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Vetropack: un village verre de rage

Les syndicats et les employés de Vetropack, en assemblée du personnel à Saint-Prex (VD). [RTS - Tristan Miquel]
Les syndicats et les employés de Vetropack, en assemblée du personnel à Saint-Prex (VD). - [RTS - Tristan Miquel]
Le groupe Vetropack menace de fermer la dernière verrerie de Suisse, à Saint-Prex (VD). Avec les syndicats, les employés de l'usine ont remis à la direction un plan pour tenter de sauver ce site historique et profondément ancré dans le tissu local. Le magazine 15 Minutes les a suivis dans cette semaine capitale.

"Mon père aurait préféré ne plus être là plutôt que de vivre ça", se désole Stéphane Porzi, le syndic de la commune. "Il a fait toute sa vie dans la verrerie, mon grand-père maternel aussi, je ne peux pas rester neutre", avant d'ajouter : "j'aime bien me définir comme un enfant de la verrerie de Saint-Prex".

De son côté, Corinne Meier a travaillé 34 ans chez Vetropack. Elle aura suivi en quelque sorte son père, Bernard Gribi, qui raconte : "ma maison est juste à côté, ça veut dire que pendant 28 ans je n'ai eu que cinq minutes à marcher entre mon domicile et mon travail". Car, dans la petite commune vaudoise, la production et le recyclage du verre traversent les générations. Fondée en 1911, la verrerie est intimement liée à l'histoire du bourg: salle communale, église, clubs de sport... Saint-Prex et le verre ne font qu'un.

>> Ecouter le reportage de 15 Minutes :

L'assemblée du personnel de Vetropack, à Saint-Prex (VD). [RTS - Tristan Miquel]RTS - Tristan Miquel
Vetropack: un village verre de rage / 15 minutes / 15 min. / le 3 mai 2024

Un plan pour sauver l'usine ?

Aujourd'hui, Corinne Meier s'est engagée aux côtés des syndicats Unia et Syna, ainsi que des salariés, pour représenter le personnel dans une négociation complexe avec le conseil d'administration de Vetropack. L'objectif : tenter de sauver le site de Saint-Prex, jugé trop vétuste et pas assez rentable pour le groupe. La menace pèse sur les 180 postes de travail de l'usine. L'assemblée du personnel propose un plan qui mise notamment sur l'innovation pour réaliser des économies d'énergie et limiter l'impact sur l'environnement.

> Lire aussi : Personnel, syndicats et députés ne lâchent rien pour éviter la fermeture de Vetropack à St-Prex

La quasi totalité de la classe politique vaudoise soutient le sauvetage de la verrerie, avec mardi encore, trois textes déposés au Grand Conseil. Une task force a également été créée, elle réunit l'Etat de Vaud et la direction de Vetropack.

"Au niveau communal, on ne peut plus rien faire. C'est au niveau fédéral que ça se joue", ajoute Stéphane Porzi, le syndic de Saint-Prex : "je pose la question au Conseil fédéral : 'est-ce que la Suisse peut se passer d'une fabrique de verre ?'".

La crainte d'une fermeture... et d'un déclassement

Nicole Vassalli, responsable du secteur industries pour Unia Vaud, estime que la proposition remise au groupe Vetropack doit permettre de revenir sur cette décision. Mais elle se projette aussi au-delà, et craint un risque de "spéculation immobilière" en cas de fermeture et de déclassement du site : "on sait très bien qu'un terrain à côté de la gare serait très intéressant pour l'immobilier, et c'est souvent ce qui arrive lorsqu'une entreprise ferme ses portes".

Les salariés de Vetropack et les syndicats au défilé du 1er mai. [RTS - Cédric Guigon]
Les salariés de Vetropack et les syndicats au défilé du 1er mai, dans les rues de Lausanne. [RTS - Cédric Guigon]

"Ce n'est pas la volonté de la municipalité. On ne veut pas passer de 6000 à 10'000 habitants", répond le syndic Stéphane Porzi, à la question d'éventuels gains fiscaux pour la commune. "On veut à tout prix préserver ces 180 emplois, c'est notre ADN, la verrerie".

La procédure de consultation a pris fin le mardi 30 avril et le projet a été remis au conseil d'administration de Vetropack, qui doit maintenant l'évaluer. Les syndicats attendent une réponse d'ici la mi-mai. Sollicitée, la direction de Vetropack indique à la RTS qu'elle communiquera sa décision à ce moment-là.

Tristan Miquel, Cédric Guigon

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