Jules Humbert-Droz

Le militant communiste Jules Humbert-Droz en 1971. [RTS]
  • Personnalités
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16 février 1971

Personnalités suisses

Tranquillement assis dans son fauteuil, un homme déjà âgé, au visage glabre et aux épaisses lunettes de myope, lit son journal.

L’allure paisible de Jules Humbert-Droz cache un destin exceptionnel. En effet, il est dans les années 20 un des secrétaires de l’Internationale communiste. Ce Chaux-de-fonnier côtoie Lénine et Trotski. Durant des années, il participe au développement du mouvement communiste révolutionnaire en Europe, avant d’être limogé en 1932 par Staline. Opposé au service militaire, soumis à une surveillance étroite par les autorités suisses, il se retrouvera plusieurs fois dans les geôles de notre pays.

Farouchement opposé aux dérives autoritaires du «petit père des peuples», Jules Humbert-Droz se tourne alors vers le parti socialiste où il militera, tout en poursuivant son activité de journaliste.

L’émission Personnalité Suisse du 16 février 1971 évoque avec Jules Humbert-Droz son destin hors du commun.

Né en 1891 dans une famille ouvrière protestante à La Chaux-de-Fonds, Jules Humbert-Droz est un pasteur, journaliste et militant du Parti communiste suisse et de l'Internationale communiste puis du Parti  socialiste suisse.

A vingt ans, il adhère au Parti socialiste. Après des études de théologie à Neuchâtel, Paris et Berlin, il est pendant un temps pasteur en France et à Londres. Il épouse en 1916 Eugénie Perret qui accompagnera sa lutte politique sous le nom de Jenny Humbert-Droz. Jules Humbert-Droz devient rédacteur du quotidien socialiste La Sentinelle de 1916 à 1919. Emprisonné pour objection de conscience, il fonde la revue Le Phare et se range du côté des partisans de l'adhésion à la Troisième Internationale, il joue un rôle important dans la fondation du Parti communiste suisse en 1921.

Nommé en 1919 secrétaire de l'Internationale communiste, Humbert-Droz part pour Moscou: il est alors chargé des pays latins d'Europe occidentale et d'Amérique latine. Il fréquente Lénine. Puis se range du côté de Staline avant d'être limogé de ses fonctions à l'Internationale par Staline en 1932 pour des motifs idéologiques. Jules Humbert-Droz retrouvera ses fonctions en 1935 lors du 7e Congrès de l'Internationale communiste qui avalise la tactique du front populaire face à la menace fasciste.

De retour en Suisse après son limogeage par Staline, Jules Humbert-Droz est secrétaire du Parti communiste suisse et siège au Conseil national en 1938-1939. En 1942, il est écarté de la direction du Parti communiste suisse et en est exclu pour des raisons politiques et personnelles.

Jules  Humbert-Droz retourne alors à son parti originel, le parti socialiste suisse, il en devient le secrétaire central de 1946 à 1959, puis secrétaire de la section neuchâteloise.

Les mémoires de Jules Humbert-Droz en 4 tomes (dont le dernier achevé par son épouse Jenny Humbert-Droz) apportent un éclairage particulièrement intéressant du monde soviétique. Ardent défenseur de la paix, Jules Humbert-Droz, décédé le 16 octobre 1971, a consacré sa vie à la lutte sociale et politique.