Bénédict Gampert
- Culture et Arts
- Vidéo 26 min.
30 novembre 1973
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Lors d'une série d'émissions destinées aux enfants, le pédagogue Arié Dzierlatka présentait divers instruments de l'orchestre classique. Pour le violoncelle, il a invité l'acteur, violoncelliste et humoriste Bénédict Gampert. Plutôt qu'une présentation traditionnelle, ils ont choisi la forme du spectacle humoristique, spécialité du violoncelliste…
Bénédict Gampert (1939 – 2007) était musicien, comédien, humoriste, et également le directeur du Théâtre du Crève-Coeur à Cologny (GE). Au lendemain de son décès, Le Courrier du 23 mai 2007 lui consacrait cet article :
Homme de scène, il avait repris en 1990 la direction de la petite salle fondée par sa mère dans la maison familiale.
Formé aux Conservatoires de Genève et de Bienne, Bénédict Gampert ajoute, dès son plus jeune âge, la pratique du jeu à celle du violoncelle, interprétant des rôles pour Richard Vachoux, Gérard Carrat et le réalisateur Michel Soutter. Au Petit-Crève-Coeur, qu'il coanime, il présente très jeune ses premiers solos. Dès 1966, il ne se départ plus de ce théâtre-là, fait de doubles, de mime, d'échappées poétiques – répliques et compositions personnelles mêlées. Souvent, il s'accompagne de son violoncelle, «prolongement» de lui-même avec lequel il aime «converser». En 2001, encore, il signe Où es-tu Torpatoff? – dans l'attente beckettienne d'un visiteur omniscient. En 2006, dans ses propres murs, avec Mais le vent décidera, il se frotte à l'improvisation, renouant avec une pratique qu'il enseigne depuis 1984. «On travaillait sur des moments de théâtre qui échappent à tout contrôle, qui sortent du fil narratif classique», se souvient l'une de ses anciennes élèves, marquée, comme beaucoup de ceux qui l'ont fréquenté, par la gentillesse désintéressée de Bénédict Gampert. Depuis trois ans, il s'était retiré du Conservatoire populaire de Genève et se réjouissait d'avoir du temps pour lui, «pour la scène», confiait-il au Courrier l'an dernier. D'autant que la petite équipe de Cologny s'était agrandie, délestant le directeur de quelque travail administratif.
Avec sa femme Anne Vaucher, comédienne, metteure en scène et enseignante elle aussi, ils avaient repris le Crève-Coeur au début des années nonante, faisant de cette petite scène un lieu d'habitués. Ils y ont programmé tout ce que le théâtre compte de grands textes, mais aussi de drames contemporains. On pense notamment à La Femme comme champ de bataille de Mateï Visniec mis en scène par Anne Vaucher et qui révélait le talent de leur fille, Aline Gampert. La pièce, elle, narre la reconstruction d'une âme au lendemain de combats sanglants. Pour diriger son théâtre, Bénédict Gampert s'était doté d'une charte. Il s'imposait d'être «à l'écoute aiguë du présent», appelait à «rencontrer la différence» et à cultiver «une vitalité artistique extrêmement personnelle et indépendante». Des qualités qu'il a sans conteste su pratiquer tout au long d'une carrière singulière – faite d'intimité généreusement dévoilée et d'une grande modestie.(SVA)