Grandeur nationale

Gonzague de Reynold en 1957. [RTS]
  • L'armée suisse
  • Audio 18 min.

20 janvier 1940

Emission sans nom

Le 2 septembre 1939, au lendemain de l'invasion de la Pologne par l'Allemagne,  le Conseil fédéral décrète la mobilisation générale en Suisse. 400'000 hommes rejoignent leur contingent dans un premier temps. Ils seront 800'000 au plus fort de la guerre.

En janvier 1940, l'écrivain et historien fribourgeois Gonzague de Reynold évoque sur les ondes de la radio la grandeur de l'armée suisse et rend un hommage solennel aux soldats mobilisés.

Il voit dans la défense commune le principal ferment du lien fédéral: "l'armée a fait et maintient la Suisse". Il loue  le courage, le sens du devoir et l'obéissance des combattants: "Obéir, ce n'est point contrainte, mais acceptation. L'esclave n'obéit pas, il subit. Il n'y a que l'homme libre qui sache obéir, veuille obéir, puisse obéir. Il accepte les ordres au nom de l'ordre, les ordres d'un seul s'achèvent dans l'oeuvre de tous. Et tous, au bout de l'obéissance, retrouvent accrue leur liberté."

(Source photo: TSR 1957)

Issu de l'aristocratie fribourgeoise, l'écrivain et historien Gonzague de Reynold est né en 1880. Cet intellectuel de droite, nostalgique du passé aristocratique de la Suisse, fut sa vie durant un défenseur des valeurs conservatrices, catholiques et nationalistes, et un opposant acharné au radicalisme à la mode helvétique.

Dès 1904, il participe à la revue La voie latine, animée notamment par Charles-Ferdinand Ramuz et les frères Charles-Albert et Alexandre Cingria. Il enseigne la littérature française à l'université de Berne, puis de Fribourg à partir de 1931. En 1932, Gonzague de Reynold devient vice-président de la Commission de coopération intellectuelle de la Société des Nations. Il reçoit le Grand Prix Schiller en 1955.

La mémoire de l'écrivain fribourgeois, mort en 1970, sera fortement contestée. On met en avant son admiration pour le régime fasciste de Mussolini, et ses aspirations à un modèle politique ouvertement autoritaire. Son oeuvre prolifique, tant sur le plan historique que littéraire, est aujourd'hui quasiment tombée dans l'oubli.