Procès d'un Khmer rouge
- Justice et Faits divers
- Vidéo 6 min.
17 février 2009
Le Journal
A Phnom Penh en 2009, ouverture du procès de Kaing Guek Eav, connu sous le nom de Douch, ex-chef du centre de détention et de torture S-21, la prison Tuol Seng.
Premier responsable khmer rouge à comparaître devant un tribunal cambodgien à participation internationale, il est accusé de crime de guerre et de crimes contre l'humanité. Près de 2 millions de Cambodgiens ont été exécutés, sont décédés sous la torture ou morts de faim, de maladie ou d'épuisement sous le gouvernement khmer rouge.
C'est une première, ce Tribunal spécial n'est pas situé en dehors des frontières du pays comme l'était le tribunal pour l'ex-Yougoslavie ou le Rwanda mais au Cambodge. Un reportage souligne les particularités de cette juridiction exceptionnelle, située sur les lieux même des crimes et avec la constitution de parties civiles. La mise en place de ce tribunal aura duré plus de 10 ans, probablement pour ne pas mettre en cause d'anciens Khmers rouges encore au pouvoir.
Sur le plateau Carole Vann, journaliste Infosud, décrit la situation sur place, l'attente, les espoirs et les doutes des Cambodgiens face à ce procès.
Quelques repères historiques:
Le 10 août 2001, promulgation au Cambodge de la loi instaurant un tribunal spécial mixte cambodgien avec participation de juges internationaux pour juger les anciens chefs Khmers rouges responsables du génocide cambodgien qui a fait près de 2 millions de morts entre 1975 et 1979. Par cette loi sont créées les Chambres Extraordinaires au sein des Tribunaux Cambodgiens (CETC).
Le 6 juin 2003, accord entre le Cambodge et les Nations unies sur la création d'un tribunal spécial à participation internationale chargé de juger les dirigeants du Kampuchéa Démocratique ainsi que les principaux responsables des crimes et violations graves du droit pénal cambodgien et du droit international humanitaire.
Le 3 juillet 2006, inauguration à Phnom Penh du Tribunal spécial. Il réunit 30 magistrats, 17 Cambodgiens et 13 juges internationaux, qui prêtent serment le 3 juillet. L'instruction du procès des principaux responsables du génocide débute le 10 juillet et le procès est prévu mi-2007. L'ensemble du processus est estimé à 56.3 millions de dollars et doit durer 3 ans.
Le 31 juillet 2007, inculpation pour crimes contre l'humanité de Kang Kek dit "Douch", ex-directeur du centre de détention Tuol Sleng (S-21) situé au coeur de la capitale.
Le 17 février 2009, ouverture du procès de l'ex-tortionnaire en chef du régime des Khmers rouges, Kain Guek Eav. Accusé de génocide, il est le premier à comparaître devant un tribunal cambodgien à participation internationale installé à Phnom Phen.
Le 27 novembre 2009, il demande son acquittement alors qu'il a plaidé coupable. Il reconnaît ses crimes mais n'estime pas avoir été un haut dignitaire du régime de Pol Pot. Le verdict rendu le 26 juillet 2010 le condamne à 35 ans de réclusion pour crimes contre l'humanité. L'accusé fait appel et un nouveau procès s'ouvre le 28 mars 2011, à l'issu duquel il est condamné à la prison à perpétuité, pour meurtre, torture, viol et crimes contre l'humanité.