A chances égales
- Enjeux de société
- Vidéo 42 min.
16 décembre 1971
Temps présent
En 1971, Temps Présent retourne sur les bancs d'école pour savoir ce qu'il en est de la démocratisation des études à Genève.
En 1962, dans le cadre de la réforme du système éducatif genevois, le cycle d'orientation est créé. Les différents types d'études, humanistes ou professionnelles sont ainsi regroupés dans cette "école moyenne" qui doit permettre aux élèves de la classe ouvrière de prolonger leurs études. Et éviter aussi une sélection précoce et définitive.
10 ans après, où en est-on? Enseignants, parents, patrons répondent.
Si tout est fait pour permettre l'accès aux études à un plus grand nombre, comme bourses ou gratuité, classe de rattrapage, études surveillées, une sélection reste... la sélection sociale. Le milieu familial est déterminant: tremplin ou handicap. Que l'écolier vienne d'un milieu ouvrier ou universitaire, il n'a pas les mêmes chances. De nombreuses aptitudes sont acquises en marge de l'école: langage, expression verbale. Les jeux sont faits avant même d'intégrer le cursus scolaire, dès le plus jeune âge.
Pour ce reportage, le journaliste Gérald Mury a rencontré André Chavanne, père de la réforme du système éducatif genevois. Aux yeux de celui-ci, l'"école n'est pas simplement, n'est pas surtout, n'est pas du tout surtout, l'école faite pour préparer à l'entrée dans un métier, elle est faite pour donner à un apprenti le développement de sa personnalité, de ce qu'il est". André Chavanne s'insurge ainsi contre les milieux professionnels qui souhaitent que les futurs apprentis ne perdent pas de temps sur les bancs d'école ou qui considèrent le cycle d'orientation comme une école pré-professionnelle.
André Chavanne est né en 1916. Après avoir décroché une licence en mathématiques, il enseigne à l'Ecole supérieure technique et aux Cours industriels du soir.
Il préside le parti socialiste genevois de 1957 à 1961, date à laquelle il entre au conseil d'Etat pour y siéger jusqu'en 1984.
Durant dix ans, de 1967 à 1977, il siège au Conseil national. Très populaire, André Chavanne défend la démocratisation des études, marque de manière profonde l'Instruction publique genevoise, notamment par la création du Cycle d'orientation, de l'Ecole de culture générale, du Collège du soir, de l'Université du 3e âge et des cycles à option.
C'est lui qui introduit la mixité dans les classes. Il meurt le 25 septembre 1990. Dans l'hommage qu'il lui rend, le journaliste Michel Perrin écrit: «André Chavanne avait le contact humain facile et généreux, le geste ample, l'élocution précieuse et volubile, l'amitié chaleureuse. (…) On n'oubliera pas sa belle tête ronde, ses yeux pétillant de malice soulignés de poches extraordinaires…» («24 heures»).