Un métier de fainéant- Contexte

Blaise Cendrars.
  • Culture et Arts
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1 janvier 1957

Instants du monde

"J'aime vivre avec Blaise parce que j'ai l'impression de vivre avec un éléphant merveilleux". Cette jolie déclaration dans la bouche de Raymone Cendrars est sans doute à l'image de la tendre, mais néanmoins souvent déconcertante relation qu'elle et son mari entretenaient. Tous deux répondent au journaliste Dominique Favre dans Instants du monde en 1957.

Jamais en reste en matière de paradoxe, Blaise Cendrars affirme lui que le métier d'écrivain est un métier de fainéant parce que "on reste enfermé, comme aux travaux forcés alors qu'on a pas fait de méfait et vous avez là une tâche horrible qui est de noircir du papier".

Malgré la paresse, l'horreur du labeur sédentaire et le grand nombre de publication, il avait toujours 33 ouvrages en préparation. Peut-être qu'au fond, ce métier, il l'aimait quand même un peu ?

(Source photo: TSR 1964)

Né Frédéric Sauser à la Chaux-de-Fonds, le 1er septembre 1887, Blaise Cendrars, quitte très jeune la Suisse pour St-Pétersbourg où il fait un apprentissage commercial chez un bijoutier. Il vit en Russie de 1904 à 1907.

De retour en Europe, Cendrars entame à l’Université de Berne des études de médecine puis de littérature qu’il ne termine pas, il rencontre sa femme et part vivre avec elle en 1912 à New York où il écrit son grand poème les Pâques à New York, une oeuvre vite reconnue.

Revenu à Paris, il travaille avec Sonia Delaunay  qui va illustrer le poème  Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. Il écrit Le Panama et la majorité des Dix-neuf poèmes élastiques avant de partir pour la Légion étrangère comme  engagé volontaire lors de la première guerre mondiale. Blessé par un obus en 1915, il perd un bras et tombe dans la misère. Cependant habité par une fièvre créatrice, «écrivain de la main gauche», il publie  une série de textes dont  La guerre au Luxembourg. Il obtient la nationalité française.

En 1917, Blaise Cendrars rencontre Raymone Duchâteau avec qui il partagera toute sa vie.

En 1921, il fait paraître Anthologie nègre puis Au cœur du monde en 1922. Le cinéma occupe la majorité de son temps, il est l’assistant d’Abel Gance. Il abandonne la poésie pour se consacrer au roman et publie notamment L’Or (1925),  Moravagine (1926) et Les confessions de Dan Yack (1929) qui obtiennent un énorme succès.

Cendrars participe à la deuxième guerre mondiale en tant que correspondant de guerre du côté britannique. Après la défaite, il se retire à Aix-en-Provence pour écrire une autobiographie très libre en quatre volumes intitulés L’homme foudroyé (1945), La main coupée (1946), Bourlinguer (1948) et Lotissement du ciel (1949), un chef-d’œuvre synthétisant les expériences d’une vie aventureuse et hors du commun et ses recherches poétiques.

Le roman Emmène-moi au bout du monde (1956) sera suivi de Trop c'est trop (1957) et de  son dernier ouvrage Film sans images.

Blaise Cendrars se voit remettre par Malraux l’insigne de commandeur de la Légion d’honneur en 1958 et recevra le prix littéraire de la ville de Paris en 1961, quelques jours avant sa mort le 21 janvier 1961.