Nasser répond
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28 janvier 1962
Continents sans visa
Fin juillet 1961, d'importantes mesures de nationalisation sont prises en Egypte, visant les principales sociétés financières, commerciales et industrielles. Un millier de biens privés égyptiens et étrangers sont mis sous séquestre, dont la propriété de plusieurs familles suisses. En outre, des Suisses résidant en Egypte se voient refuser l'autorisation de quitter le pays.
Cette interview du président Nasser, réalisée en janvier 1962 par l'équipe de Continents sans visa, favorisera l'amélioration des relations entre l'Egypte et la Suisse. Nasser manifeste en effet une certaine ouverture et exprime sa volonté de conserver des relations amicales avec la Suisse.
A la suite de cet entretien, l'ambassadeur de Suisse au Caire fait de nouvelles démarches auprès du gouvernement égyptien. Le 6 mars 1961, l'Egypte donne via son ambassadeur à Berne une réponse favorable à l'ouverture de négociations.
Dans cette interview, Nasser rappelle que la politique de nationalisation n'a d'autre but que de «libérer les gens de la féodalité, leur donner la liberté, leur accorder leurs droits, les libérer de la domination capitaliste…»
Au journaliste Georges Vaucher, le Raïs rappelle cette vérité: «La Suisse n'a pas été soumise au colonialisme. Nous avons été soumis au colonialisme, nous avons souffert du colonialisme. Nous avons souffert de la domination britannique pendant 75 ans. Nous avons pu nous débarrasser de l'occupation britannique. Nous avons le ferme dessein de construire notre pays. C'est la différence entre vous et nous.»
Père de la révolution égyptienne qui renversa la monarchie en 1952, Gamal Abdel Nasser (1918 – 1970) contribua à l'émergence du tiers-monde comme force politique. Adulé après la nationalisation du canal de Suez, il devint le leader du panarabisme.
Jeune officier, il se veut très tôt à l'écoute du peuple égyptien avec lequel il partage les sentiments antibritanniques. En 1938, il fait la connaissance d'Anouar el-Sadate. Ensemble ils jure de «libérer l'Egypte». Durant la guerre, Nasser reste du côté des Alliés et découvre la doctrine marxiste qui aura une grande influence sur son évolution intellectuelle.
En mai 1948, Nasser participe à la guerre contre Israël et constate l'état d'abandon de l'armée égyptienne. Au lendemain de la défaite, il fait partie des officiers qui mettent en cause le régime du roi Farouk.
Le 26 janvier 1952, les Britanniques ouvrent le feu sur des policiers égyptiens dans la zone du canal et provoque une explosion nationaliste qui dégénère en émeute. Dans la nuit du 22 au 23 juillet, Nasser s'empare du pouvoir et prend le commandement du Conseil de la révolution, laissant au très populaire général Néguib le poste de chef de l'Etat.
Rompant avec Néguib deux ans plus tard, Nasser met en place son pouvoir personnel. Il s'appuie sur l'armée et sur une large fraction de la paysannerie. Bientôt se rejoignent à lui les fonctionnaires et les petits industriels. Mais Nasser demeure peu populaire. C'est au retour de la conférence de Bandung, en 1955, qu'il obtient une la reconnaissance des masses.
Le 26 juillet 1956, alors que Nasser s'est tourné vers l'URSS pour obtenir le soutien que l'Occident refuse de lui donner, il annonce la nationalisation du canal de Suez pour financer la construction du barrage d'Assouan. Mais les Britanniques, les Français et les Israéliens tentent une action militaire qui tourne court sous la pression des Américains et des Soviétiques.
L'épisode de Suez donne à Nasser une stature internationale. Il développe le « nasserisme », doctrine qui allie le panarabisme exhortant à l'union contre Israël et un socialisme à l'égyptienne. Après la défaite de la guerre des Six-Jours, en 1967, Nasser se réfugie dans l'exaltation du sentiment national qui culmine avec l'inauguration du barrage d'Assouan, construit avec l'aide des Soviétiques. Il passe les trois dernières années de sa vie à réexaminer la question israélienne, sa politique extérieure est alors moins marquée par le panarabisme.
En juillet 1970, Nasser accepte le plan de paix avec l'Etat hébreu que propose Washington et s'interpose entre Jordaniens et Palestiniens, alors en conflit. Il meurt d'une crise cardiaque, le 28 septembre 1970.