Depuis plusieurs décennies, la Suisse romande abrite un formidable vivier de réalisateurs de films d'animation qui se sont fait connaître bien au-delà de nos frontières. En 2024, le Festival du cinéma suisse de Soleure rendra ainsi hommage au Studio d'animation genevois GDS, fondé en 1970 à Carouge par Claude Luyet, Georges Schwizgebel et Daniel Suter. Voyage en archives dans l'univers des artistes romands de l'animation.
Chapitre 1
Le Studio GDS
L'émission Magellan propose à son jeune public une série de reportages sur le thème du cinéma d'animation. En 1990, on y découvre le Studio GDS à Carouge, fondé en 1970 par Claude Luyet, Georges Schwizgebel et Daniel Suter, trois graphistes animés par une passion commune pour l'illustration, le dessin ou la peinture. Après avoir découvert le cinéma d'animation au Festival International d'Annecy, ils décident de réaliser leurs premiers courts métrages.
L’émission culturelle Viva donne carte blanche à la cinéaste suisse Patricia Plattner pour réaliser un portrait de Georges Schwizgebel, l’une des grandes figures du cinéma d’animation suisse. Ce peintre-graphiste-dessinateur débute sa carrière en 1970, année où il fonde le Studio GDS. En 1990, cet artiste d’images animées, qui a la passion du mouvement et de la musique, a déjà produit une dizaine de court-métrages d’une durée moyenne de 3 minutes
Alors je fais l'animation avec 12 dessins par seconde qui sont chacun photographiés deux fois
En 2002, le réalisateur Georges Schwizgebel va présenter La jeune fille et les nuages, sa nouvelle création au Festival du cinéma de Soleure, dans laquelle il réinvente l'histoire de Cendrillon. L'occasion, pour l'équipe de Faxculture de le rencontrer à Carouge dans son atelier et de suivre les différentes étapes de la création d'un court-métrage d'animation.
Chapitre 2
Les artistes suisses de l'animation
RTS
Edmond Liechti
Le cinéma et ses hommes propose de découvrir l'univers de la création des films d'animation dans le studio du dessinateur genevois Edmond Liechti. Suivez les étapes de la fabrication artisanale des petits films d'animation humoristiques familiers aux téléspectateurs de la Télévision Suisse Romande dans les années 60. Les aventures des petits personnages de Liechti encadreront les blocs de spots publicitaires - qu'on appelle alors réclame - dès leur apparition en 1965.
Etienne Delessert
Graphiste et illustrateur, l'artiste vaudois Etienne Delessert se lance avec une équipe de dessinateurs dans la réalisation de Supersaxo, le premier long métrage d'animation suisse. Il s'agit d'une adaptation de la fable Le Match Valais-Judée de l'écrivain valaisan Maurice Chappaz. En 1981, l'équipe de l'émission Pour les jeunes a rencontré Etienne Delessert et Emile Bourget, réalisateur français de dessins animés, pour en savoir plus sur ce projet.
Les Ansorge : Une aventure à deux
En 1952, Gisèle épouse Ernest Ansorge, dit Nag, ingénieur de formation. Passionné de cinéma d'animation, le couple se lance dans la production de films. Gisèle et Nag travaillent pour l'industrie, la publicité, réalisent des génériques pour la télévision. En 1970, la TSR leur rend visite dans leur maison d'Etagnières dans le canton de Vaud, et les filme en plein travail.
Il n'y a pas besoin de gomme, vous pouvez vous laisser aller totalement.
Les Ansorge développent également une oeuvre personnelle. Ils s'essaient d'abord à l'animation de poupées avant de mettre au point la technique de l'animation de poudres, qui fera leur célébrité. Réalisé sur un plaque de verre éclairée par dessous, le dessin se construit au pinceau avec l'aide de poudres colorées. Un fascinant travail de transformation, que cette vidéo permet de saisir en accéléré.
Chapitre 3
Les frères Guillaume
Keystone - Laurent Gillieron
Ils sont fribourgeois, frères jumeaux, passionnés de cinéma d'animation et fondateurs de la société Cinémagination.
