Banco pour Papillon

Henri Charrière [Wikicommons]
  • Culture et Arts
  • Audio 13 min.

31 janvier 1973

Journal de midi

A l'occasion de la parution de son nouveau livre Banco, complément du fameux Papillon (1969), Henri Charrière se confie à à Gérard Valbert, quelques mois avant sa mort en juillet 1973. L'occasion pour lui d'évoquer Albertine Sarrazin, dont la lecture du livre L'Astragale l'avait conduit à l'écriture de son fameux récit, plus de 20 ans après sa dernière évasion du bagne.

D'autres thèmes chers à Papillon, la liberté, le franc-parler, l'aventure, sont abordés avec le lyrisme et l'accent fleuri qu'on lui connaît.

(Image: http://www.henricharriere.fr/)

Né en 1906 dans  un petit village haut perché de l'Ardèche dans une famille d'instituteurs, Henri Charrière voit une première fois sa vie basculer à la mort de sa mère en 1917. Il s’ensuivra une vie aventureuse d’insoumis, de l’internat à la Marine nationale, des milieux noctambules d’Aubenas à la vie interlope parisienne. Tripots, champs de courses, petite délinquance constituent son quotidien. Sa belle gueule, son côté bagarreur et sa langue bien pendue y font merveille. Jusqu’au jour où il est accusé d’avoir tué un souteneur, en mars 1930. C'est son tatouage sur le sternum qui lui colla littéralement à la peau: Papillon.

Condamné aux travaux forcés à perpétuité, il est envoyé au bagne de Guyane en septembre 1933. En fait une constellation de camps où le taux de mortalité des nouveaux arrivants avoisine les 50%, ce qui justifie son effrayant surnom: la guillotine sèche. Il y restera treize ans, ne tenant le coup que grâce une idée fixe : se faire la belle. Il y parviendra finalement en 1946, après de huit tentatives. C’est au Venezuela qu’il refait sa vie, de Caracas à Maracaibo, en compagnie de sa nouvelle compagne Rita Ben Simon, qui lui restera fidèle jusqu’à la fin. Hôtels, restaurants, casinos, le goût de la vie festive et aventureuse ne l’a pas abandonné.

Mais ce n’est que vingt ans plus tard que lui vient l’idée de raconter son histoire, qu’il intitule dans un premier temps Les chemins de la pourriture, et  propose à Jean-Jacques Pauvert, éditeur d’Albertine Sarrazin autrice du fameux L’Astragale. Un récit poignant qui a mis Charrière sur les voies de l’écriture. C’est finalement Robert Laffont qui publiera son « roman » sous le titre imposé de Papillon, premier opus de sa nouvelle collection « Vécu ». Ceci ne sera pas pour rien dans la controverse qui suivit le formidable succès du livre, la quantité des tentatives d’évasion de Papillon et la véracité de certains de ses hauts faits étant mises en doute par une partie de la critique française. Une biographie presque définitive, Papillon libéré, signée Vincent Didier, mettra un terme à l’affaire Papillon en soulignant que septante-cinq-pour-cent de ses aventures se révèlent vraisemblables.