Naissance d'un mythe
Le 1er juillet 1946, les USA effectuent leurs premiers essais nucléaires sur l'atoll de Bikini, dans le Pacifique sud. Quatre jours plus tard, un ancien ingénieur en automobile, Louis Réard, présente à Paris un maillot de bain qu'il a baptisé du même nom.
Aucun mannequin n’ayant osé se faire l'égérie de cette "bombe anatomique" (un jeu de mots audacieux pour un slogan), Louis Réard s’adresse à une danseuse du Casino de Paris, Micheline Barnardini, qui a l'habitude de se produire dénudée.
Le bikini montre pour la première fois ce que les femmes n'osaient pas montrer jusqu'alors, leur nombril. C'est ça, la vraie révolution
Dès 1949, le Ciné-Journal suisse diffuse ces images montrant des mannequins vêtus de maillots une pièce, mais aussi du fameux bikini.
Embûches
Pourtant le bikini ne connaît pas un succès immédiat. Les loisirs balnéaires demeurant encore l'apanage d'une élite, la portée de cette nouvelle tenue demeure limitée. Il faut également compter avec la censure: dès son apparition sur les plages, le bikini est interdit en Italie et en Espagne. En France, il est autorisé sur la côte de la Méditerranée, mais prohibé sur le littoral atlantique. L'Osservatore Romano, journal du Vatican, le voue aux gémonies. Il demeurera même proscrit des piscines allemandes jusqu'au milieu des années septante.
La route de la gloire
Mais le bikini fait tout de même son chemin. Aux USA, l'ère des pin-up, avec Jayne Mansfield et Marilyn Monroe, permet de le faire connaître au monde entier.
L'Europe n'est pas en reste. En 1953, une starlette nommée Brigitte Bardot affole la Croisette en posant dans l'audacieux maillot. Huit ans plus tard, la fièvre monte encore d'un cran lorsque Ursula Andress fait une spectaculaire sortie de l'eau en bikini blanc dans une scène mythique de James Bond 007 contre Dr No.
Années soixante
La présentation des collections de maillots de bain devient un incontournable des émissions féminines de la TSR. Visiblement émoustillés, journalistes et réalisateurs redoublent d’imagination pour mettre en scène les fameux deux-pièces, dans des saynètes souvent empreintes d'un certain machisme.
La croisière s'amuse sur un bateau de la CGN en 1963:
Devant ces bikinis, on songe à la définition de la plaidoirie que donnait tel avocat français en la comparant à une robe: assez longue pour couvrir le sujet, assez courte pour qu'on la suive.
Sur l'air de la Panthère rose:
Structures rigides, matériaux inusités, le bikini façon Paco Rabanne.
1968 : le vent des seventies souffle aussi sur les maillots de bain !
Les hommes aussi
Si la télévision des années soixante s’intéresse avant tout à la mode balnéaire féminine, un document étonnant de l’émission Continents sans visa, tourné en 1967 à Zurich, nous fait découvrir une boutique où se vendent des tenues masculines excentriques et parfois osées.
Années septante et suivantes
Le bikini fait de moins en moins peur. Son aura sulfureuse se dissout dans les exubérances de la révolution sexuelle et des diverses expériences de retour à la nature qui fleurissent à cette époque.
L'aventure des hippies de l'île de Formentera aux Baléares, en 1972:
Durant les années huitante, il revient sans le haut: c'est l'époque du monokini.
Malgré l'interdiction des seins nus à la Genève-plage, certaines n'hésitent pas à enlever le haut, 1988:
Avec le nouveau millénaire, profitant d'un retour à une certaine pudeur et de la prise de conscience des dangers du soleil, le bikini refait son apparition dans sa version complète. Avant de se décliner en triangle, brassière, shorty, tankini ou même burkini.
75 ans que ça dure et s'il a fini de choquer, le bikini continue donc à faire parler de lui...