Hommage à Alice Rivaz
- Littérature suisse
- Audio 33 min.
6 mai 1998
Carré d'arts
Alice Rivaz occupe une place importante dans la littérature romande. Trois mois après son décès survenu le 27 février 1998 à Genthod, l'émission Carré d'arts lui rend hommage sous la forme d'une discussion entre la journaliste Isabelle Rüf et l'historienne Françoise Fornerod, qui a rédigé un article sur l'écrivaine vaudoise dans le 3e tome de l'ouvrage collectif Histoire de la littérature en Suisse romande (Payot, 1998).
De la Seconde Guerre aux années 1970 sont apparues des femmes novatrices et Alice Rivaz était probablement la plus engagée de sa génération. Peut-on dire qu'elle était militante, féministe ou révolutionnaire sur le plan littéraire?
Réponse avec Françoise Fornerod, qui pose un regard critique sur son oeuvre, avec des extraits de l'entretien d'Alice Rivaz (Littérature en Suisse, 1991).
(Source photo: TSR)
Alice Rivaz est née Alice Golay à Rovray dans le canton de Vaud le 14 août 1901.
Elle fréquente l'Ecole supérieure de jeunes filles de Villamont et adhère aux Jeunesses socialistes à l'âge de 14 ans. Alice Rivaz est refusée à l'Ecole normale en raison de l'orientation politique de son père, «un Rouge».
Elle étudie donc la musique au Conservatoire pour se consacrer ensuite au piano et à la musicologie. Cependant elle ne pourra en faire sa profession. Elle suit une école de sténodactylographie avant d'être engagée au Bureau International du Travail (BIT) et d'y faire toute sa carrière. Elle prendra une retraite anticipée afin de se consacrer à son activité littéraire.
Très tôt, Alice Rivaz écrit. Elle utilise un pseudonyme pour ne pas gêner sa famille, opposée à sa carrière littéraire. Elle publie Nuages dans la main en 1940 sous la recommandation de Ramuz, reçoit le prix Schiller en 1942. La bibliographie d'Alice Rivaz est longue: on peut citer notamment Comme le sable en 1946, Comptez vos jours en 1966, L'alphabet du matin en 1968, De mémoire et d'oubli en 1973, Jette ton pain en 1979 et son journal Traces de vie en 1983. En 1980, elle reçoit le Grand Prix C-F. Ramuz.
Elle est décédée le 27 févier 1998 à Genève.
La plupart de ses romans s'articulent autour de la place de la femme dans la famille, dans le monde professionnel et dans ses relations avec les hommes. Alice Rivaz met en scène des vies féminines étriquées et marquées par l'échec. Elle dépeint avec empathie ses protagonistes, des personnages humbles, victimes de solitude et d'indifférence. C'est peut-être en cela que son oeuvre manifeste cette «spécificité féminine dans l'écriture» qui lui tenait tant à cœur.