A Sabra et Chatila

Béchir Gemayel
  • Guerres et conflits
  • Vidéo 2 min.

20 septembre 1982

TJ midi

Durant deux jours et trois nuits, du 16 au 17 septembre 1982, entre 1500 et 5000 civils palestiniens sont assassinés dans les camps de Sabra et Chatila, au sud de Beyrouth, par les milices chrétiennes libanaises, avec l'aval de l'armée israélienne et d'Ariel Sharon, alors ministre israélien de la Défense.

Pierre-Pascal Rossi est parmi les premiers à entrer dans les camps. Bouleversé par ce qu'il découvre, il tente de comprendre les raisons de cette tuerie.


Fin août 1982, au terme d'un siège de trois mois par l'armée israélienne, les combattants palestiniens qui se sont réfugiés au Liban quittent le pays, sous la protection d'une Force d'Interposition multinationale. Les camps palestiniens ont été désarmés et, depuis le 23 août, la République libanaise s'est dotée d'un nouveau président, Béchir Gemayel, issu de la droite chrétienne et favorable à Israël. Le 14 septembre, il est victime d'un attentat meurtrier. A l'aube du 15 septembre, l'armée israélienne entre à Beyrouth. Le lendemain, des soldats portant les uniformes de diverses milices chrétiennes libanaises pénètrent à l'intérieur des camps palestiniens, avec l'aval des forces israéliennes, à la recherche des derniers combattants de l'OLP.

Durant deux jours et trois nuits, surexcités par la mort de Béchir Gemayel, les milices chrétiennes vont se livrer à un massacre à Sabra et Chatila qui n'épargnera personne. Le nombre de victimes oscille entre 1500 et 5000. Les soldats israéliens, stationnés aux portes des camps, n'ont pas réagi. Une commission d'enquête israélienne rejettera, six mois plus tard, la responsabilité indirecte sur l'ensemble de la chaîne de commandement israélienne, en particulier du ministre de la Défense, Ariel Sharon, futur Premier ministre.

L'écrivain Jean Genet, qui se trouve à Beyrouth, entre dans le camp de Chatila le 19 septembre, par l'entremise de Layla Shahid qui l'héberge. Il y arpente seul durant quatre heures, sous un soleil de plomb, les ruelles étroites, enjambant «les morts comme on franchit des gouffres.» De retour à Paris, il rédige un long article, intitulé «Quatre heures à Chatila» qui paraîtra le 1er janvier 1983 dans la Revue d'études palestiniennes. Ce texte figure en bonne place dans L'ennemi déclaré, recueil d'articles et d'interviews de Jean Genet paru aux éditions Gallimard.