Le vaccin Friedmann: imposture ou injustice?

Bacilles de Koch vus au microscope, 1961. [RTS]
  • Médecine
  • Audio 24 min.

1 janvier 1953

Emission sans nom

Né à Berlin en 1876 et mort à Monte Carlo en 1953, année de la diffusion de cet entretien radio, Friedrich Franz Friedmann est un médecin, inventeur d’un vaccin très controversé contre la tuberculose. Dès 1912 en effet, il réalise une série de vaccination sur des orphelins avant d’être accusé d’avoir agi sans l’approbation des autorités médicales compétentes et sans que les garanties de sécurité nécessaires soient réunies. Après avoir risqué la radiation en 1937, il tente sans succès d’implanter des cliniques aux USA avant de s’installer à Monte Carlo.

Une première la radio

Nous ne connaissons pas la date exacte de l’entretien réalisé par Radio Lausanne au domicile du professeur Friedman. Nous savons qu’il a lieu entre 1951 et 1953, date de la mort du chercheur. On nous l’annonce au début de l’entretien : c’est la première fois que Friedrich Franz Friedmann s’exprime à la radio.

L'histoire du docteur Friedmann

Le scientifique explique comment, après des années de recherche, il est parvenu à isoler le bacille de la tuberculose d’une tortue marine, à partir duquel il a créé son vaccin. Dès 1907, il réalise des essais sur lui-même, pour dit-il « prouver son innocuité pour l’espèce humaine ». En 1909, il administre son vaccin à une première patiente. Le succès, affirme-t-il, est au rendez-vous. Entre 1909 et 1937, le docteur Friedman dit avoir guéri grâce à son vaccin plus de 70000 personnes. Il dit également avoir, aux débuts des années 1910, bien avant le professeur Calmette en France, mis au point un vaccin préventif et prophylactique et avoir vacciné 335 nourrissons d’ascendance et de milieu tuberculeux. Friedmann affirme que les résultats positifs de son vaccin ont été reconnus par les plus grands scientifiques de l’époque. Il le clame : son vaccin est apte à éradiquer la tuberculose dans le monde : « J’affirme que la grande majorité des 300 millions de tuberculeux enregistré en mars 1951 par le Conseil sanitaire mondial pourrait être sauvé et guéri définitivement par (mon) vaccin. »Pourquoi alors, demande le journaliste, ce vaccin n’est-il pas appliqué partout ?

Friedmann victime d'un cabale?

Friedmann dit avoir été victime d’une cabale, organisée par une puissante revue médicale allemande, et par un certain Kirchner, homme influent au ministère de la santé, qui imposèrent le silence sur ses recherches et ses succès. Ce sabotage eut lieu aussi bien en Allemagne que dans le reste de l’Europe. Un   trust international sabote la vérité sur le vaccin Friedmann, qui est notamment interdit en France.

A propos de son procès en radiation, qui débuta en 1934, Friedmann évoque l’antisémitisme des juges allemands. Malgré sa conversion au protestantisme, le scientifique n’était pas considéré comme un aryen et devenait donc « persécutable ». Il a été accusé d’avoir produits de faux rapports sur son vaccin, et d’avoir diffamé le corps médical allemand.  Après trois ans et demi d’instruction, au cours de laquelle de multiples témoins et experts ont été entendus, Friedmann est acquitté.

Alors qui croire ? Friedmann a-t-il été victime d’une guerre des vaccins, en concurrent notamment de la France qui a développé son propre vaccin, le BCG ? Ou n'est-il qu'un scientifique peu scrupuleux et quelque peu mythomane ?