La P-26

Le Parlement découvre une armée secrète de résistance.
  • L'armée suisse
  • Vidéo 36 min.

28 novembre 1990

Tell Quel

En 1990, une cascade de scandales fait éclater l'affaire de la P-26 (Projet 26) qui marquera durablement les esprits. Dans la suite de l'affaire des fiches révélée par la commission d'enquête parlementaire sur le Département fédéral de Justice et Police (DFJP), une enquête est également lancée sur le fonctionnement du Département militaire fédéral(DMF), sous la pression de certains journalistes et d'une partie de l'opinion publique.

La presse révèle en février 1990 l'existence de la P-26, une «armée secrète» dont seuls quelques membres de l'administration fédérale connaissaient l'existence. Les membres de cette P-26 se recrutent aussi bien dans l'industrie, la finance, l'enseignement que dans l'armée. Certains d'entre-eux sont entraînés au maniement des armes et aux techniques de subversions.

En plein scandale, la TSR organise une émission spéciale animée par Dominique Von Burg avec la présence de Georges-André Chevallaz, conseiller fédéral radical vaudois en charge des affaires militaires et Werner Carobbio, conseiller national socialiste et membre de la Commission d'enquête parlementaire.

Les conditions d'activation de la P-26 sont un des sujets qui choque particulièrement. En effet, on peut lire dans un rapport de 1982 du chef de l'Etat-major général de l'armée à usage confidentiel (même du Conseil fédéral) ce passage : «Un bouleversement politique intérieur par chantage, subversion et/ou autres activités comparables, constitue apparemment une possibilité [d'engagement]. Dans ce cas également, l'objectif est une occupation de toute la Suisse.»


Chronologie sommaire:

1957: le divisionnaire Franz Fey dirige sur mandat politique un réseau clandestin.

1966: l'organisation de résistance passe au Groupe renseignement et sécurité (GRS).

Années 70: l'organisation se structure sous l'impulsion du colonel Bachmann en un Service spécial, un Service de renseignement extraordinaire et un Service privé (sic).

1981: un groupe de travail des Chambres sous la direction de Jean-Pascal Delamuraz enquête mollement sur l'affaire Bachmann.

1979-1980: création de la P-26 et P-27, Georges-André Chevallaz est alors au DMF.

1989: Affaire Kopp, le mari de la conseillère fédérale est membre de la P-26.

Janvier-février 1990: révélation sur un fichier de militaires suspectés de «subversion» au DMF.

Février 1990: mise en congé de Peter Huber, chef de la police fédérale.

26 février: la Schweizeriche Illustriert révèle l'existence d'une «armée secrète» (la P-26) gérée par le Groupe renseignement et sécurité (GRS) au DMF.

Mars 1990: instauration d'une Commission d'enquête parlementaire sur le DMF à mandat limité.

Mai 1990: démission de Hans Schlup, chef du GRS qui a caché la vérité sur des fichiers à Kaspar Villiger.

Août 1990: révélation des noms du conseil parlementaire de «l'armée secrète» dont Jacques-Simon Eggly, libéral romand.
été 1990: l'affaire Gladio éclate en Italie et la presse fait le lien avec la P-26.
28 novembre 1990: la Weltwoche dévoile le nom de «Rico», le chef de la P-26, Efrem Cattelan
12 décembre 1990: suppression par Kaspar Villiger de la P-27 après la publication par la presse du nom de son chef
Janvier 1991: le Conseil fédéral mandate le juge Pierre Cornu sur d'éventuels liens entre la P-26 et des organisations similiaires en Europe occidentale.
Septembre 1991: publication d'une partie du rapport Cornu, qui prouve des liens entre la P-26 et les Services secrets anglais.