L'avocate de la Chine
- Autres pays et peuples
- Vidéo 14 min.
13 février 1970
Temps présent
L'écrivain Han Suyin, établie à Lausanne, se mue en avocate de la Révolution culturelle dans cette interview accordée à Temps présent en février 1970. Elle défend en effet la consolidation de l'action de Mao dont l'appel à s'élever contre les membres de la bureacratie qui ont trahit la véritable révolution sera à l'origine d'une terrifiante épuration.
Avec conviction et aplomb, Han Suyin n'hésite pas à dresser un parallèle entre la Renaissance en Europe et la Révolution culturelle en Chine…
Ce document a été diffusé à l'antenne sous le titre original : La chine d'Han Suyin
Han Suyin est le pseudonyme d'Elisabeth Comber, née Chou Kuanghu, auteur d'origine chinoise mais résidant à Lausanne, en Suisse, dont les ouvrages ont eu un rayonnement mondial.
Née d'un père chinois et d'une mère flamande, Han Suyin a accédé à la notoriété internationale en écrivant des livres en anglais, en français et en chinois, consacrés pour la plupart à la Chine et en conquérant des millions de lecteurs.
Outre divers essais socio-politiques, elle a publié des ouvrages à caractère historique et autobiographique et plusieurs œuvres de fiction.
La Grande Révolution culturelle prolétarienne, plus couramment la Grande Révolution culturelle, ou simplement la Révolution culturelle, est une période de l'histoire chinoise qui commence en 1966 et s'achève à la mort de Mao Zedong en 1976. D'autres auteurs estiment que les événements de la Révolution culturelle stricto sensu concernent la période qui va de septembre 1965 à avril 1969.
Suite aux conséquences de la politique économique décidée par Mao lors du Grand Bond en avant de 1958, celui-ci quitta son poste de président de la République populaire de Chine. Le Congrès national populaire élit alors Liú Shàoqí comme successeur de Mao Zedong. Même s'il reste officiellement à la tête du Parti Communiste Chinois (PCC), Mao fut peu à peu éloigné de la gestion des affaires économiques du pays qui fut confiée à une élite plus modérée, essentiellement dirigée par Liu Shaoqi, Deng Xiaoping et quelques autres.
En 1966, Mao décida de lancer la Révolution culturelle qui lui permit de revenir au pouvoir en s'appuyant sur la jeunesse du pays. Le dirigeant souhaitait purger le PCC de ses éléments «révisionnistes» et limiter les pouvoirs de la bureaucratie.
Les fameux «Gardes rouges», des groupes de jeunes Chinois inspirés par les principes du Petit Livre rouge devinrent le bras actif de cette Révolution culturelle. La jeunesse fut incitée à remettre en cause toute hiérarchie, notamment la hiérarchie du PCC alors en poste. Les intellectuels furent également publiquement humiliés, les mandarins et les élites bafouées, de nombreuses valeurs culturelles chinoises et de nouvelles valeurs occidentales étaient dénoncées au nom de la supériorité du peuple et de ses droits.
Le volet culturel de cette révolution consistait par exemple à éradiquer les valeurs traditionnelles. C'est ainsi que des milliers de sculptures et de temples (bouddhistes pour la plupart) furent détruits.
L'expression politique se libérait par le canal des « dazibao », affiches placardées par lesquelles s'exprimaient ces jeunes. Ces gardes rouges ont inspiré dans une certaine mesure les mouvements de mai 1968 qui éclatèrent un peu partout dans le monde. Une période de chaos s'ensuivit qui mena la Chine au bord de la guerre civile, avant que la situation soit peu à peu reprise en main par Zhou Enlai.
Cette agitation permit à Mao de finalement reprendre le contrôle de l'État et du Parti communiste.