Sortir du nucléaire

Fermer les centrales? La question ardue soumise au peuple.
  • Politique et Institutions
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13 avril 2003

Droit de cité

Sortir du nucléaire et Moratoire plus, deux nouvelles initiatives antinucléaires mais les mêmes thèmes de débat: la sécurité des centrales atomiques, le traitement des déchets nucléaires et les projets d'énergies alternatives. S'y ajoute cependant la question du vieillissement des centrales qui rend encore plus pressante la question du désengagement du nucléaire. Oui ou non, peut-on remplacer la part du nucléaire dans la production d'électricité en Suisse?

Le débat de ce Droit de cité d'avril 2003 est mené par Manuelle Pernoud. Il oppose Martin Pfisterer, membre de la direction des Forces motrices bernoises et Serge Beck, conseiller national libéral vaudois qui représentent les tenants du nucléaire à Isabelle Chevalley, membre libéral du Comité «Pour un choix responsable» et Christian Van Singer du Comité «Sortir du nucléaire» qui soutiennent les initiatives antinucléaires. Dans le public, intervient également Bruno Pellaud, membre de l'Association suisse pour l'énergie atomique, l'expert incontesté du nucléaire suisse dès les années 80.


La Suisse utilise l'énergie nucléaire pour produire de l'électricité, depuis 1969. Les 5 centrales nucléaires du pays -Beznau I et II, Mühleberg, Gösgen, Leibstadt- ont été mises en service entre 1969 et 1984 sous le régime de la loi atomique de 1959.






Les Suisses ont voté à plusieurs reprises sur la question nucléaire :

Dans les années 70, avec l'émergence d'un mouvement contre le nucléaire civil animé par des préoccupations environnementalistes, l'opposition au projet de Kaiseraugst en 1975 marque un tournant dans la contestation nucléaire en Suisse. Des initiatives sont lancées en 1976, l'une d'elles intitulée Pour la sauvegarde des droits populaires et de la sécurité lors de la construction et de l'exploitation d'installations atomiques aboutit mais est rejetée de justesse en votation populaire le 18 février 1979.

En septembre 1984, deux initiatives Pour un avenir sans nouvelles centrales atomiques et Pour un approvisionnement en énergie sûr, économique et respectueux de l'environnement proposent aux Suisses de renoncer à l'énergie atomique. Les deux projets sont rejetés par 55% pour le premier texte et par 54,2% des voix pour le second.

Le 23 septembre 1990, le peuple rejette l'initiative intitulée Pour un abandon progressif de l'énergie atomique, avec 52,9% de non. Le même jour la votation sur l'initiative populaire Halte à la construction de centrales nucléaires (moratoire) est acceptée avec 54,5% de oui. Cette votation aboutit au gel pour une durée de dix ans des autorisations de construction de centrales nucléaires en Suisse.

En mai 2003, Sortir du nucléaire – Pour un tournant dans le domaine de l'énergie et pour la désaffectation progressive des centrales nucléaires ainsi que Moratoire-plus – Pour la prolongation du moratoire dans la construction de centrales nucléaires et la limitation du risque nucléaire font l'objet d'une votation. Le peuple rejette pour la quatrième fois une sortie du nucléaire avec 66% de voix contre Sortir du nucléaire et 58,4% contre le Moratoire.

En 2008, trois exploitants de centrales nucléaires présentent des demandes d'autorisation générale pour de nouvelles centrales. Le 15 novembre 2010, l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) déclare adéquats les sites de Mühleberg, Beznau et Gösgen.

Suite aux accidents nucléaires de Fukushima au Japon de mars 2011, le Conseil fédéral annonce une suspension des projets de renouvellement des centrales.