne "Energie, pensez-y plus, dépensez en moins" se décline dans les médias et les rubriques Flash-énergie d'A Bon Entendeur apportent leur pierre à l'édifice en soulignant les bons gestes à adopter dans la vie quotidienne.
Chaque émission d'ABE se terminera désormais sur des recommandations qui visent à transformer les comportements du consommateur romand: utilisez la plaque de cuisson adaptée à la taille de la casserole, préférez des feuilles de papier à l'aluminium pour emballer les aliments, repensez vos déplacements en voiture, choisissez de prendre une douche plutôt qu'un bain...
Ces préceptes sont tellement concrets que certains téléspectateurs les trouvent simplistes et trop terre à terre obligeant Catherine Wahli à prendre la défense de cette nouvelle rubrique.
A l'issue d'une année d'exhortations, s'appuyant sur un sondage, la journaliste d'ABE tire un bilan de cette action: hélas, ces conseils n'ont guère porté leurs fruits et les résultats de l'enquête révèlent que les Suisses pratiquent la politique de l'autruche sur la question énergétique!
Faut-il dès lors s'étonner que les conseils édifiants prodigués il y a 45 ans demeurent aujourd'hui encore totalement d'actualité?
Marielle Rezzonico pour les archives de la RTS