Jacques Isorni

L'avocat, qui a plaider la défense de Pétain, est en Suisse.
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5 février 1967

Carrefour


Avec un certain aplomb, Jacques Isorni, interrogé par Carrefour lors de sa venue en Suisse à l'invitation de l'Association romande de Conférence de langue française, laisse entendre qu'il existe une ressemblance entre le procès de Jésus et celui du maréchal Pétain. Pour l'avocat, Jésus et Pétain ont tous deux été condamnés à mort pour des faits qui se produisirent sous l'occupation de leur pays.

Jacques Isorni n'accepta jamais la condamnation du maréchal Pétain. En 1984, il publia dans le journal Le Monde un long article où il reprenait les principaux arguments de sa défense de 1945 et il participa notamment à la création de l'Association pour la défense du maréchal Pétain (ADMP).


Jacques Isorni est né à Paris, le 3 juillet 1911. Avocat, il fut l'une des grandes figures du barreau français du XXe siècle.

Sous l'occupation, il défend les communistes poursuivis par les tribunaux d'exception créés par Vichy. A la Libération, Jacques Isorni prend la défense de Robert Brasillach, l'écrivain et rédacteur en chef du journal collaborationniste Je suis partout, condamné à mort et exécuté le 6 février 1945. Jacques Isorni assure ensuite la défense du maréchal Pétain en compagnie du bâtonnier Fernand Payen et de Jean Lemaire. Le maréchal Pétain fut condamné à mort mais sa peine fut commuée en réclusion à perpétuité par le général de Gaulle.

Élu député de Paris en 1951, Jacques Isorni fait de l'amnistie des collaborateurs son programme politique, à l'exception de ceux qui ont coopéré avec les forces armées allemandes ou qui, par leurs actes ou leurs écrits, ont provoqué la torture, la déportation ou la mort. Jacques Isorni s'engage également dans la défense des nationalistes tunisiens devant les tribunaux militaires français siégeant à Tunis. Réélu en 1956, il se fait remarquer en déposant la seule proposition de loi de la législature visant à l'abolition de la peine de mort et en étant le rapporteur du texte qui, en 1957, porte création du code de procédure pénale, lequel renforce la protection des justiciables.

En 1958, il est le seul député de droite (Isorni fait alors partie du groupe des indépendants et paysans dirigé par Antoine Pinay) à voter contre l'investiture du général de Gaulle. Partisan du maintien de l'Algérie dans la souveraineté française, il assure en 1961 la défense du général Bigot qui avait participé au putsch des généraux. Il défend également en 1963, lors du procès du Petit-Clamart, l'un des conjurés de l'attentat manqué contre de Gaulle.

Isorni n'accepta jamais la condamnation du maréchal. Il ne cessa de publier des livres et de déposer des requêtes pour obtenir la révision du procès. Dans ce but, il participa notamment à la création de l'Association pour la défense du maréchal Pétain (ADMP). Il meurt à Paris, le 8 mai 1995.