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L'extraordinaire histoire des fakirs valaisans

Le fakir valaisan Myrna-Bey en 1983.
Le fakir valaisan Myrna-Bey en 1983.
On connaît la réputation du Valais à produire d'excellents vins, mais un peu moins sa capacité à engendrer des fakirs. Et pourtant, entre les années 1960 et 1980, deux fakirs valaisans se disputent le haut de l'affiche : l'étonnant fakir Ali Ben Camelia et le non moins fabuleux fakir Myrna-Bey. Chacun possède sa spécialité : la déglutition de spatule à rösti pour l'un, le dévalement de glacier sur lames pour l'autre. Mais tous régalent leurs spectateurs d'une fascination teintée d'une pointe de répulsion. Âmes sensibles s'abstenir.

Ali Ben Camelia

Sabre, spatule à rösti, cuillère, l'étonnant fakir Ali Ben Camelia avale tout ! Né à Saillon en 1925, le truculent fakir quitte son Valais natal à l'âge de 16 ans et part à l'aventure. Après avoir exercé de nombreuses professions, il se lance dans le monde du spectacle. Et quel spectacle !

C'est à Bruxelles en 1942, alors qu'il travaille dans un cirque ambulant, qu'il décide de croquer sans trucage aucun sa première lame de rasoir, faite du plus bel acier. Depuis, l'appétit du fakir Camelia n'a fait que s'aiguiser. Il s'est mis à avaler couteaux, cuillers, baïonnettes et autres métaux tranchants.

Une équipe de l'émission Continents sans visa le rencontre en juillet 1962. Interview du truculent personnage et démonstration de son art dans un vieux café.

ali
Le fakir valaisan / Continents sans visa / 8 min. / le 1 juillet 1962

Mais qui donc a volé le sabre d'Ali Ben Camelia dans la nuit du 19 mars 1977 ? Mystère. L'identité de celui qui a commis ce forfait reste inconnue à ce jour. Le grand fakir tenait beaucoup à cette pièce qu'il avait "avalée" 62'439 fois. Qu'à cela ne tienne, c'est devant les caméras de la télévision que notre incroyable fakir inaugure son nouveau sabre. Le nouvel objet ? Un sabre entièrement en acier de 50 centimètres de long qu'un artisan lui a confectionné tout exprès.

"J'aurais pu me contenter d'une lame en aluminium, mais avec tous ces problèmes de fluor, j'ai préféré l'acier" a déclaré Ali avant d'engloutir son nouvel outil de travail...

Le nouveau sabre
Le nouveau sabre / Un jour d'été / 1 min. / le 9 août 1977

Myrna-Bey

Myrna-Bey, un nom synonyme de frissons, de mystère et d'insolite. Et pourtant Augustin Fournier n'est pas originaire du Rajasthan mais du Valais et travaille à l'usine d'eau minérale d'Aproz.

N'en déplaise aux médisants, il n'en est pas moins un des meilleurs fakirs de son époque. Il a en effet remporté une médaille d'argent aux Championnats du monde de fakirisme de 1974. Ses spécialités : l'avalage simultané d'une demi-douzaine de sabres et son fameux lit de faux aux lames effilées. Sans parler des torches, couteaux et autres lames de rasoirs qu'il avale comme d'autres goberaient des bonbons.

Rencontre en 1974 dans Courrier romand avec cet étonnant personnage, secondé par son épouse Hélène.

Profession fakir
Profession fakir / Courrier romand / 7 min. / le 14 mars 1974

Myrna-Bey, grand fakir devant l'Eternel qui n'a pas froid aux yeux, décide de fêter ses 50 ans en descendant le glacier de Mittelallalin couché sur le dos et sur des faux... Attachée à un câble treuillé, la "luge" du fakir a glissé de 3700 mètres à 3300.

Le Télé Journal était au rendez-vous de ce drôle d'exploit.

Les faux du fakir
Les faux du fakir / Télé Journal / 1 min. / le 7 août 1991

Ils ont rangé leurs sabres, la profession de fakir ne semble plus autant attirer les jeunes Valaisans. Mais qu'à cela ne tienne, la magie des archives a permis le retour sur scène de leurs illustres aînés.

Salomé Breguet pour Les archives de la RTS

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