Retour sur les Mirages

Kurt Furgler, président de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire des Mirages, 1964. [RTS]
  • L'armée suisse
  • Vidéo 19 min.

18 mars 1974

Archives

En mars 1974, l'émission Archives revient dix après sur l'un des plus grands scandales politiques de la Suisse du 20e siècle: l'affaire des Mirages. En 1964, le dépassement de crédit de 576 millions de francs lors de l'acquisition de cent nouveaux avions de chasse par l'armée suisse a suscité un profond malaise au Parlement et dans l'opinion publique. La confiance du peuple dans ses dirigeants a été minée par la tromperie dont au final le Département militaire fédéral a été accusé.

Dans ce rappel de la controverse, le journaliste Boris Acquadro réalise plusieurs interviews inédites : celle de Marcel Dassault, vendeur français du Mirage, qui était jusqu'ici resté très discret sur l'affaire. Selon l'avionneur, le gonflement du budget des avions de combats s'explique par la volonté de la Suisse de construire elle-même ses appareils selon des exigences techniques très poussées. Si le Conseil fédéral avait acheté ses avions clés en main à Dassault, leur coût en aurait été bien moindre. Autre interlocuteur de Boris Acquadro, Paul Urio, universitaire auteur d'une thèse consacrée à  l'affaire des Mirages. Considérée comme la crise politique majeure de l'après-guerre, celle-ci est révélatrice "d'un certain nombre de carences du système politique suisse": défauts d'organisation, absence de techniques modernes de décision, limites juridiques et sociologiques du Parlement, difficultés des conseillers fédéraux à suivre le travail du département dont ils ont la charge, etc.

Enfin, le reportage donne la parole à l'ex-conseiller fédéral Paul Chaudet, contraint à la démission en 1966 à la suite du scandale des Mirages. Visiblement blessé et amer, l'ancien ministre de la défense continue de refuser et de réfuter les conclusions de la commission d'enquête de l'époque : "Les hommes qui ont cru tirer de l'affaire des Mirages des enseignements valables en matière d'acquisition de matériel de guerre peuvent se rendre compte aujourd'hui que les structures administratives et techniques apparemment les meilleures ne peuvent remplacer dans ce domaine une volonté claire des responsables, leur courage et leur esprit de décision". Il persiste et signe: "Le meilleur enseignement qu'on devrait pouvoir tirer de l'affaire des Mirages, c'est que le budget de l'armée, étant une création continue, devrait pouvoir échapper à des influences politiques momentanées."