L'Exposition nationale de 1964

Le 21 mars 1956, le Conseil fédéral approuve la candidature de Lausanne pour l'organisation de la prochaine exposition nationale suisse. Après trois ans d'études préliminaires et la nomination des trois responsables, l'architecte Alberto Camenzind, le chancelier de l'Etat de Vaud Edmond Henry et le directeur adjoint du Comptoir Suisse Paul Ruckstuhl, des travaux d'envergure débutent dans la capitale vaudoise dès 1960. Le lac est comblé sur une superficie de plus de 200'000 m2 en vue de l’implantation de l’exposition sur le site de Vidy.

Pour l'émission Carrefour, Edmond Henry, le directeur administratif de la future exposition nationale suisse 1964 à Lausanne revient sur les atouts de la candidature vaudoise qui ont su convaincre le Conseil fédéral.

L'exposition nationale approche à grands pas et les eaux de Vidy deviennent insalubres. C'est l'occasion pour la ville de Lausanne de lancer un grand chantier de réaménagement qui s'étend de l'embouchure du Flon au port d'Ouchy.

Un chantier d'envergure

La capitale vaudoise vit une transformation importante en ce printemps 1963. L'Expo 64 est déjà en train de modifier la ville qui se dote des infrastructures d'une grande ville. Le métro (la populaire Ficelle entre le Flon et Ouchy) est modernisé, d'autres chantiers sont lancés pour faciliter le trafic des visiteurs. Ainsi, on creuse un tunnel de plus de 360 mètres à la place Chauderon afin de fluidifier le trafic automobile sur l'axe Saint-François-Echallens.

La Vallée de la Jeunesse

En mars 1964, trois groupes d'éclaireurs catholiques lausannois sont à pied d'oeuvre pour construire un pont suspendu dans la Vallée de la Jeunesse. Ce parc en pente qui s'étend sur près de 900 mètres est issu du comblement de la vallée du Flon pour l'Expo 64. Son sommet constitue l'entrée nord de la manifestation.

Le 23 avril 1964, c'est l'inauguration officielle du tronçon de l'autoroute A1, entre Genève et Lausanne, qui fait entrer la Suisse dans l'ère des grands réseaux routiers. L'ouverture de cette première autoroute de Suisse coïncide avec celle de l'exposition nationale de 1964 à Lausanne.

Pour l'Exposition nationale de 1964, les CFF ont adapté leurs horaires. Mieux, une nouvelle gare a été construite à Sévelin, au coeur de Lausanne, pour faciliter le transit des voyageurs attendus de tout le pays.

Carrefour et le journaliste André Blanchoud font le point sur les places de parking disponibles pour l'Expo 64, en duplex avec le commandant de la police vaudoise qui survole en hélicoptère la région de Vidy.

Tout est fait dans la capitale vaudoise, en ce printemps 1964, pour accueillir les visiteurs de la prochaine exposition nationale. Les transports publics sont développés en conséquence, surtout la célèbre et populaire «Ficelle» qui relie la place du Flon à Ouchy.
Dans ce reportage Carrefour, le métro lausannois prend ainsi des allures de «Tube» d'une grande ville, plus de quarante ans avant l'inauguration du M2.

Le président de la Confédération Ludwig von Moos (à gauche) coupe le ruban et lance officiellement l'exposition nationale suisse 1964 à Lausanne, lors de la cérémonie d'ouverture le 30 avril. Il est accompagné du conseiller d'Etat Gabriel Despland (à droite), président du Comité d’organisation et du Comité directeur d'Expo 64.

Une équipe de la Télévision Suisse Romande est sur place dans la Vallée de la Jeunesse pour suivre cet évènement en direct.

Trois hôtesses présentent aux téléspectateurs le programme de la journée en français, en allemand et en italien.