On a vu qu’il y avait dans ce monde des possibilités de créer des univers qui étaient infinis
En 2003, l'émission Faxculture consacre un reportage à l'univers artistique des frères Guillaume et à leur équipe. Ils fabriquent un monde miniature dans lequel vivent des petits personnages modelés sur mesure pour la réalisation du court métrage Le musicien de l'ascenseur.
En février 2008, le long métrage d'animation Max and Co sort en salle. C'est l'occasion de rencontrer ses créateurs, les frères jumeaux Frédéric et Samuel Guillaume, et les producteurs Robert Boner et Benoît Dreyer. Le financement s'élève à 30 millions de francs, le plus gros budget pour un film d'animation en Suisse.
Zoltan Horvath
Rencontre dans l'émission Faxculture avec le réalisateur et dessinateur genevois Zoltan Horvath, fondateur avec Nicolas Burlet, de la société Nadasdy Film. Horvath a été plusieurs fois primé avec son moyen métrage d'animation Nosferatu Tango.
Pour la création de cette histoire de moustique tombant amoureux d’un vampire, l'équipe artistique combine habilement un rendu en deux et en trois dimensions en utilisant dessins, découpages et images de synthèse grâce aux dernières technologies de l'infographie numérique.
Chapitre 4
Claude Barras et Cédric Louis
Keystone - Thomas Delley
Les réalisateurs Cédric Louis et Claude Barras ont collaboré sur le court-métrage d'animation Banquise, présenté à Cannes en 2006. Par la suite, ils ont créé un nouveau film d'animation plein de poésie, Sainte Barbe, qui raconte une histoire de connivence entre un grand-père barbu et son petit-fils. En 2007, ils sont les invités du Journal pour évoquer leur dernier film.
L'émission Grand Angle reçoit en 2016 la productrice Izabela Rieben et le réalisateur Claude Barras pour la sortie en salle du film d'animation Ma vie de Courgette.Scénarisé par la cinéaste française Céline Sciamma, ce film a reçu le Cristal du long métrage au Festival International du film d'animation d'Annecy en 2016.
Ma vie de Courgette connaît un immense succès populaire. Il est également en lice pour un prix aux Césars et aux Oscars. Il remporte en 2017 le César du meilleur film d'animation et de la meilleure adaptation du roman de l'écrivain français Gilles Paris Autobiographie d'une courgette. Le livre retrace l'histoire d'un petit garçon devenu orphelin et accueilli dans un orphelinat en France dans les années 2000.
Chapitre 5
24 images par seconde
Keystone
Pour certains, l’histoire de l’animation débute dès la Préhistoire dans les peintures rupestres qui nous offrent les premières représentations d'animaux en mouvement. Depuis lors, des appareils ingénieux, comme le zootrope ou le folioscope, ont su créer l’illusion du mouvement ou du relief. Tous ces jouets d'optique ont aujourd’hui disparu, car avec l’arrivée du cinématographe des frères Lumière, l’animation passe sur pellicule et acquiert son statut de cinéma d'animation.
Du cellulo aux machines merveilleuses
Le cinéma d'animation, comment ça marche ? Rencontre en 1970 pour l'émission jeunesse Revue 13-17 avec des cinéastes d'animation qui évoquent leur travail, les films d'animation et le dessin animé. Dans cet extrait, le cinéaste Arne Borstrom utilise le dessin sur celluloïd, une feuille de plastique transparente, dont l'invention en 1914 a révolutionné le dessin animé.
L'émission Télévision éducative présente les différents appareils qui permettent de créer une illusion de mouvement d'images par effet d'optique. Trois spécialistes de l'animation sont invités sur le plateau : Ernest Ansorge, Robi Engler et Jean Perrin nous expliquent le fonctionnement d'objets aux noms délicieux comme thaumatrope, folioscope ou zootrope.
A la différence du cinéma en prise de vue réelle, où le mouvement est tourné en continu à l’aide d’une caméra, dans le cinéma d'animation, le film est fabriqué image par image. Un dessin, une peinture, du papier découpé, des objets ou des personnages sont créés puis photographiés séparément après avoir été légèrement modifiés. C’est le défilement rapide d'une suite d'images fixes qui crée l’illusion du mouvement.
