Jo Excoffier

Jo Excoffier lance le 1er magazine culturel de la TSR.
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24 janvier 1963

Domaine public


Le 14 janvier 2006, Jo Excoffier décédait à l'âge de 79 ans. Ancien journaliste et producteur de la TSR, il avait commencé sa carrière en 1950 comme reporter et comédien à Radio-Genève.

Dans cet extrait, il s'exprime à l'occasion du lancement Domaine public, la première émission culturelle de la TSR lancée en 1963.

Jean-Jacques Lagrange, ancien réalisateur de la TSR, lui rend ici hommage:

«Jo Excoffier aura été jusqu'au bout l'acteur enthousiaste de ses passions: le théâtre, la radio, la télévision, la culture et… le sport.

Ses débuts sur les planches du théâtre lui ont offert sa première grande émotion avec la rencontre de Jean Vilar et du TNP qui concrétisa l'idée que Jo se faisait d'une culture populaire à la portée de tous.

Dès 1950, le jeune comédien trouve à la radio ce qui l'intéresse par-dessus tout, un moyen de communiquer avec les autres et il conquiert les auditeurs avec sa voix chaude à la diction précise. C'est là que je le rencontre pour produire avec Olivier Reverdin l'émission «L'heure universitaire». Jo s'investit dans le service public radiophonique. Il en sera un défenseur acharné, ce qui l'amène, en 1953, à prendre la responsabilité des émissions d'Actualités nationales à Radio-Genève.

Mais cette même année, nous suivons aussi René Schenker à Mon Repos pour lancer la télévision genevoise expérimentale. De ce double travail, la journée à la radio, la nuit et les week-ends à la TV, il nous reste le souvenir d'une aventure excitante où tout est à créer. Jo y apportera son enthousiasme, son énergie et sa grande connaissance du monde culturel tout en s'initiant au langage par l'image.

L'univers du théâtre, de la danse et de la musique, il le fait ensuite connaître sur les ondes par ses magazines «La terre est ronde» et «Sur les scènes du monde». Ce rôle de passeur culturel lui permet de présenter aux auditeurs romands les plus grands créateurs qui marquent de leur empreinte les scènes européennes de la seconde moitié du siècle. Il les rencontre tous: acteurs, metteurs en scène, danseurs, chorégraphes, musiciens. Il les décrit avec justesse, il les fait parler avec émotion.

Mais l'expérience TV l'a marqué et, en 1959, il y revient comme chef du service dramatique. Il impose tout de suite une vision éclectique dans le choix des pièces qu'il nous demande de réaliser mais aussi, pour la première fois, il commande des scénarios originaux à des auteurs romands: Michel Viala, Louis Gaulis, Paul Lambert ou Walter Weideli.

Dès 1962, Jo retourne pour un temps à sa première passion de la scène comme comédien dans le rôle de Bolingbrocke de «Richard II» ou comme metteur en scène, entre autres, de «Maria Pineda» de Garcia Lorca et du «Songe d'une nuit d'été».

Mais l'intérêt qu'il porte à la communication le fait revenir à la télévision. Il le dira plus tard dans une interview: «Pour moi, la télévision est le meilleur moyen de communiquer les choses de la culture au plus grand nombre et de faire en sorte que ce ne soit plus quelques privilégiés qui seuls bénéficient des spectacles et des œuvres d'hier et d'aujourd'hui».
Pour mettre en pratique ses idées, Jo, devenu producteur autant que journaliste, crée «Domaine public», le premier magazine culturel TSR, puis participe à la série plus remuante de «Canal 18/25» et aux grandes soirées de «La lucarne ovale» ou encore à « Plateau libre ». Il lance ensuite un nouveau magazine culturel «Ticket de première» et rejoint «Viva» Des émissions pour lesquelles il fera des dizaines de reportages ou de portraits, de Daniel Schmid à Martha Argerisch, d'Ella Maillard à Pina Bausch. Dans toutes ces émissions, il vulgarise avec talent les aspects les plus audacieux de la vie culturelle qu'il met à la portée de tous.

Le temps de la retraite venu ne calme pas l'énergie de Jo qu'il oriente vers des activités plus sociales comme l'enregistrement des livres lus pour les aveugles et la formation des lecteurs bénévoles, comme les travaux de la commission de la culture attribuant les subventions du canton de Genève aux théâtres indépendants, comme la mise en scène d'une pièce de Vaclav
Havel avec la troupe de L'Echo de Vernier, travail qui va être repris par son assistante Marie-Claude Baudois.

En 2003, quand Raymond Vouillamoz me demande de former une équipe pour produire 5 DVD d'archives à l'occasion du cinquantenaire de la TSR, nous pensons tout de suite à Jo qui sera rejoint par Valérie Burgy et Michel Dami.

Pendant six mois, nous fouillons cinquante ans de films et de vidéos pour sélectionner 250 extraits d'émissions et Jo trouve dans ce travail d'équipe une passion renouvelée pour l'image et pour l'aventure de la TSR. De sa petite écriture sautillante, il rédige avec talent des textes de présentation concis et ciselés. Nous nous appuyons sur sa mémoire infaillible, nous partageons son optimisme, son humour malicieux mais aussi sa jeunesse d'esprit qui l'a tout de suite fait se passionner pour les nouveaux médias de l'informatique et du DVD.

Pour le nouveau site internet, c'est donc tout naturellement au plus ancien journaliste de la télévision que je demande de faire l'interview du nouveau directeur Gilles Marchand afin de présenter la TSR du 21e siècle! Cette interview placée sur le site web illustre parfaitement ce qui a été le cheminement de Jo: être un lien entre les générations et avoir une curiosité inépuisable et permanente, ouverte sur notre monde en changement.

Je vous ai parlé de Jo au présent… parce qu'on ne va pas oublier de sitôt son rire sonore, sa démarche sportive et son inséparable écharpe blanche, parce que son œuvre reste vivante, parce qu'il a tellement marqué l'histoire de la TSR.» (J-JL)