Le miroir d'une Suisse en mutation

L’ambition de l’Expo 64 et son slogan Croire et Créer s'inscrit dans un contexte de transition sociale et culturelle marqué par une rupture entre les valeurs de l'ancien monde et l'émergence de la société de consommation. L'exposition nationale se préoccupe non seulement du passé, mais elle interroge le présent avec l'enquête de Gulliver, et l'avenir par le biais des courts métrages du cinéaste Henry Brandt qui mettent en images l'aliénation de la vie moderne.

Tendre un miroir aux Suisses, et utiliser la manifestation pour changer le pays et les mentalités, quitte à déstabiliser

L'Expo 64 comprend huit secteurs. La Voie Suisse en constitue toute à la fois le centre névralgique et sa colonne vertébrale qui traverse latéralement le site. Elle est composée de différents pavillons dont l'architecture évoque précisément une épine dorsale. 

Plus de onze millions de visiteurs vont déambuler le long de ce parcours. La Voie Suisse veut inviter les Suisses à s'interroger sur leur identité, leur histoire, leur système politique, leur culture, en ouvrant des perspectives pour l’avenir. 

Cet extrait est tiré du documentaire "Expo Remember", des réalisateurs Jean Bernasconi et Arthur Muhlemann.

Pour La Voie Suisse, placée sous la seule responsabilité de la direction de l’Expo 64, les organisateurs ont su faire preuve d’une véritable audace. Deux attractions vont marquer les esprits : l'enquête sociologique Un jour en Suisse proposée par le géant Gulliver et imaginée par le metteur en scène Charles Apothéloz et les cinq courts métrages La Suisse s'interroge du réalisateur Henry Brandt

Le géant Gulliver interroge les Suisses au moyen d'un questionnaire. Cet hôte très curieux pose des questions bien indiscrètes, découvre les traits de caractère des Helvètes, leur mentalité et les caractéristiques de leur pays.

Pour l'émission de Temps présent, un ancien collaborateur de l'exposition nationale se souvient du contexte qui a mené à la nomination du metteur en scène vaudois Charles Apothéloz et la création de Gulliver pour l'Expo 64.

Les secrets de Gulliver

Enquête sur l'incroyable censure exercée contre le questionnaire proposé par Gulliver lors de l'exposition nationale de 1964. C'est Hans Giger, délégué conservateur du Conseil fédéral à l'Expo, qui a fait pression pour édulcorer les questions posées à la population suisse.

Dans un rapport de septembre 1963, la direction de l'exposition nationale confirme que le Conseil fédéral interdit la publication des résultats des questionnaires de Gulliver. L'entreprise IBM qui a conçu un programme pour traiter ces données n'a jamais pu les exploiter.

La Suisse s'interroge

Le cinéaste neuchâtelois Henry Brandt réalise, sur commande, une série de cinq courts métrages pour l'exposition nationale suisse de 1964. La Suisse est belle, Problèmes, La course au bonheur, Croissance et Ton pays dans le monde ont marqué les visiteurs, bousculés dans leurs convictions par le regard critique que le réalisateur pose sur l'image d'une Suisse souvent idéalisée.

>> La course au bonheur : C'est ça la vie ? :

Une fois passé les portillons d'entrée où une foule déjà dense se presse, l'oeil curieux et le coeur battant, vous pénétrez enfin sur le site de l'Expo 64. Devant vous, les huit secteurs se déploient pour votre plus grand bonheur : La Voie Suisse, bien sûr, mais aussi L'art de vivre, Communications et transports, L'industrie et l'artisanat, La terre et la forêt, La Suisse vigilante, secteur réservée à l'armée et enfin Le port, centre de divertissement de l'exposition avec ses restaurants et ses boutiques. Et pour se déplacer, bien sûr, rien ne vaut le monorail ou le télécanapé ! La Télévision Suisse Romande consacre une série d'émissions aux Secteurs de l'Expo 64 dont voici plusieurs extraits.

>> Grâce au tampon invisible, on peut aller et venir tout à son aise. :

L'art de vivre

C'est une oeuvre de l'architecte suisse Max Bill qui ouvre cette visite. C'est le responsable de la section Éduquer et créer, un des deux pôles de ce secteur de l'Expo 64. Le second explore le monde de la formation, de la science et surtout celui de la recherche fondamentale.

