Stop à l'école sexiste
- Enjeux de société
- Vidéo 5 min.
28 août 1980
Un jour d'été
Ce mois d'août 1980, l'équipe du journal régional Un Jour d'été ne peut faire l'impasse sur l'ouverture, à Bienne, du procès de sept étudiantes qui demandent tout simplement l'abolition des cours ménagers obligatoires.
En vertu d'une loi cantonale datant de 1972, les jeunes Bernoises sont en effet astreintes à suivre un cours d'enseignement ménager obligatoire post-scolaire. Apprenties ou gymnasiennes, elles sont tenues de se libérer pour participer aux quelque 180 heures de formation qui leur permettront de diriger leur ménage: car c'est bien le droit et le devoir que leur impose le Code civil suisse.
Sur le campus, le débat est ouvert et les réactions des étudiantes et des professeurs sont très partagées sur cette revendication pour une école moins sexiste et discriminatoire vis-à-vis des femmes.
Le commentaire de ce sujet a sans doute été fait en direct et en cabine.
En Suisse, le droit des femmes a connu deux grandes étapes constitutionnelles avec la votation populaire du 7 février 1971 sur le droit de vote accordé aux femmes et la votation du 14 juin 1981 qui a vu le principe de l'égalité des droits entre femmes et hommes inscrit dans la constitution suisse.
Ces avancées s’expliquent en partie par le contexte de l’époque. En effet, fin des années 1960, une nouvelle vague militante féministe émerge aux États-Unis et en Europe de l'Ouest au sein de l’espace politique ouvert par le mouvement étudiant de mai 68. Le Mouvement de libération des femmes (MLF) en France et le Women's Lib dans les pays anglo-saxons désignent ce mouvement au périmètre fluctuant. La période est marquée par une intense activité de théorisation de la condition féminine.
Une des lignes de pensée est constructionniste et elle approfondit la voie esquissée par Simone de Beauvoir avec Le Deuxième Sexe . Elle étudie les modalités de la construction sociale de la différence des sexes, c'est-à-dire la manière par laquelle la socialisation impose des rôles sociaux différents aux personnes des deux sexes. Le terme de sexisme se répand.