Une troubadour
- Littérature suisse
- Vidéo 9 min.
12 mars 1964
A livre ouvert
En 1964, de sa terre natale, la poétesse valaisanne Pierrette Micheloud évoque ses tournées de troubadour des montagnes. A la bonne saison, à vélo ou à pied, elle sillonne les petits villages et lit ses poèmes dans des carnotzets.
«La poésie, c'est la note indéfinissable qui s'ajoute à l'ordinaire.»
Pierrette Micheloud, poètesse et peintre, est née en 1920 à Vex d'un père valaisan et d'une mère jurassienne. Dès 1950, la jeune femme partage son temps entre le Valais et Paris. La capitale française stimule son énergie créatrice alors qu'elle y mène une vie quasi-monacale dans le quartier pourtant animé de Saint-Germain des Prés.
Pierrette Micheloud vit de sa plume et exerce aussi le métier de critique littéraire. Elle collabore à de nombreux journaux suisses ainsi qu'aux Nouvelles littéraires à Paris. Dans les années 70, elle devient rédactrice en chef de la revue parisienne La voix des poètes. En 1980, elle crée la rubrique «Vivante poésie» dans l'hebdomadaire suisse Construire qui présente chaque mois un poète.
Son premier recueil de poèmes, Saisons, est publié en 1945. Suivront notamment Valais de coeur en 1964, Tant qu'ira le vent en 1966, Les mots la pierre en 1983. Son œuvre poétique – une vingtaine de recueils – est récompensée par plusieurs prix. Elle est aussi la cofondatrice du prix de poésie Louise Labé.
Durant l'été, de 1951 à 1968, en véritable troubadour, Pierrette Micheloud sillonne les petits villages de montagne à pied ou en vélo. Au petit matin, afin qu'on ne la voie pas, la poètesse colle les affiches écrites à la main par son père annonçant ses lectures. Le soir, elle se retrouve à lire sa poésie dans des bistrots, devant un auditoire de Valaisans et d'estivants attentifs voire polémiques. Pour elle, les montagnards sont tous des philosophes nés. Lors de ses tournées, Pierrette confie ses livres au car postal et dort chez l'habitant.
Sa poésie est à la fois simple et érudite. Ses thèmes de prédilection sont la nature, la femme et les correspondances avec l'au-delà. Pour elle, la poésie a une mission, elle se doit de lutter contre le matérialisme et éveiller les consciences.
La Valaisanne consacre sa vie à l'écriture. Mais elle prend aussi le temps de peindre et, dès 1983, expose ses œuvres à plusieurs reprises.