Carnet 6 - Bencic écrit une belle histoire, Alcaraz peut frapper très fort, Djokovic augmente le rythme et un marathonien espagnol fait des siennes

ET DE 3 POUR BELINDA Belinda Bencic disputera donc le troisième 8e de finale de sa carrière à l'Open d'Australie. La Saint-Galloise a certes bénéficié de l'abandon de Naomi Osaka pour se qualifier, mais elle a bien entendu eu le mérite d'afficher suffisamment de caractère pour aller chercher cette qualification, en regardant la Japonaise droit dans les yeux. On a pourtant cru, à un moment, que ce serait "Belinda fait pschitt", mais après avoir été menée 3-1 puis 5-2, la championne olympique s'est mise à servir plus intelligemment (sur le corps) et à beaucoup mieux bouger. Ce qui a semé le doute dans l'esprit de son adversaire, habile sur sa mise en jeu (8 aces) mais pas au mieux physiquement. Le fait d'avoir vu la Suissesse s'accrocher puis retourner la manche a poussé l'ancienne no1 WTA à mettre la flèche. C'est kikiest en 2e semaine? C'est Beli!

LE DEFI AMERICAIN Dimanche c'est un défi américain qui attendra Belinda Bencic. Rien d'aisé pour la jeune maman, puisque Coco Gauff se dressera sur sa route, avec la ferme intention de l'empêcher de découvrir pour la première fois de sa carrière les quarts de finale australiens. Facile devant Leylah Fernandez, la tête de série 3, demi-finaliste l'an dernier, aspire à ajouter un titre majeur à celui cueilli en septembre 2023 à New York. Dans l'histoire, on recense 2 affrontements entre la Saint-Galloise et la fille d'Atlanta. La première a remporté celui de 2021 à Adelaïde, la seconde a enlevé celui de 2023 à Washington. A Bencic d'éviter, dimanche, de subir la loi de Coco.

BADOSA, TSITSIPAS ET LE VENT Bousculée par Marta Kostyuk, Paula Badosa a parfois serré le poing, râlé à d'autres moments, puis a aussi fini par pester contre les conditions. Assise sur sa chaise à un changement de côté, l'Espagnole a expliqué par des gestes à son compagnon Stefanos Tsitsipas que jouer dans ce vent était compliqué, pour ne pas dire impossible. Devant le Grec qui l'enjoignait à se calmer, la no12 WTA lui a tendu sa raquette, comme pour dire "Viens donc jouer à ma place, et tu verras!" Un délicieux échange qui a fait rire jaune le finaliste 2023. On n'ose se demander ce qui lui arrive lorsqu'il rentre en retard à la maison... Et avant d'aller raconter qu'elle parlait en réalité à son coach - on peine à la croire - Badosa a fini par régler le cas de l'Ukrainienne. L'Ibère en découdra dimanche avec Olga Danilovic (WTA 55), qui a créé la surprise en dominant Jessica Pegula (WTA 6).

ALCARAZ ET LE GROS "TRUC" Cela n'a pas vraiment fait partie des discussions d'avant-tournoi, mais Carlos Alcaraz pourrait réaliser un "truc" incroyable s'il venait à aller au bout de cette quinzaine: compléter - déjà - sa collection de titres du Grand Chelem, à seulement 21 ans et 8 mois. Oui, ce serait dingue que celui qui a déjà 1 US Open, 1 Roland-Garros et 2 Wimbledon à son actif possède tout ce qu'il faut dans son armoire d'ici la fin du mois! En attendant, l'intéressé n'a pas été impressionnant contre Nuno Borges (6-2 6-4 6-7 6-2), mais il s'est montré suffisamment réaliste. Comme par exemple en fin de 2e set. A 4-4 30-30, il serre le jeu et envoie un coup droit gagnant pour faire le break. Puis à 5-4, 15-30, il aligne service gagnant, amortie délicieuse et ace pour gober la 2e manche. Ce qui explique son palmarès.

DJOKOVIC AUGMENTE LA CADENCE Sans surprise, et peut-être pour répondre à ceux qui ne l'avaient pas trouvé très tranchant lors de ses 2 premières sorties, Novak Djokovic a passé la vitesse supérieure lors de son 16e de finale devant Tomas Machac, livrant tout simplement sa meilleure performance de l'année. "Nole" avait à coeur de prendre sa revanche sur le Tchèque, qui avait eu l'outrecuidance de le battre en mai dernier à Genève, sous le regard de sa famille. 6-1 6-4 6-4; tel a été le tarif. Une prestation qui a séduit loin à la ronde, puisqu'à un spectateur lui criant son amour, Djokovic a répondu avoir déjà une femme, mais "qu'on peut aller boire un verre ensemble, même si tu en as vraisemblablement déjà consommé quelques-uns..." Le Serbe devrait pouvoir encore lever le coude après son prochain tour contre Jiri Lehecka.

DAVIDOVICH AU-DELA DE LA DOULEUR Sacré phénomène tout de même que cet Alejandro Davidovich Fokina, que l'on sait très inconstant. Dans cette quinzaine, l'Espagnol ne ménage pas ses efforts. Songez que pour la deuxième fois de rang, il a retourné un handicap de deux manches à rien pour finir par s'imposer au 5e set. Cela avait été le cas mercredi contre Félix Auger-Aliassime (6-7 6-7 6-4 6-1 6-3), cela l'a encore été aujourd'hui devant Jakub Mensik (3-6 4-6 7-6 6-4 6-2). "Je ne sais pas, je crois que j'aime bien être mené 2-0 et entamer une remontée", a plaisanté le joueur de bientôt 26 ans, qui ne s'était jamais hissé en 8es de finale à Melbourne. Et face à l'intervieweur lui rappelant qu'il a cette fois-ci écarté 2 balles de match, l'actuel 66e mondial a écarquillé les yeux: "Vraiment? Vous êtes sûr?" Trop concentré, "ADF" ne l'avait même pas remarqué.

TIENS, TIEN... Il a de l'humour, Learner Tien, tombeur de Daniil Medvedev jeudi au bout du super tie-break. Evoquant sa fin de 4e set manquée contre le Russe, l'Américain aux origines vietnamiennes a dit: "En réalité, j'avais trop besoin d'aller faire pipi, donc j'avais juste envie que ça se termine le plus vite possible". Auteur d'un bond de 331 places au classement ATP l'an dernier, l'actuel 121e mondial est sorti de l'ombre sur les bords de la Yarra. Son accession au 3e tour est déjà une immense performance et il pourra s'en satisfaire, même s'il ne s'offre pas une semaine supplémentaire en Australie. Un Tien vaut mieux que deux tu l'auras.

ZVEREV ENCHAÎNE Un petit mot enfin sur Alexander Zverev, qui "fume la pipe" dans cette quinzaine, comme en témoigne son succès 6-3 6-4 6-4 devant Jacob Fearnley. L'Allemand n'a pas lâché une manche en 3 matches. Alors effectivement, il n'a pas affronté de grands joueurs jusque-là, mais Ugo Humbert, son adversaire en 8e de finale, devra se montrer très solide devant le grand blond, qui apparaît très en jambes.

Arnaud Cerutti