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Les pôles en état d'urgence

Tara est en avance de plus de six mois sur les premières prévisions
Tara, prise dans les glaces polaires
La banquise et les icebergs vont-ils disparaître ? Le passage du Nord-Ouest va-t-il définitivement s'ouvrir, modifiant des stratégies géopolitiques, aiguisant des appétits commerciaux ? Que vont devenir les Inuits qui vivent, aux premières loges, le réchauffement climatique ?


Ces interrogations trouveront peut-être des esquisses de réponses après cette année 2007, estampillée année polaire internationale. Officiellement lancée en mars, elle se terminera fin 2008. Quatrième du nom, elle est saluée par toute la communauté scientifique avec 60 pays impliqués et 210 expéditions déjà programmées. Car c'est bien aux Pôles que se lit l'avenir de notre planète ! Et cela pour une raison simple : le Pôle sud et le Pôle nord sont les régions les plus sensibles aux changements climatiques. C'est là que se manifestent les prémices des bouleversements qui nous attendent. Au Sud comme au Nord, ils sont le baromètre de la santé de notre planète.

La banquise fond...


Est-ce inexorable ? Un constat, elle fond à très grande vitesse. En cause, le réchauffement climatique,. La banquise pourrait bien, affirment les scientifiques, disparaître plusieurs mois par an en été d'ici 2030. Sa surface, entre 7 et 15 millions de km2, s'est déjà réduite d'environ 8%, et son épaisseur de 40%. Autre constat, l'accélération du phénomène est plus rapide que prévu, car depuis 50 ans, la température moyenne annuelle de l'Alaska et la Sibérie a augmenté de 2 degrés pour s'établir à - 14,7. Problème, la banquise agit comme un gigantesque miroir qui réfléchit la chaleur qu'elle reçoit. Une fois que la banquise a fondu, la surface noire de l'océan, au contraire, va absorber cette chaleur, aggravant l'effet de serre ! Cet effet est connu sous le nom d'effet Albedo. Il comporte d'autres conséquences, un risque important pour la bio-diversité de l'Arctique.


Face à ce scénario catastrophe, certains Etats, la Russie ou le Canada, entrevoient pourtant des retombées économiques positives: c'est l'ouverture plusieurs mois par an du passage Nord-Ouest, réduisant de 6'000 à 8'000 kilomètres la route entre l'Europe et le Japon. D'autres appétits, plus géostratégiques, s'aiguisent avec l'apparition de ressources minières et pétrolières jusque-là enserrées par les glaces.

... et les pôles sont pollués !



On imagine les Pôles comme de grandes étendues blanches à la pureté immaculée. Erreur, les scientifiques ont réalisé que les toutes les émissions polluantes se retrouvaient aux pôles. Les mesures effectuées révèlent parfois des taux de pollution que l'on retrouve dans nos métropoles saturées de CO2 ! Les métaux lourds se retrouvent également dans l'alimentation de l'ours polaire, menacé de disparition. Et on a détecté, dans la graisse des manchots, du DDT, un insecticide interdit 20 ans auparavant. Comment ? Via la chaîne alimentaire et via l'atmosphère qui disperse les molécules en suspension sur toute la planète !


L'année polaire internationale, estime le glaciologue Bernard LeFauconnier, pourrait être l'occasion de signer un traité pour protéger l'Arctique, comme ce fut le cas pour l'Antarctique lors de la 3ème


année polaire internationale en 1957.

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