Jack Rollan inédit

Des images inédites de Jack Rollan, retrouvées par hasard.
  • Culture et arts
  • Vidéo 10 min.

2 janvier 1974

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Écrivain provocateur, chansonnier iconoclaste, éditeur courageux, pourfendeur de la petitesse de l'esprit suisse, Jack Rollan est mort le 3 mai 2007. Respectant ses dernières volontés, sa famille n'a rendu publique la nouvelle qu'après que ses cendres furent dispersées dans le Léman, au large d'Allaman.

Or, par un étonnant concours de circonstances, nous avons retrouvé ce jour-là, lors d'un inventaire de bobines déposées en vrac dans des cartons aux sous-sols, ces rushes inédits, jamais diffusés, tournés en 1974.

Ces images ne sont que partiellement montées: les prises de vues se suivent avec des arrêts caméra, des reprises sans clap, des coupes abruptes dans le son et l'image. C'est un matériel brut qui présente Jack Rollan, en compagnie de Jacques Huwiler, enregistrant plusieurs de ses chansons.

Qui sait ce que cet homme entier aurait trouvé à redire de se voir ainsi en miniature sur un écran d'ordinateur alors que ses cendres ont été dispersées au vent, lui qui se déclarait «farouchement allergique à toute forme d'éloge funèbre – cette publicité qui vient trop tard.» Et d'ajouter: «Ni fleurs, ni couronnes (ces horreurs) et, surtout, ni discours – cette gloriole pour colonels. Aimez-vous vivant – et ne pleurez pas sur mes tibias», comme le relève Roger de Diesbach dans l'hommage qu'il lui a rendu dans le journal La Liberté du 12 mai 2007.


Jack Rollan aura été tour à tour compositeur, chansonnier, chroniqueur, écrivain, éditeur, homme de radio et de théâtre. Il a connu son plus grand succès à la radio et il a apporté de nombreuses contributions originales à la vie culturelle et artistique romande.




Après un apprentissage de photographe, Jack Rollan, de son vrai nom Louis Plomb, est entré à 16 ans au Théâtre municipal de Lausanne comme figurant-accessoiriste. Il y a appris le chant, puis la batterie, dont il jouera sept ans dans divers orchestres. De sa vie sentimentale tumultueuse, il tire des chansons d'amour qu'il soumet en 1942 à Radio Lausanne. Mais ce sont surtout ses chansons humoristiques qui plaisent.

Il devient rapidement une vedette radiophonique et le reste pendant plus de dix ans. La plus célèbre de ses émission fut le «Bonjour de Jack Rollan», sketches et chansons diffusés chaque semaine et qui connurent un très large succès. En 1946, avec cette autre grande voix de Suisse romande, le journaliste Roger Nordmann, il fonde la Chaîne du bonheur, première émission à but humanitaire faisant appel à la solidarité des auditeurs. Soixante ans plus tard, la Chaîne du bonheur est devenue une œuvre d'entraide d'envergure nationale.

Mais, ne supportant aucune atteinte à sa liberté d'expression, il quitte la radio et devient l'éditeur d'un journal satirique, Le Bonjour de Jack Rollan qu'il lance en 1952. En six ans, 135 numéros paraîtront avec le concours d'humoristes et de dessinateurs romands et parisiens. Le «Bonjour» tirera jusqu'à 100'000 exemplaires.

Jack Rollan se lance alors dans un spectacle monté dans un cirque qui le ruinera. Il devient chroniqueur au journal La Suisse jusqu'en 1974, après que la rédaction lui ait censuré sa dernières chroniques. Il essaie de relancer son journal, mais sans succès. Jack Rollan poursuivra ses chroniques dans le magazine Femina, puis dès 1979, dans le journal Biel-Bienne.

Jack Rollan aura été un artiste courageux qui n'a pas hésité à bousculer et à provoquer la société romande des années 60, mettant l'accent à dénoncer avec humour les injustices et la brutalité du système. Il meurt le 4 mai 2007, à l'âge de 91 ans.