Monsieur Poirier
- Culture et Arts
- Audio 21 min.
25 mars 1937
Emission sans nom
Créée en 1909 par Ernest Fournier, la troupe de la Comédie de Genève se produisit d'abord à la Salle de Plainpalais, avant d'investir son écrin au Boulevard des Philosophes, où elle réside encore en 2013.
Ce document exceptionnel fait entendre des extraits de la pièce d'Emile Augier et de Jules Sandeau, Le Gendre de Monsieur Poirier, dont Marcel Pagnol, pour son premier film, fit l'adaptation au cinéma en 1933.
C'est le plus ancien témoignage sonore que nous ayons de la Comédie de Genève, enregistré dans les studios de Radio-Genève en mars 1937, l'année même où Ernest Fournier disparaîtra en décembre, miné par les soucis et les déboires financiers.
Il montre aussi les liens qui se sont tissés très tôt entre la Comédie et la Radio, et qui ne se démentiront pas pendant plusieurs décennies, puisqu'on retrouve de nombreux comédiens de la Comédie dans les archives du radio-théâtre.
(Photo: Les Caprices de Marianne, d'Alfred de Musset, par la Comédie de Genève, 1961. Source: TSR)
La troupe de la Comédie de Genève a été créée par Ernest Fournier, Genevois menant carrière en France et sociétaire de la Comédie Française. Cette troupe joue dès décembre 1909 à la salle de Plainpalais, aujourd’hui Théâtre Pitoëff. Le succès est au rendez-vous, et dès 1911, Fournier entreprend de se faire construire son propre théâtre, soutenu par l’Union pour l’Art social.
Inauguré en janvier 1913, le Théâtre de la Comédie de Genève a traversé tout le XX et a vu défiler à ses commandes sept directeurs et une directrice. Si son créateur, après la crise de 1929, y perd ses moyens et sa santé, le comédien français Maurice Jacquelin saura dès 1939 donner une nouvelle dynamique à la Comédie, en s’ouvrant aux auteurs locaux, avec une prédilection pour un théâtre de « boulevard helvétique ».
Racheté par la Ville en 1947, pour éviter une faillite, le bâtiment n’abritera plus une troupe à l’année, Jacquelin réduisant les réalisations genevoises et complétant sa programmation avec des tourneurs parisiens.
André Talmès, qui lui succède en 1959, amplifiera encore l’importance des tournées parisiennes, particulièrement les fameux galas Karsenty-Herbert, tout en proposant cinq réalisations genevoises par saison, dans le registre à la fois des grands classiques et du théâtre de boulevard.
L’arrivée de Richard Vachoux en 1974 marque une rupture avec la tradition. Vachoux rompt avec les tourneurs parisiens et développe des collaborations avec la Suisse romande et la France voisine. La Fondation d’Art Dramatique lui permet de résoudre une grave financière et le remet en selle jusqu’en 1982.
De 1982 à 1989, c’est Benno Besson, qui reprend les rênes de la Comédie. Malgré l’exigence de sa mise en scène et des choix plutôt pointus, il y obtient un franc succès public qui étendra la renommée de la Comédie en Europe.
Lui succèderont Claude Stratz, de 1989 à 1999, dans une même veine contemporaine, complétée par la relecture des grands classiques, et Anne Bisang, de 1999 à 2011, qui injectera une dose bienvenue de féminisme dans les productions maison, tout en développant ce lieu de culture en y installant un restaurant, une galerie et en y organisant de nombreuses activités pour tisser des liens entre l’art et son public.
En 2011, c’est Hervé Loichemol qui reprend la direction de la Comédie, avec deux objectifs ambitieux : faire vivre la scène actuelle du boulevard des Philosophes au cours des prochaines années, et préparer l’avènement de la Nouvelle Comédie, ce qui ne sera pas une mince affaire.