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En Suisse, 90% des déchets plastiques vont à la poubelle

Le recyclage du plastique. [Depositphotos - Peryn]
90% des déchets plastiques en Suisse vont directement à la poubelle / On en parle / 10 min. / le 28 novembre 2024
La collecte de déchets plastiques peine à décoller en terres helvétiques, où seuls 10% des déchets plastiques sont collectés séparément et 6% sont recyclés, selon les chiffres de l’Association suisse des recycleurs de plastique. Un nouvel acteur, Recypac, espère harmoniser les systèmes de collecte au niveau national courant 2025.

La Suisse, qu'on dit volontiers championne du recyclage, est à la traîne au niveau des plastiques. Seuls 6% du total des déchets plastiques sont recyclés selon l'Association suisse des recycleurs de plastique, parmi lesquels une majorité de bouteilles en PET. Un recyclage qui se fait le plus souvent à l'étranger.

Plusieurs explications

Ce faible pourcentage s'explique de plusieurs manières. Premièrement, le système d'incinération avec valorisation thermique helvétique est efficace. Les plastiques incinérés servent donc à chauffer des logements, ce qui explique en partie pourquoi la Suisse investit moins dans leur recyclage, car cette fin de vie pour les déchets plastiques est plus vertueuse que s'ils étaient simplement déposés dans des décharges.

De plus, selon les cantons et les communes, les types de plastiques collectés et les lieux de dépôt diffèrent. Difficile de s'y retrouver pour les consommateurs et consommatrices, peu incités à recycler cette matière.

Enfin, la Suisse est un pays qui aime "aller lentement et observer d'abord ses voisins", estime Thalia Goldman, collaboratrice de la Coopérative romande de sensibilisation à la gestion des déchets (COSEDEC). Les infrastructures nécessaires au recyclage y sont coûteuses à installer, au vu du petit marché que représente le territoire suisse.

>> À écouter également: le guichet d'On en parle "collecte et recyclage" :

Le tri des déchets. [Depositphotos - Olegkalina]Depositphotos - Olegkalina
Guichet: collecte et recyclage / On en parle / 52 min. / le 28 novembre 2024

Un nouvel acteur sur le marché

Jusqu'à présent, les acteurs du recyclage ont déployé 8 systèmes de collecte distincts, principalement en Suisse alémanique. Un neuvième acteur vient d'apparaître sur le marché, Recypac. Cette association regroupe des producteurs d'emballages, des grandes entreprises comme Nestlé, Emmi, L'Oréal, ainsi que des grands distributeurs, quelques recycleurs de plastiques et des représentants des pouvoirs publics.

Interrogée dans l’émission On en parle du 28 novembre 2024, Odile Inauen, directrice de Recypac, explique que "l'objectif de Recypac est de mettre en place une collecte harmonisée pour toute la Suisse pour les emballages plastiques et les briques à boisson. Nous souhaitons atteindre les objectifs fixés par l'Union européenne, c'est-à-dire un taux de recyclage de 55% pour les emballages plastiques et 70% pour les briques à boisson d'ici 2030. Le calendrier dépend des concessions accordées par les communes, qui ont encore le monopole pour la gestion des déchets."

Un accord à trouver

Recypac a développé un sac de collecte avec un tarif maximal: 1 franc pour un sac de 17 litres, 1.60 pour un sac de 35 litres, 2.40 pour un sac de 60 litres et 4 francs- pour un sac de 110 litres. Les prix se veulent inférieurs à la moyenne des sacs taxés d'ordures ménagères. Les sacs seront disponibles dans les commerces de détail et pourront être ramenés dans ces commerces, à la déchetterie ou dans d'autres points de collecte selon les communes.

L'organisation communique que quelques communes – sans plus de précisions – ont répondu favorablement à sa demande et que la collecte pourra y commencer dès janvier 2025. Difficile de s'imposer face aux 8 autres acteurs du marché, notamment l'Association suisse des recycleurs de plastique. Celle-ci regroupe les principaux acteurs du domaine, tandis que Recypac est soutenue par les producteurs de plastique et les distributeurs. Recypac assure cependant qu'une discussion est en cours.

>> Regarder aussi le sujet du 19h30 sur les difficiles négociations à Busan, en Corée du Sud, pour limiter la production mondiale de plastique :

Les négociations progressent difficilement à Busan en Corée du Sud pour limiter la production mondiale de plastique
Les négociations progressent difficilement à Busan en Corée du Sud pour limiter la production mondiale de plastique / 19h30 / 1 min. / le 28 novembre 2024

Sujet radio: Aline Bachofner et Delphine Sage

Adaptation web: Myriam Semaani

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Que devient mon pot de yogourt dans un sac de collecte?

Il existe déjà des systèmes de collecte de plastique dans certaines communes et des sacs de collecte sont disponibles chez certains distributeurs. On en parle a suivi l'itinéraire d'un pot de yogourt[AB1]  à bord d'un camion de collecte à destination d'Eschlikon, en Thurgovie. C'est là que se trouve l'une des rares usines de recyclage de plastique non PET de Suisse, InnoPlastics. Cette entreprise familiale a mis sur pied un système de collecte baptisé "Sammelsack" pour alimenter son usine de recyclage.

"Nous collecterons entre 8000 et 8500 tonnes de déchets plastiques en 2024", explique Fabian Kraft, responsable des ventes. Emballages Tetrapaks, barquettes de fruits ou pots de yogourt sont autant de déchets ménagers traités par l'entreprise.

Le pot de yogourt ne sera cependant pas recyclé par InnoPlastics, mais par l'un de ses partenaires à l'étranger. D'autres produits comme des flacons de shampoing seront cependant recyclés à l'interne. Le plastique est liquéfié grâce à la chaleur avant d’être transformé en granulat. Ces petites billes noires seront ensuite envoyées chez les clients de l'entreprise. Elles deviendront des tubes de chantier ou des produits à usage non-alimentaire comme des pots de fleur et des meubles de jardin.

Chaque entreprise se spécialise dans le recyclage de quelques types de plastiques – Et InnoPlastics ne recycle pas le polystyrène qui compose les pots de yogourt, plastique recyclé par quelques rares usines en Europe et qui finit, en Suisse, le plus souvent à l’incinération. De quoi réfléchir: les Helvètes jettent environ 900 millions de pots de 150 grammes par an.