Un scrutin tendu

Débat autour de la solution des délais
  • Enjeux de société
  • Vidéo 12 min.

13 septembre 1977

Tell Quel

Le 25 septembre 1977, les citoyennes et citoyens suisses devront s’exprimer sur l’initiative dite de « la solution du délai » qui propose l’avortement libre et sur demande de la femme lors des douze premières semaines de la grossesse. À cette occasion, l’émission Tell quel organise sa première édition en invitant 50 opposant.e.s et 50 partisan.e.s pour débattre de l’initiative. On y retrouve des personnalités politiques, des médecins, des gynécologues, des scientifiques, des militantes féministes, mais également des femmes qui témoignent de leur expérience avec l’interruption de grossesse. L’émission commence avec la projection d’un petit film réalisé par la rédaction de la TSR qui met en scène la situation d’une Fribourgeoise en difficulté pour obtenir l’autorisation d’avorter dans son canton.

Au fur et à mesure de la soirée, le ton monte et le présentateur Gaston Nicole peine à canaliser les émotions des participant.e.s. Les partisan.e.s à l’initiative ne veulent pas encourager l’avortement, mais constatent qu’il s’agit d’une pratique courante qu’il est préférable de libéraliser. Ainsi, les femmes qui veulent y avoir recours pourront le faire dans de bonnes conditions et l’avortement clandestin n’aura plus lieu d’être. Pour les opposant.e.s, le régime du délai met en péril le droit à la vie de l’embryon considéré comme un être humain à part entière dès la conception. Les échanges se transforment en un débat principalement moral et éthique qui met de côté la parole des femmes. Au bout de deux heures d’émission, des femmes se révoltent et veulent prendre la parole en tant que premières concernées par le problème de l’avortement.

Le verdict tombe le 25 septembre 1977. Après une participation nationale historique, 51,7 % des votant.e.s refusent la solution du délai. En 1978, la loi fédérale sur la protection de la grossesse et le caractère non punissable de son interruption est également rejetée par référendum à 69 % des voix. Le statu quo s’installe jusqu’au début des années 1990.