Rude campagne
- Economie et Transport
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15 juillet 1992
TJ midi
Rude campagne sur l'entrée de la Suisse dans l'Espace Economique Européen dont le ton se durcit au fil des semaines. En juillet 1992, le parti socialiste et les syndicats n'hésitent pas à dénoncer les salaires de l'entreprise de Christophe Blocher, EMS-Chemie. Ils sont près de 30 % inférieurs à ceux d'autres entreprises dans la branche. Comment croire alors Christoph Blocher qui se présente comme le défenseur des salariés en Suisse, menacés selon lui par les accords de l'EEE?
La votation du 6 décembre 1992 pour l'entrée de la Suisse dans l'Espace Economique Européen est refusée par une faible majorité de la population (50,3%) et par les cantons. Tous les cantons alémaniques, à l'exception de Bâle, ainsi que le Tessin se retrouvent dans le camp du non. La participation exceptionnelle s'est élevée à 78,3%.
Le Conseil fédéral, le Parlement, les principales organisations économiques et sociales du pays ainsi que la presse sont désavoués. La politique de la Confédération envers l'Union européenne doit être revue. La demande d'adhésion de la Suisse à l'Europe, déposée le 25 mai 1992, est «gelée» tandis que notre pays choisit de privilégier les accords bilatéraux.
La division entre les régions linguistiques apparaît nettement lors de cette votation. Il en va de même pour l'opposition entre villes, pro-européennes, et campagne. C'est un courant nationaliste et isolationniste, entraîné par le zurichois Christoph Blocher, qui prend le pas sur la volonté d'ouverture prônée par les instances politiques et économiques du pays.
Les deux conseillers fédéraux romands, le radical Jean-Pascal Delamuraz, chef du département de l'Economie, et le socialiste René Felber, chef du Département des Affaires étrangères, se sont fortement impliqués dans la campagne et ont pesé sur la politique européenne du gouvernement.
Christoph Blocher est né le 11 octobre 1940 à Schaffhouse. Il a d'abord fait un apprentissage dans l'agriculture, avant de commencer des études universitaires à Zurich, Montpellier et Paris. En 1969, il obtient une licence en droit. Il est engagé dans la division juridique d'EMS-Chemie, dont il deviendra l'actionnaire majoritaire.
Durant ses études, Christoph Blocher s'engage politiquement. A l'Université de Zurich, il est l'un des fondateurs du groupe d'étudiants de droite «Studentenring». Par la suite, il a été conseiller communal de Meilen et conseiller cantonal de Zurich. En outre, il est président de l'UDC zurichoise et de l'ASIN (Action pour une Suisse indépendante et neutre). De 1979 à 2003, il a siégé au Conseil national. Son ascension politique commence avec sa victoire lors du refus populaire de l'adhésion de la Suisse à l'Espace Economique Européen (EEE) le 6 décembre 1992.
Elu le 10 décembre 2003 pour représenter l'Union démocratique du centre (UDC) au Conseil fédéral, il dirige le Département fédéral de justice et police dès le 1er janvier 2004. Il n'est pas réélu au Conseil fédéral le 12 décembre 2007.
Christoph Blocher est vice-président de l'UDC Suisse depuis le 1er mars 2008. Il se lance à nouveau dans la course pour les élections fédérales de 2011, en briguant à la fois un siège au Conseil national et au Conseil des Etats. Il échoue à la Chambre haute mais est réélu au Conseil national.