Germaine Tillion ethnologue
- Histoire
- Audio 50 min.
26 décembre 1996
Fin de siècle
"J'ai toujours été passionnée par les mondes lointains" affirme Germaine Tillion. Cette passion la pousse dans un premier temps à entreprendre des études d'ethnologie auprès de Marcel Mauss et de Louis Massignon. Elle part faire son terrain en Algérie dans l'Aurès, apprend la langue chaoui et se sent parfaitement en sécurité au sein de la tribu qui l'accueille.
De retour en France en 1940, elle entre dans la Résistance dans un groupe nommé plus tard "Groupe du musée de l'homme". Son réseau tombe sur dénonciation d'un prêtre, elle est arrêtée en août 42, condamnée à mort, puis déportée à Ravensbrück en octobre 43. Sa mère, déportée une année après elle, sera gazée en mars 45. Face à l'horreur, elle ne baisse pas les bras et survit en restant solidaire avec ses camarades et en rassemblant autant d'information que possible pour pouvoir ensuite témoigner.
C'est sans doute ces deux expériences qui la pousseront ensuite à s'engager dans différents combats politiques: contre la clochardisation des Algériens, contre la torture pratiquée par l'armée française ou pour l'émancipation des femmes méditerranées.
(Source photo : STF / AFP FILES / AFP)
Germaine Tillion naît le 30 mai 1907 dans la Haute-Loire. Elle entreprend à partir de 1925 des études supérieures qui la mèneront à l'Institut d'Ethnographie, dont elle est diplômée en 1932. Elle est recrutée en 1934 sur la recommandation de son directeur de thèse, Marcel Mauss, pour effectuer une étude ethnographique dans les Aurès et y fera quatre séjours jusqu'en 1940.
Au moment de l'armistice de 1940, son premier acte de résistance est de donner les papiers de sa famille à famille juive. Elle a adhère à un groupe nommé après-guerre "groupe du musée de l'Homme". Dénoncé par l'abbé Robert Robert Alesch, le réseau tombe, Germaine Tillion est arrêtée en 42 et est déportée à Ravensbrück une année plus tard. Evitant la mort de peu, elle est évacuée par un des convois du Comte Bernadote vers la Suède. Elle entreprend une étude systématique sur l'histoire des femmes déportées de France.
Elle retourne en Algérie en 1954 pour une mission d'observation. Elle y constate un appauvrissement terrible, qu'elle appelle "la clochardisation de la population algérienne". Pour venir en aide à ces populations déracinées, elle participe en 1955 à la création de centres sociaux dont le but est de fournir une formation de base. Elle rencontre clandestinement Yacef Saadi, combattant du FLN, et tente d'encourager le dialogue entre le gouvernement français et le mouvement de libération algérien.
Après la guerre d'Algérie, elle s'impliquera dans différents combats, notamment pour l'émancipation des femmes de Méditerranée, à propos desquelles elle écrit l'ouvrage "Le Harem et les cousins".
Le 19 avril 2008, elle décède à son domicile à presque 101 ans.