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Communications et transports

Découverte du Circarama, l'attractions principale du secteur trois de l'Expo 64. C'est une salle de projection à 360 degrés, une technologie développée par Walt Disney. Près de 4 millions de visiteurs y ont admiré le film Magie du rail.

Industrie et artisanat

Visite guidée du secteur quatre de l'Expo 64 à l'antenne de la Télévision Suisse Romande le 19 août 1964. Dans cet extrait, présentation du plan de l'architecture de cette section, la plus vaste de l'exposition nationale.

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Les échanges

Le secteur cinq de l'Expo 64 évoque les richesses de la Suisse et le rayonnement mondial de son l’économie aussi libre que libérale. Dans cet extrait, on découvre les pavillons consacrés aux banques et au commerce extérieur.

Avec son pavillon en forme de hérisson, entouré de pics et et de morceaux de fers tordus, l'armée affirme sa présence de manière spectaculaire . Elle avait déjà tenu un rôle prépondérant dans les précédentes expositions nationales, en 1896, 1914 et 1939. En 1964 cependant, le chef du Département militaire fédéral Paul Chaudet et les sociétés d'officiers durent user de toute leur influence pour obtenir une place. La direction de l'Expo, en effet, ne souhaitait pas allouer un secteur à l'armée, et avait prévu d'organiser à la place une exposition d'armes à Beaulieu. Sous l'appellation La Suisse Vigilante, cette section met l'accent sur la résistance de la Suisse face à toute pénétration étrangère.

La terre et la forêt

Visite du secteur six de l'Expo 64, celui de la terre et de la forêt. Un pavillon propose une grande exposition consacrée à la forêt et aborde plusieurs de ses fonctions comme son rôle de protection contre les crues des rivières. 

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Le port

C'est un lieu de divertissements pour les visiteurs. On y trouve des restaurants, des boutiques, des attractions comme le petit train ou le Mésoscaphe. La nuit, dancings, night-clubs et le casino animent l'Expo 64.

Le Mésoscaphe est prêt !

Sa construction et sa mise à l'eau ont tenu en haleine la Suisse entière. Ce fut la principale attraction et le symbole de l'Expo 64. Développé par l'océanographe suisse Jacques Piccard, le Mésoscaphe Auguste Piccard est le plus grand sous-marin touristique jamais construit au monde. Mesurant 28 mètres de long pour un diamètre de 3,15 mètres, il peut accueillir 40 passagers à son bord !

Enfin ! Le 20 février 1964, le Mésoscaphe Auguste Piccard quitte l'usine Giovanola de Monthey. C'est un grand jour pour Jacques Piccard, une journée qualifiée d'historique par de nombreux médias présents sur place.

Le jeudi 27 février 1964, à 10:56 précises, dans le port du Bouveret, le Mésoscaphe Auguste Piccard est mis à l'eau devant une foule nombreuse venue assister à l'immersion du premier sous-marin touristique de l'histoire.

>> La mise à l'eau :

Le 11 juin 1964, le Mésoscaphe Auguste Piccard fait son entrée dans le port de l'exposition nationale à Lausanne. Une série d'essais dans le Lac Léman débute. Les premières plongées seront finalement effectuées le 16 juillet.

>> L'arrivée à l'Expo :

Vingt mille lieux sous le Lac Léman

Effectuer une plongée dans le Mésoscaphe Auguste Piccard est le rêve de nombreux visiteurs de l’Exposition nationale. Durant toute la période de l'Expo, 33'000 personnes furent emmenées au fond du lac Léman. En août 1964, c'est au tour d'une équipe de la TSR d'accompagner un groupe de visiteurs dans les entrailles du déjà célèbre sous-marin pour un voyage inoubliable !

Un incroyable sous-marin touristique ou l'automate Gulliver, programmé par un ordinateur, ne sont qu'une partie des attractions très modernes proposées aux visiteurs par la direction d'Expo 64. Voyez plutôt !

