Leçon d'histoire
- Catastrophe
- Vidéo 1 min.
29 août 2015
19h30
En août 2015, à l’occasion du 50 anniversaire de la tragédie de Mattmark, les universitaires Toni Ricciardi, Sandro Cattacin et Rémi Badouï publient une étude historique revenant sur l’événement. Au-delà de son bilan humain, le drame de Mattmark met en lumière les conditions de travail dangereuses et précaires des ouvriers, en grande majorité d’origine italienne. Peu de temps avant le drame, un inspecteur du travail passé sur les lieux les avait d’ailleurs dénoncées.
En ce milieu des années 60, la xénophobie était une réalité en Suisse et le traitement infligé aux travailleurs saisonniers en fut bien l'une des expressions.
Le 30 août 1965, un pan du glacier de l’Allalin, au-dessus de Saas-Fee, s’effondre sur les baraques de chantier du barrage de Mattmark. 88 ouvriers périssent dans la catastrophe. Parmi eux 23 Suisses et 57 Italiens. Le drame de Mattmark émeut l'Europe entière. Des chefs d'Etats et le pape Paul VI adressent des télégrammes de condoléances. Un élan de solidarité se crée : la Croix-Rouge française envoie un chèque de 10'000 francs et la ville de Milan verse 35'000 francs dans un fonds pour les familles.
Outre son tragique bilan humain, l’événement va mettre en lumière les conditions de travail dangereuses et précaires de ces travailleurs en majorité étrangers. Les familles des victimes porteront plainte contre les responsables du chantier, directeurs, ingénieurs et fonctionnaires. Portée devant la justice en 1972, l’affaire sera jugée par le tribunal de Viège, qui acquittera les 17 accusés. Ce verdict sera confirmé en appel, le juge faisant même peser la moitié des frais de justice sur les plaignants. Cette décision provoquera colère et amertume en Italie, où l’Etat finira lui-même par prendre en charge ces frais.