Raymond Aron

La rébellion des étudiants aura été un anachronisme.
  • Culture et arts
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13 juin 1968

Point


Un lapsus au début de cette interview: «objecteur» ou «observateur»? Raymond Aron avoue d'emblée la difficulté qu'il éprouve à analyser les événements de Mai 68, dans l'état de colère et d'indignation qui est le sien, et pourtant. Il livre une vision posée de ces «jours d'illusion lyrique» que rien ne laissait présager.

Sa critique du mécanisme de la révolte, depuis les premières manifestations des étudiants jusqu'aux grandes grèves qui ont paralysé la France, met en lumière l'alliance entre le gouvernement et le parti communiste pour éviter une déroute du pouvoir. Le PC avait en effet intérêt à maintenir provisoirement le gaullisme dont la politique préparait, selon lui, à une bipolarisation de la société.

Quant à cette «répétition d'une révolution libertaire» qu'est Mai 68 aux yeux de Raymond Aron, elle est, «au milieu du XXe siècle, un anachronisme.» Reste que la société française a vécu «quatre semaines que nous n'oublierons pas.»


Raymond Aron est né le 14 mars 1905 à Paris. Philosophe et sociologue, rédacteur en chef de La France libre à Londres, de 1940 à 1944, il est l'un des fondateurs, avec Jean-Paul Sartre, des Temps modernes. De 1974 à 1977, il est éditorialiste au Figaro et il enseigne à la Sorbonne, puis au Collège de France. Il est considéré comme l'un des principaux critiques du marxisme par ses analyses économique, sociale et politique du monde contemporain qui expose notamment dans Le Grand Schisme (1948), L'Opium des intellectuels (1957), Dix-huit leçons sur la société industrielle (1963). Il publie ses Mémoires en 1983, quelque mois avant de mourir, le 17 octobre.