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Naufrages sur le lac Léman : l'Aubonne et le Fraidieu

Le bateau Le Fraidieu, ramené sur les rives de Thonon après son naufrage.
Le bateau Le Fraidieu, ramené sur les rives de Thonon après son naufrage.
La navigation sur le Léman n'est pas sans danger. Un coup de bise, de joran ou de bornan peut soudain déclencher des vagues impressionnantes. Des erreurs humaines sont aussi à l'origine de drames. Les naufrages de navires comme l'Hirondelle ou le Rhône ont marqué l'histoire de la navigation du 19ème siècle. Nos archives conservent le témoignage de tragédies plus récentes: celle du chaland l'Aubonne en 1963 et celle du bateau de croisière le Fraidieu 6 ans plus tard.

Le naufrage de l'Aubonne au large du Bouveret

Le 12 mars 1963, l'Aubonne quitte Le Bouveret en direction de Lausanne. Ce chaland de 175 tonnes transporte des matériaux de construction pour le chantier de l'Exposition nationale à Lausanne. A 13 heures, au milieu du lac, le navire est victime d'un coup de bornan, un vent traître qui souffle par rafales. L'Aubonne s'abîme dans les flots, avec ses quatre membres d'équipage. Le journaliste André Blanchot et le caméraman Rudolf Menthonnex se rendent au Bouveret pour enquêter.

aubonne 1
aubonne 1 / Carrefour / 1 min. / le 13 mars 1963

Ils s'entretiennent avec un marin du Romandie, un autre chaland qui a navigué le même jour que l'Aubonne. L'homme, qui connaissait bien les membres de l'équipage disparu, raconte ce qu'il sait du drame. Le Romandie a tenté, en vain, de porter secours à l'Aubonne, qui est resté quille en l'air durant deux heures avant de couler. 

On ne pouvait rien faire (...) On a vu le chaland couler, une chose dont on se souviendra toute notre vie.

Marin du Romandie, témoin du naufrage
Un marin témoin du naufrage de l'Aubonne, 1963. [RTS]
Aubonne 2 / Carrefour / 3 min. / le 13 mars 1963

Sur les quatre victimes, un seul corps a pu être retrouvé. Celui du mécanicien du bateau, qui contrairement à ses camarades, devait se trouver à l'extérieur de la cabine. Interrogé par André Blanchot, le directeur de la compagnie de transport espère encore pouvoir tracter l'épave avec des câbles. Mais les tentatives de repêchage ont toutes échouées. L'Aubonne gît encore aujourd'hui par 200 mètres de fond.

Article de La nouvelle revue de Lausanne du 14.03.1963
Article de La nouvelle revue de Lausanne du 14.03.1963

Le naufrage du Fraidieu à Thonon-les-Bains

Le 18 août 1969, le bateau de croisière le Fraidieu s'apprête à quitter le port de Thonon-les-Bains pour une excursion sur le lac.

Article Feuille d'avis de Lausanne du 20.08.1969 [RTS]
Article Feuille d'avis de Lausanne du 20.08.1969 [RTS]

58 passagers dont 31 fillettes d'une colonie de vacances française, ont pris place pour une excursion à bord du petit bateau exploité par des propriétaires privés. Le temps est beau mais la bise souffle.

Au sortir de la baie de Thonon-les-Bains, l'embarcation fait face à de fortes vagues: la pilote, qui est la fille des propriétaires du bateau, décide de faire demi-tour. Suite à  la manoeuvre, les vagues submergent le bateau par l'arrière. Des passagers paniqués sautent à l'eau pour tenter de regagner la rive qui ne se trouve qu'à une centaine de mètres, mais beaucoup ne savent pas nager. 24 personnes, dont 14 petites filles, perdront la vie dans le naufrage.

Au lendemain de ces événements tragiques, une équipe de l'émission Carrefour s rend à Thonon-les-Bains. Elle assiste à la conférence de presse tenue par les autorités locales, qui égrènent les chiffres macabres des corps retrouvés et ceux des personnes toujours portées disparues.

Conférence des autorités de Thonon après le naufrage du Fraidieu, 1969. [RTS]
Fraidieu 1 / Carrefour / 2 min. / le 19 août 1969

Des parents d'enfants en colonie de vacances ont appris la nouvelle de l'accident par les médias. Affolés, ils ont parfois voyagé durant toute la nuit pour s'assurer que leur enfant ne faisait pas partie des victimes.

Fraidieu 2
Fraidieu 2 / Carrefour / 1 min. / le 19 août 1969

Une enquête est ouverte pour faire la lumière sur les circonstances du naufrage. Le Tribunal de Thonon condamnera les propriétaires du Fraidieu à deux ans de prison avec sursis. Leur fille est relaxée. Le bateau avait embarqué 58 passagers alors qu'il était autorisé à n'en accueillir que 50. Il ne présentait pas non plus toutes les garanties de sécurité: des fissures furent décelées dans la coque et le réservoir de fioul alourdissait anormalement l'embarcation.

Sophie Meyer pour Les archives de la RTS

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