La tour Spiral offre une vision d'ensemble du site de l'exposition nationale de Lausanne. Haute de 101 mètres, elle est dotée d'une cabine capable de transporter 60 personnes. Cette cabine circulaire, dont les parois sont entièrement vitrées, effectue trois rotations sur elle-même à chaque voyage.

Imaginez un orchestre composé de 156 machines de bureau, dont une majorité de machines à écrire. Réalisée pour l’Expo 64 par le compositeur suisse Rolf Liebermann, La Symphonie des échanges nous entraîne dans le staccato effréné des nouveautés électroniques.

Dans une ambiance musicale jazzy et joyeuse, le téléspectateur peut visiter virtuellement le site de l'exposition nationale 1964 à bord du fameux Monorail, une des attractions de la manifestation. Il a été construit par le groupe industriel suisse Von Roll, spécialisé dans la construction de matériel ferroviaire et autres constructions en acier.

Le Monorail

Ce 21 juin 1964, Monsieur Walt Disney visite l'Expo 64. Le producteur américain et l'initiateur du parc d'attractions Disneyland ne se montre pas blasé devant la petite manifestation suisse. Au contraire, il découvre avec intérêt la tour Spiral et surtout, il paraît apprécier le Mésoscaphe.

Quelle place l'Expo réserve-t-elle aux femmes ? Pour en savoir plus, Madame TV s'est rendue sur place pour interroger des visiteuses. Certaines apprécient le secteur de la mode, d'autres trouvent que l'on fait peu de cas des femmes dans cette manifestation consacrée à la société suisse.

Le 20 juillet 1964, une équipe de l'émission Carrefour demande aux jeunes visiteurs ce qu'ils pensent de l'exposition nationale. La majorité d'entre eux ont un avis très positif sur l'ensemble de la manifestation, même si le modernisme de La Voie Suisse dérange !

En voilà un drôle d'équipage qui embarque à bord du Mésoscaphe lors de l'Expo 64. Toute la ménagerie du Knie, ou presque, prend place dans cette drôle d'Arche de Noé.

De passage à l'exposition nationale 1964 pour une séance de dédicaces, le chanteur français Claude François provoque un début d'émeute. L'équipe de l'émission Carrefour était sur place

Une exposition doit être éphémère. Cela doit être comme un rêve

Toutes les structures de l’Expo 64 étaient vouées à disparaître, mais malgré cette volonté initiale, certaines ont subsisté ou voyagé jusqu'en Amérique ! En voici quelques exemples.

En 1970, l'émission Bonsoir propose une balade à bord du petit train de Vidy, qui fut l'une des attractions très populaires de l'Expo 64 . Et l'occasion de revoir les plus belles images (en couleur) de l'événement.

>> Le petit train de l'Expo 64 :

Le Théâtre de Vidy a été conçu par l’architecte zurichois Max Bill. En 2014, il célèbre ses 50 ans. Le bâtiment devrait être rénové et mis aux normes, une décision qui sera discutée par la ville de Lausanne, propriétaire de ce monument classé.

>> Le théâtre de Vidy :

En juillet 1967, la Télévision Suisse Romande consacre son émission d'Actualités aux moyens de transports qui ont été imaginés et mis en fonction pour l'exposition universelle de 1967 qui se tient à Montréal. Parmi eux, on retrouve avec plaisir le monorail développé pour l'exposition nationale de Vidy en 1964.

>> Le monorail :

Après plusieurs années de travaux de rénovation, la Vallée de la Jeunesse, créée à l'occasion de l'exposition nationale de 1964, a trouvé une nouvelle identité. Elle accueille depuis les années 2000 l’Espace des inventions qui se consacre à l'éveil scientifique, technique et culturel des jeunes publics.

>> La Vallée de la Jeunesse :

Le Mésoscaphe à Expo 02

Il fut l'attraction principale d'Expo 64. 38 ans plus tard, rouillé, rongé par la corrosion, il est exposé devant le Monolithe sur l'arteplage de Morat pour Expo 02. Le Mésoscaphe de Jacques Piccard revient de loin.