Opération Enfants de la grand-route

Opération Enfants de la grand-route
  • Enjeux de société
  • Vidéo 25 min.

4 février 1999

Temps présent

Depuis 1987, les dossiers de Pro Juventute concernant la persécution des tsiganes en Suisse dorment à Berne. Ces archives, qui n'ont pas encore livré tous leurs secrets, sont ouvertes aux seuls Yéniches et exceptionnellement aux chercheurs. Ce reportage réunit de nombreux témoignages de victimes de l'opération « Enfants de la grand route.»

Le scandale avait éclaté en 1972. L'hebdomadaire "Der Beobachter" dénonçait l'opération "Enfants de la grand route". Sous l'égide de Pro Juventute, des centaines d'enfants tziganes avaient été enlevés de force à leurs familles dans le but d'éradiquer le nomadisme en Suisse. Une opération rondement menée par le docteur Alfred Siegfried qui s'appuyait sur des théories eugénistes qui ont par ailleurs conduit à l'extermination de cinq cent mille tziganes durant la seconde guerre mondiale.

En Suisse, c'est à grand renfort d'expertises psychiatriques que l'on a cherché à prouver l'infériorité héréditaires des Jenish. De 1926 à 1972, les humiliations, les maltraitances, les internements psychiatriques et les stérilisations forcées ont été le lot de ces nomades, volontiers catalogués dans les débiles et les psychopathes.

Le vent de l'histoire a tourné. La Confédération a reconnu sa responsabilité et versé onze millions d'indemnités. Mais le demi siècle durant lequel l'opération "Enfants de la grand route" s'est efforcée de détruire l'identité et les traditions tziganes a laissé des blessures qui ne guériront pas. En décimant plusieurs générations elle a interrompu la chaîne de transmission des traditions. Les Jenish sont aujourd'hui trente-cinq mille en Suisse, et seuls cinq mille d'entre eux sillonnent encore les routes de notre pays.

Après le mea culpa de Pro Juventute, nombre d'entre eux ont fait des recherches pour retrouver leurs familles, leurs racines. Leurs témoignages révèlent toute l'horreur et la cruauté qu'ils ont subies. Et l'amertume prend le dessus lorsqu'affleure le constat que cette persécution leur a coûté leur cohésion et leur sentiment d'appartenance.