Beate Klarsfeld
- Guerres et conflits
- Vidéo 15 min.
13 mars 1973
A témoin
A la fin de Seconde Guerre mondiale, de nombreux criminels de guerre nazis échappent aux arrestations et aux procès. Certains fuient à l'étranger, d'autres se cachent en Allemagne.
Dans les années 60, pour la jeune génération dont fait partie Beate Klarsfeld, l'Allemagne doit se confronter à son passé. Et c'est dans la recherche de longue haleine des anciens criminels nazis qu'elle se lance avec son mari Serge.
Dans cet entretien accordé à Pierre Kramer, Beate Klarsfeld revient sur l'évènement qui la fit connaître du grand public: la gifle qu'elle administra en 1968 au chancelier Kurt Georg Kiesinger, ancien officier de la propagande. Elle parle également des principales traques qu'elle a menées dans le monde, notamment en Amérique du Sud.
Beate Klarsfeld, née Beate Auguste Künzel, a vu le jour le 13 février 1939 à Berlin. Elle s'est mariée en 1963 avec Serge Klarsfeld, écrivain, historien et avocat de la cause des déportés en France. Le couple a réussi à amener plusieurs criminels nazis devant les tribunaux, dont le plus connu est Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo de Lyon.
En 1968, après avoir giflé le chancelier allemand Kiesinger à une réunion de son parti – officier nazi, il avait travaillé pour la propagande – Beate Klarsfeld déclara à un journaliste: «Je suis allée à Berlin et j'ai giflé le chancelier au congrès de son parti. J'ai crié “Kiesinger, nazi, démissionne”. Les médias étaient présents. Symboliquement, je représentais la jeune génération qui gifla le “père” nazi. C'était une action spectaculaire. Une gifle, ce n'est pas une violence, mais ça a marqué le peuple allemand et montré que la jeunesse allemande refusait que d'anciens nazis occupent des postes importants dans leur gouvernement. »
Le 9 juillet 1979, le couple Klarsfeld échappe à un attentat fomenté par le réseau nazi Odessa. Cette année-là, Serge et Beate Klarsfeld fondent L'Association des fils et filles des déportés de France et en 1986, ils mènent campagne contre Kurt Waldheim, officier nazi élu président de l'Autriche.