Pour l'oeil humain, la cadence d'au moins 16 images par seconde est requise pour générer l'illusion d'un mouvement fluide. Avec le cinématographe, la technique passe à 24 images par seconde afin d'être synchrone avec la piste son enregistrée sur la même pellicule que l'image.
Personnages en pâte à modeler
En 1980, dans le cadre du Festival International pour le film de l'Enfance et de la Jeunesse, l'émission pédagogique de la TSR Télévision Educative a suivi un atelier sur le cinéma d'animation. Un groupe de jeunes enfants et d'adolescents, accompagnés de spécialistes, ont réalisé leurs propres films à l'aide de personnages ou d'objets en pâte à modeler.
Rencontre avec le cinéaste d'animation genevois Michel Dufourd dans l'émission Magellan. En 1990, il travaille dans son grenier à la réalisation d'un court-métrage Pas de cercueil pour les pantins, l'histoire du "privé" Frankie Lavino qui en vient à accepter des contrats de tueur à gages. Ce film sera présenté au Festival international du film d'animation d'Annecy. Moteur !
Chapitre 6
Les outils numériques
Keystone - Laurent Gillieron
Les professionnels du cinéma d'animation restent dans un premier temps attachés aux techniques de fabrication traditionnelles. Mais la machine est lancée. Il aura fallu du temps, mais les images de synthèse vont s'imposer durant les années 1970 dans le cinéma d'animation.
La révolution numérique se poursuit avec des outils d'animation en 2D qui permettent de dessiner sur l'écran et d'utiliser brosses, pinceaux ou couleurs via des logiciels de palettes graphiques. Et enfin, c'est l'apparition de la 3D où l'ordinateur permet de concevoir un univers virtuel complet en volume, avec décor et personnages.
Dessin et logiciel informatique
L'avènement du dessin électronique va-t-il modifier le travail du graphiste ou du cinéaste d'animation ? En 1987, l'émission éducative TV-Scopie revient sur les diverses applications de l'ordinateur graphique. On assiste ainsi grâce à une table d'animation électronique en 3D à la création dugénérique des Championnats du monde de ski alpin à Crans-Montana de 1987. Absolument bluffant !
A l'Ecole d'ingénieurs et d'architecture de Fribourg, Cédric Reinhardt a concu un logiciel informatique permettant de piloter des caméras miniatures pour le cinéma d'animation. C'est le réalisateur fribourgeois Samuel Guillaume qui est à l'origine de cette demande. Avec son frère jumeau Frédéric, ils ont fondé la société de production de films d'animation Cinémagination.
Chapitre 7
Les festivals de cinéma d'animation
RTS
Le cinéma d'animation est devenu adulte. Il vient de fêter le 25ème anniversaire de son festival international
En 1960, dans la cité savoyarde d'Annecy, la rencontre entre les animateurs d'un ciné-club très actif et d'une équipe du festival du court-métrage de Tours débouche sur la création du Festival international du film d'animation. Se tenant d'abord tous les deux ans, le festival devient annuel en 1997. En 1985, à l'occasion de son 25ème anniversaire, Nocturne, l'émission consacrée au cinéma de la TSR, s'est rendue sur place pour suivre la manifestation et en particulier la première édition du Marché international du film d'animation (MIFA).
Deux Festivals made in Switzerland
"Un nouveau venu dans le paysage des festivals en Suisse, une jeune verdure dans le sillage de la chaudière culturelle de Zurich", c'est ainsi que l'équipe du Festival du film d'animation Fantoche se décrit lors son lancement en 1995 à Baden en Argovie. Si Fantoche connaît une pause en 1999, il reprend vie en 2003 et compte à présent comme le plus plus important événement culturel en Suisse dédié au cinéma d’animation.
En 2006, une équipe de passionnés de cinéma pour enfants décide que l’animation a un avenir à Genève et fonde le Festival Cinématou. Il a pour objectif de présenter au jeune public une sélection internationale de longs et de courts métrages d’animation et de fiction. Devenu Animatou en 2011, on retrouve dans le comité de programmation, le réalisateur genevois Claude Luyet, co-fondateur du Studio GDS à Carouge.